Présentation
Les six études qui suivent élargissent la perspective adoptée il y a un an pour la publication d’un premier hommage à Claude Zilberberg quelques mois à peine après sa mort. Le présent dossier, sans avoir la prétention de constituer un bilan de son œuvre, apporte néanmoins, nous semble-t-il, une vue d’ensemble qui permettra à la fois d’apprécier la cohérence, l’originalité et la richesse des positions de notre ami disparu, et d’en mesurer la portée dans leur contexte, c’est-à-dire principalement en relation avec les grandes options théoriques de Greimas.
Les contributions de Norma Discini, Óscar Quezada et Luiz Tatit exposent, sous trois angles légèrement différents, les principes généraux de la sémiotique tensive, présentent l’appareil conceptuel mis en place par son fondateur, en analysent les constantes et en expliquent les transformations au fil des années. Elles en montrent aussi la fécondité en tant qu’instrument d’analyse en l’appliquant, respectivement, aux domaines de la littérature et de la musique, ainsi qu’à l’art du dessin humoristique, ce qui n’aurait sans doute pas manqué de surprendre Zilberberg, et de le réjouir.
Dans les trois interventions suivantes, la visée didactique cède le pas à un regard plus distancié, à la fois complice et amicalement critique. Leur ton rappelle l’atmosphère de discussion constructive qui animait le « club des égaux », comme Greimas appelait l’équipe de collaborateurs rassemblés autour de lui dans les années 1970-80. La parution à rythme régulier des travaux de Zilberberg manquait rarement d’y provoquer quelque étonnement devant le mélange de constance et d’inventivité qui caractérisait sa démarche. Herman Parret, Paolo Fabbri et Jacques Fontanille, qui ne cessèrent de dialoguer avec lui tout au long de sa vie de sémioticien, font ici ressortir certains aspects inattendus de son œuvre : ses premiers pas, ses incursions côté jardins et autres terrains sensibles, ses rencontres virtuelles…
Pour finir, comme dans le dossier de l’an passé, nous joignons à cet ensemble un article de Zilberberg lui-même. Ecrit à l’invitation d’Umberto Eco pour sa revue, Versus, c’est un texte inattendu puisqu’il y est question de l’alchimie, et plus précisément de ses « tris et mélanges », disjonctions et conjonctions élévées à la hauteur d’un grand art.
Eric Landowski