Louis Hébert, Introduction à l’analyse des textes littéraires, Paris, Classiques Garnier, 2023

Rim AMIRA

Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis

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Texte intégral

Introduction

L’ouvrage se compose de 748 pages réparties en deux parties. La première partie sert à présenter le projet et les objectifs du livre, ainsi qu’à préciser son public cible, notamment les enseignants de littérature au lycée ou à l’université. Elle offre également un cadre terminologique complet pour situer clairement les différentes notions abordées. L’auteur, spécialisé en systémique, propose une sélection d’approches provenant de diverses disciplines telles que la narratologie, la sémiotique, la sémantique, etc., qui permettent d’analyser les œuvres littéraires. Il offre également des développements supplémentaires en lien avec les sujets abordés dans son ouvrage. La deuxième partie du livre présente un approfondissement des notions d’aspects et d’approches, en proposant des typologies basées sur une variété de paramètres. Louis Hébert examine notamment la nature du texte, les phénomènes linguistiques qui s’y manifestent, les divers contextes de réalisation et de lecture du texte, ainsi que les genres littéraires. L’ouvrage aborde par ailleurs des sujets plus contemporains tels que l’intermédialité et les nouveaux médias, ainsi que les normes et les écarts dans la communication. Il explore aussi les systèmes sémiotiques et propose une réflexion sur les oppositions sémiotiques telles que le carré sémiotique, le templum et le cube sémiotique.

Première partie : aspects, approches, corpus

La première partie de l’ouvrage constitue une présentation terminologique visant à définir des notions clés telles que le corpus, l’approche, l’aspect, la configuration et la proposition. Ces notions seront ensuite approfondies et illustrées dans la deuxième partie. En tout, cinq notions sont introduites.

  • Le corpus est l’objet d’étude : « Un corpus, au sens large, est constitué d’un produit ou plusieurs produits sémiotiques (par exemple, des textes), ou de parties de ces produits, choisis par inclination (corpus d’élection) ou retenus par critères « objectifs » (corpus construit), et qui font l’objet d’une analyse. Au sens restreint, il s’agit d’un produit ou d’un groupe de produits sémiotiques intégraux retenus sur la base de critères objectifs, conscients, explicites, rigoureux, pertinents et respectés pour l’analyse souhaitée. » (p. 11). Louis Hébert établit une classification comprenant six types de corpus : (1) le corpus d’étude, (2) le corpus de référence, (3) le métacorpus, (4) le corpus sur l’aspect, (5) le corpus sur l’approche, le corpus sur la configuration, (6) le corpus sur la proposition. Il soulève également quelques problèmes potentiels liés à cette composante tels que le corpus non homogène ou encore le corpus non représentatif.

  • L’approche correspond à la méthodologie adoptée, pouvant être générale ou spécifique : c’est le « comment ». Une approche est un mélange entre des théories et des méthodes mobilisées dans le cadre d’une application. Selon Hébert, il est possible d’utiliser plusieurs approches dans une analyse et de les combiner, ce qui permet d’obtenir une lecture interdisciplinaire ou pluridisciplinaire. Cela signifie que différentes méthodes et perspectives provenant de disciplines variées peuvent être appliquées à une analyse, afin d’obtenir une compréhension plus approfondie du sujet étudié. Par exemple, dans l’analyse d’une œuvre littéraire, on peut utiliser des approches provenant de la narratologie, de la sociologie, de la psychologie, de la linguistique, etc.

  • En combinant ces différentes approches, l’analyse devient plus riche et complète, car elle permet de prendre en compte différents aspects et dimensions du sujet. Cela permet d’explorer les interactions entre les domaines de la connaissance et de fournir une perspective plus nuancée et globale. Voici quelques exemples d’approches : histoire littéraire, pragmatique, sémiotique, littérature comparée, sémantique, etc. Ces approches sont classées dans des typologies telles que les approches internes et externes, les approches intérieures et extérieures. L’auteur cite également des typologies conceptualisées par des théoriciens comme Compagnon et Jakobson. (p. 25).

  • L’aspect se réfère à l’ensemble des éléments analysés dans un objet d’étude, et il se divise principalement en deux sous-aspects : le fond et la forme. Ces sous-aspects peuvent ensuite être subdivisés en fonction d’autres critères. Lorsqu’il s’agit d’un texte littéraire, celui-ci peut être le lieu où plusieurs aspects coexistent. Le rôle de l’analyste est donc non seulement de les identifier, mais aussi de mettre en évidence les relations significatives entre eux. Voici quelques exemples d’aspects qui peuvent être pris en compte dans l’analyse : l’espace, le genre, la psychologie, le rythme, les motifs récurrents (topos), etc.

