Les Nouveaux Nouveaux Actes Sémiotiques
présentation

Eric Landowski

Les Actes Sémiotiques entament une phase nouvelle de leur existence.
Née en 1977 sous la forme d’un modeste bulletin de liaison entre les participants au séminaire de Greimas, la publication prend bientôt le titre d’Actes Sémiotiques (Bulletin et Documents) et diffuse jusqu’en 1987 les travaux du Groupe de Recherches Sémio-linguistiques. Puis ce seront les Nouveaux Actes Sémiotiques, édités par les PULIM, dont 109 numéros sont parus entre 1989 et 2006. Le présent numéro (110, 2007) ouvre une troisième phase marquée par la volonté d’intéresser un public élargi, dépassant le cercle des sémioticiens. Moyens informatiques aidant, la formule se renouvelle.  L’édition sur papier privilégiait le produit fini, l’« œuvre ». La communication en ligne favorise davantage le dossier à caractère ouvert, c’est-à-dire une forme d’échanges plus participative en même temps que plus modeste.
Mettre en valeur ce par quoi la sémiotique, regard à la fois critique et impliqué face à la réalité des discours, des objets et des pratiques, peut aujourd’hui se rendre utile à d’autres que ses propres promoteurs, cela ne paraît pas un objectif hors d’atteinte pour cette nouvelle mouture des Actes.

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Texte intégral

Les Actes Sémiotiques se mettent au goût du jour et entament à partir de 2007 une phase nouvelle de leur existence.
La phase initiale fut celle du « Bulletin ».  Conçu par Anne Hénault comme organe de liaison entre participants du séminaire de Greimas, c’était un petit cahier de seize pages aussi peu conforme que possible aux normes de publication académique, et peut-être pour cette raison même plein d’idées et débordant d’enthousiasme.  Le premier numéro porte la date du 4e trimestre 1977.  Voilà donc trente ans que cette publication vit, et que pour vivre elle se transforme.
Au fil du temps, elle a déjà connu deux avatars durables. D’abord, tandis que le Bulletin s’étoffait et servait de forum de discussion (de l’actant collectif aux passions, de la figurativité à la stratégie, par exemple), une série parallèle de Documents fit son apparition en 1979.  A raison de dix livraisons par an, ils ont assuré jusqu’à la fin 1987 la diffusion rapide de textes théoriques et d’analyses en cours. C’est là que les pionniers — Jean-Marie Floch, Françoise Bastide, Jacques Geninasca, Manar Hammad, Joseph Courtés entre autres — dessinèrent les premiers linéaments d’une sémiotique de l’image, de l’espace, du texte littéraire ou de l’ethno-littérature. Le tout, placé sous le titre commun d’Actes Sémiotiques et coordonné par Eric Landowski sous la direction de Greimas, illustre la vitalité intellectuelle du Groupe de recherches sémio-linguistiques durant toute une décennie. Diffusés dès cette époque pour moitié à l’étranger, les Actes contribuent alors, de façon décisive, à l’implantation de la discipline aux quatre coins du monde.
Mais le départ à la retraite de Greimas remet en cause cette belle entreprise. Au point que, ne pouvant plus être prise en charge par le CNRS, la publication ne paraîtra pas du tout en 1988.
Grâce à l’entremise de Jacques Fontanille, elle est reprise, dès l’année suivante, sous une autre forme, par les PULIM. Naissent ainsi les Nouveaux Actes Sémiotiques, prolongement des Documents. Gérée à partir de cette date par le duo Fontanille-Landowski, la publication s’efforce de refléter la diversité des orientations théoriques qui marque l’« après-Greimas » tout en cherchant à maintenir l’équilibre entre les deux principaux courants qu’on voit peu à peu se dégager : sémiotique tensive d’un côté, socio-sémiotique de l’autre. Témoins de ce dialogue en même temps que de l’intérêt porté par les sémioticiens pour de nouveaux terrains d’exploration incluant en premier lieu le champ des pratiques et de l’expérience sensible, 109 numéros sont parus à ce jour.
Le présent numéro — 110 — ouvre une troisième phase de développement, caractérisée par une volonté d’ouverture encore accrue. Animés par une nouvelle équipe centrée autour d’Anne Beyaert, les nouveaux Nouveaux Actes chercheront à intéresser un public élargi, dépassant le cercle des sémioticiens, tant en France qu’à l’étranger.  Pour cela, moyens informatiques aidant, la formule se renouvelle. L’édition sur papier priviligiait le produit fini, l’« œuvre ». La communication en ligne favorise davantage le dossier à caractère ouvert, en construction, c’est-à-dire une forme d’échanges plus participative en même temps que plus modeste.
Greimas aurait aimé que la sémiotique joue le rôle d’une discipline ancillaire par rapport aux autres sciences sociales. Programme sans doute utopique ! En revanche, mettre en valeur ce par quoi la sémiotique — regard à la fois critique et impliqué face à la réalité des discours, des objets et des pratiques — peut aujourd’hui se rendre concrètement utile à d’autres que ses propres promoteurs, cela ne paraît pas un objectif hors d’atteinte pour cette nouvelle mouture des Actes.

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