Je suis un écrivain de ma vie, je ne sais rien écrire d’autres que ma vie. Mes livres sont des autofictions qui racontent donc l’histoire de l’immigration vue par ma petite lorgnette. J’écris l’immigration, l’errance, les tourments de l’exil, les déchirements identitaires. J’écris la cité, les discriminations, les damnés de la terre. J’écris car je fais partie de cette population qu’on dit française mais qui n’existe pas dans les livres d’histoires, j’écris pour réhabiliter mes ancêtres, ceux notamment qui ont combattu pour la France mais dont on trouve nulle trace sur les stèles des grandes villes ou des plus petits hameaux. J’écris notre invisibilité, le déni, la suspicion à notre endroit, le crime de nos origines, nos religions, la couleur de la peau. J’écris ces gens, ces réprouvés niés par leur pays d’origine, exclus par les terres d’accueil. J’écris pour que nous ne soyons plus les bouc émissaires d’une société infectée de toutes les crises. J’écris pour un projet universel, une société métisse, multiculturelle dit-on. J’écris pour effacer les préjugés, les doutes, les caricatures dont font l’objet les musulmans, j’écris pour dire que je suis amoureux de la France, fier de deux millénaires gorgées d’histoires, de découvertes, d’innovation, pour la plus belle phrase qui soit, les hommes naissent libres et égaux en droits. Je viens donc vous parler de moi et je serais en compagnie de Samir Laroche, jury du tremplin musical car si je suis écrivain aujourd’hui j’ai d’abord été le chanteur du groupe Zebda.