  • En examinant ces aspects, l’analyste peut explorer les différentes dimensions de l’œuvre littéraire et dévoiler les multiples significations qui se cachent derrière sa construction. Cela permet de saisir la complexité et la richesse de l’œuvre, ainsi que les liens et les interactions entre ses différents éléments.

  • La « configuration » est un élément particulier qui, associé à l’aspect, forme le « quoi » que l’on souhaite analyser. En effet, la configuration fait référence à la manière dont les différents éléments et aspects se combinent et interagissent dans un objet d’étude. Elle englobe la structure, l’organisation et les relations entre ces éléments, ce qui contribue à déterminer la forme globale et la dynamique de l’objet analysé. Dans le contexte de l’analyse littéraire, la configuration peut se référer à la structure narrative, à la disposition des personnages, aux schémas de répétition ou de variation, aux motifs récurrents, aux transitions, aux niveaux de focalisation, etc. Elle permet d’appréhender l’ensemble des choix artistiques et des configurations stylistiques qui donnent forme à l’œuvre.

  • La proposition, dans le cadre de l’analyse, correspond à l’hypothèse formulée par l’analyste et constitue la problématique initiale qui guidera son parcours. Elle représente la perspective ou le point de vue adopté par l’analyste dans son étude. Elle peut être une question de recherche, une thèse à explorer ou une hypothèse à tester. La proposition donne une direction à l’analyse et influence le choix des aspects, des configurations et des approches mobilisés. La proposition englobe les questions fondamentales posées par l’analyste, les enjeux conceptuels qu’il souhaite aborder, et les objectifs spécifiques qu’il se fixe. Elle est le point de départ qui structure le cheminement de la réflexion et permet de délimiter le cadre de recherche.

Deuxième partie. Aspects et approches : approfondissements

La deuxième partie de cet ouvrage aborde divers aspects et approches de l’analyse littéraire de manière structurée, en se focalisant sur les éléments suivants présentés sous forme de chapitres.

La communication. Le chapitre consacré à la communication présente une approche structurée. Il propose notamment un schéma intitulé « intention, marquage et perception » pour représenter le développement autour de l’intentionnalité et de la perception (voir page 46). En outre, d’autres schémas sont utilisés pour aborder la communication littéraire en mettant l’accent sur différents paramètres. Une typologie des lecteurs est proposée, en distinguant notamment le lecteur empirique, le lecteur construit, le lecteur modèle, etc. De même, une typologie des lectures est développée, englobant des types tels que la lecture naïve, la lecture savante, la lecture linéaire, la lecture de compréhension, la lecture d’interprétation, etc.

Thème méthodes générales. L’auteur définit le thème comme un élément sémantique dans un corpus donné : « considéré comme un tout inanalysé, un thème correspond à un sème (un trait de contenu, de signifié) dont la répétition constitue une isotopie : par exemple le sème /mariage/ répété dans “son mariage ses épousailles nous ravissent tous”. Considéré comme un tout analysé, un thème correspond à un groupe de sèmes corécurrents (répétés ensembles), à une molécule sémique : par exemple pour reprendre mon exemple, /quelqu’un/ + /épouser/ + /quelqu’un/ ou le thème, plutôt original, du /jaune/ + /visqueux/ + /néfaste/ qui se trouve dans un roman de Zola incarné dans divers mets. » (pp. 55, 56.)

Thème selon l’analyse sémique. Ce chapitre explore les conventions symboliques, les parties du signe, les sèmes et les classes sémantiques, ainsi que d’autres concepts liés à l’analyse sémique.

Thème - Topos ou cliché de contenu. Il définit ici les notions de topos et de cliché de contenu, présente une typologie des topoï et explore leur représentation dans les textes littéraires.

Thème - Mythes. Louis Hébert examine le rôle des mythes dans les textes littéraires et parcourt différentes approches de leur analyse.

Action. Ce chapitre aborde les principales approches de l’analyse de l’action dans les textes littéraires, en mettant l’accent sur le récit, la structure de l’histoire et les ressorts de l’action.

Espace. Ici, l’auteur explique les notions d’espace et de temps dans les textes littéraires, ainsi que leurs relations et leurs rôles dans la narration. Des concepts tels que la géocritique, la géopoétique et la géoesthésique nous permettent d’approfondir notre compréhension de la représentation de l’espace dans les textes littéraires. Ils nous offrent des outils analytiques pour étudier la relation entre l’espace physique, l’espace symbolique et l’expérience sensorielle des personnages

Temps. En examinant de manière générale la notion de temps dans les textes littéraires, nous pouvons appréhender sa fonction narrative et son impact sur l’histoire racontée. Les relations temporelles, telles que les flashbacks, les analepses et les prolepses, permettent de construire la chronologie des événements et d’influencer la perception du lecteur. Louis Hébert précise plusieurs relations temporelles telles que la simultanéité et la succession.

Personnage. Ce chapitre présente dans un premier temps une approche générale de l’analyse des personnages dans les textes littéraires, en envisageant leur nature, leurs relations et leurs fonctions. Ensuite, il offre un ensemble d’éléments pertinents permettant d’appuyer l’étude du personnage, en explorant les notions sémiotiques d’actant, d’acteur agoniste et les différents degrés de généralité et de particularité qui caractérisent les personnages. Également, une typologie des relations entre les personnages est exposée, couvrant les catégories des relations iréniques, neutres et polémiques. Cette typologie est présentée de manière schématisée à travers un tableau (voir pp. 152-153).

Dialogue. Cette partie aborde le rôle du dialogue dans les textes littéraires et examine ses aspects liés à la pensée, à la parole et à l’action. L’auteur établit une typologie des paroles qui se fonde sur le théâtre. Il distingue également entre différentes formes de paroles identifiées en fonction de la situation de communication telles que le monologue, le polylogue et l’aparté.

Narration, Histoire et Récit - Narratologie. Ce chapitre explore les fondements de la narration, de l’histoire et du récit, en mettant l’accent sur les niveaux narratifs et le temps du récit notamment à travers les travaux de Gérard Genette.

Visions du monde et représentations. Dans cette réflexion, l’auteur examine les différentes visions du monde présentes dans les textes littéraires et explore les mécanismes de représentation utilisés.

Société - Sociologie de la littérature. Louis Hébert s’intéresse ici aux différentes dimensions de la sociologie de la littérature. Il aborde également la détermination sociale et la représentation du social, ainsi que les classes sociales et les idéologies dans le contexte littéraire. Les relations sociales sont évoquées sous l’angle des catégories iréniques, neutres et polémiques. Les approfondissements incluent une analyse des principales relations entre les sociétés, les différentes dimensions de la société réelle et intériorisée, et la notion de socialité et de médiation.

Société - Études des idéologies. Ce chapitre présente les différentes perspectives sociologiques appliquées à l’étude des idéologies dans la littérature. On y trouve des courants tels que le marxisme, le féminisme, les études de genre, les études queers, les études culturelles, les études sur la race et l’ethnicité, les études postcoloniales, l’écocritique et le posthumanisme. Chacun de ces courants offre des outils conceptuels et méthodologiques pour analyser les idéologies présentes dans les textes littéraires.

Société - Valeurs. Cette réflexion se concentre sur les valeurs dans la littérature, en explorant les relations qu’elles entretiennent avec les idéologies et les modalités. On examine les valeurs humaines et les valeurs mondaines, ainsi que les cinq grands modèles économiques en arts, offrant une perspective approfondie sur les relations entre la société et les valeurs véhiculées dans la littérature.

Société - Études culturelles. Ici, Louis Hébert se penche sur les études culturelles et leur relation avec la littérature. Il explore la notion de mosaïque mobile et la nature interdisciplinaire de ce champ d’étude. Les objectifs et objets des études culturelles sont examinés, tout comme les théories et méthodes utilisées dans cette discipline. En outre, le contexte historique et l’importance de l’histoire littéraire et de la périodisation sont abordés.

Contexte. Ici, on souligne l’importance de distinguer entre le contexte interne et le contexte externe d’une œuvre littéraire, qui sont définis par les frontières du produit sémiotique. Ces deux types de contextes jouent un rôle essentiel dans la lecture et l’analyse d’une œuvre littéraire. Il est fondamental de prendre en compte à la fois le contexte interne et le contexte externe lors de la lecture et de l’analyse d’une œuvre littéraire, car ils se complètent mutuellement.

Histoire littéraire et périodisation. L’histoire littéraire est une discipline qui étudie l’évolution et le développement de la littérature à travers le temps. Elle cherche à comprendre comment les œuvres littéraires se sont transformées, ont interagi avec leur époque et ont influencé la création ultérieure. L’histoire de l’histoire littéraire elle-même témoigne des différentes approches et méthodologies adoptées pour étudier la littérature. Parmi les aspects clés de l’histoire littéraire, la périodisation joue un rôle crucial. Elle consiste à diviser l’histoire littéraire en périodes distinctes en fonction de critères tels que les mouvements artistiques, les courants intellectuels, les changements sociaux ou les avancées technologiques. La périodisation permet de mieux situer les œuvres et les auteurs dans leur contexte historique et de mieux comprendre les influences et les évolutions qui ont façonné la littérature.

Intertextualité et transtextualité. Ce chapitre explore les différentes formes d’intertextualité et de transtextualité dans la littérature en se fondant sur les travaux de Gerard Genette. Louis Hébert élabore un schéma de « La textualité et transtextualité » à la page 289, où il propose des approfondissements et des connexions à partir de la catégorie de la transtextualité de Genette. Il y ajoute une partie portant notamment sur l’autotextualité et l’intratextualité.

Genre et mouvement. Il examine également la relation entre le genre et le mouvement littéraire, en analysant les genres et formes de la poésie, du théâtre, de l’essai, etc., ainsi que les modes mimétiques tels que le réalisme, le romantisme, les Lumières et le symbolisme.

Poésie. L’auteur présente une exploration des différentes acceptions du terme « poétique ». Ensuite, il dresse une liste des genres et des formes qui composent la poésie. Enfin, il propose une typologie de la poésie basée sur ses « signatures », mettant ainsi en évidence les caractéristiques uniques qui définissent chaque expression poétique.

Modes mimétiques – réalisme, fantastique, merveilleux, absurde, etc. En s’appuyant sur la définition de Rastier, l’auteur introduit le concept de mode mimétique et souligne le rôle de l’analyste dans l’identification des indices caractéristiques de ces modes. Il explore ensuite certains modes mimétiques spécifiques, tels que le fantastique et le merveilleux, en examinant leur relation avec la réalité à travers une approche typologique. L’auteur aborde également la question de l’absurde, qui transcende différents domaines culturels, notamment la philosophie.

Comique. L’auteur présente le concept du comique et en propose une définition générale selon laquelle il vise à susciter le rire : « ce qui vise à produire le rire ou du moins un amusement comique » (p. 326). Il parcourt ensuite les différentes techniques, situations et aspects, à la fois formels et thématiques, susceptibles de produire le comique dans la littérature orale et/ou écrite. De plus, il établit une classification des degrés du comique telles que le ridicule et le grotesque.

Oralité, scripturalité et littérarité. L’auteur aborde les notions d’oralité, de scripturalité et de littérarité en distinguant les deux modalités du signifiant textuel, à savoir l’oral et l’écrit. Il souligne l’existence de plusieurs relations qui relient ces deux modalités du signifiant et précise les critères et les interactions qui les caractérisent.

Grammaire - Analyse grammaticale des mots et propositions. La grammaire et l’analyse grammaticale des mots et des propositions sont abordées dans cette section. Une présentation générale est d’abord proposée pour situer le sujet. Ensuite, l’auteur met en avant les trois opérations fondamentales de l’analyse grammaticale : « L’analyse grammaticale consiste, pour l’essentiel, à (1) découper une phrase en unité (mots et propositions) et à stipuler (2) la nature et (3) la fonction de ces unités » (p. 354). Il explore également les principales natures de mots, en soulignant leur rôle dans la construction grammaticale. Enfin, une attention particulière est accordée à la proposition en tant qu’unité syntaxique essentielle. L’ensemble de ces éléments constitue une base solide pour une analyse précise et approfondie de la grammaire et de la structure linguistique dans un texte littéraire.

Analyse de textes par ordinateur - Textométrie. Louis Hébert présente l’utilisation de l’analyse textométrique comme un outil pour étudier les textes littéraires. Il explore l’histoire de cette discipline émergente qui date de 1949. Il explique les principes de l’établissement du corpus, la structure lexicale, l’analyse morphosyntaxique et les études sémantiques dans les techniques de codage et les logiciels textométriques. D’autres méthodologies en textométrie sont également abordées.

Fond et forme. Dans ce chapitre, l’auteur aborde la définition des notions de fond et de forme, ainsi que leur relation étroite au sein des approches modernes d’analyse. L’importance de ce rapport entre fond et forme est clairement explicitée, mettant en évidence leur interdépendance dans l’analyse approfondie d’une œuvre ou d’un texte littéraire. Cette compréhension des dynamiques entre le contenu (fond) et la manière dont il est exprimé (forme) est cruciale pour une lecture et une interprétation pertinentes. En mettant en lumière cette relation fondamentale, l’auteur offre aux lecteurs un cadre conceptuel essentiel pour explorer les multiples dimensions d’une œuvre littéraire.

Figures de style. Ici, l’auteur explore différents aspects de ce domaine fondamental de l’analyse littéraire. Tout d’abord, il fournit une définition précise de la figure de style, mettant en évidence sa nature particulière en tant qu’outil linguistique qui vise à créer des effets esthétiques et expressifs. Ensuite, l’auteur aborde les objets et les types d’analyse liés aux figures de style, soulignant la diversité des éléments linguistiques et stylistiques susceptibles d’être étudiés. Un aspect essentiel de ce chapitre est le classement des figures de style, offrant une structure et une organisation qui facilitent l’identification et la compréhension de ces différentes figures. Enfin, l’auteur approfondit l’étude d’une classe spécifique de figures de style, à savoir les métaplasmes, en explorant leurs caractéristiques distinctives et leur impact sur la construction du sens et de la forme dans les textes littéraires.

Mise en abyme. La mise en abyme fait d’abord l’objet d’une définition générale. L’auteur explore en particulier la relation entre l’autotextualité et la mise en abyme, mettant en évidence comment cette dernière permet à l’œuvre littéraire de réfléchir sur elle-même et de créer des niveaux de réflexivité. De plus, l’auteur examine les facteurs de la communication sémiotique qui sont impliqués dans la mise en abyme, soulignant l’importance de cette notion dans la construction et la transmission du sens. Des propositions terminologiques sont également présentées pour clarifier les différentes facettes de la mise en abyme. Enfin, l’auteur explore les liens entre la mise en abyme et ses modes de présence.

Interprétation - De l’herméneutique à la déconstruction. Cette section explore différentes approches de l’interprétation dans le domaine de la critique littéraire. Tout d’abord, une définition générale de l’herméneutique est proposée, mettant en évidence son rôle dans la compréhension des textes et dans l’interprétation des significations. L’auteur aborde ensuite la stylistique de Spitzer, qui offre une approche analytique et interprétative des textes littéraires, en mettant l’accent sur les aspects stylistiques et linguistiques. Enfin, il se penche sur la déconstruction de Derrida, une approche théorique qui remet en question les certitudes et les hiérarchies de sens dans les textes, et qui met en évidence les multiples interprétations possibles. Ces diverses perspectives témoignent des différentes manières dont les critiques littéraires abordent l’interprétation des textes, allant de l’analyse linguistique et stylistique à la déconstruction des présupposés traditionnels.

Interprétation - New criticism, Poétique cognitive et littérature du monde. Louis Hébert explique différentes approches de l’interprétation dans le domaine de la critique littéraire. Tout d’abord, le New Criticism est présenté : une approche critique qui met l’accent sur l’analyse interne du texte, en se concentrant sur sa structure formelle et ses éléments littéraires. Ensuite, la section aborde la littérature du monde, qui examine les œuvres littéraires issues de différentes cultures et traditions, en soulignant l’importance de la diversité et de la pluralité des perspectives et leur rôle pour faire évoluer les problématiques du genre et de la forme. Enfin, la poétique cognitive est explorée, une approche qui met l’accent sur la compréhension des mécanismes cognitifs mobilisés dans la lecture et l’interprétation des textes littéraires.

Interprétation - Combien de sens valables ? La question de l’interprétation et du nombre de sens valables pour un même texte est explorée dans ce chapitre. L’accent est mis sur le nombre d’interprétations adéquates et qui peuvent coexister dans un même texte littéraire. Louis Hébert étudie les notions implicites dans les théories du double sens, en mettant en évidence les différentes catégories de cas de double sens qui peuvent émerger lors de l’interprétation d’un texte. Cette réflexion invite à considérer la diversité des interprétations possibles et à explorer les multiples facettes et significations qu’un texte peut revêtir, témoignant ainsi de la richesse et de la complexité de l’acte d’interprétation littéraire.

Interprétation et sériation - Analyse linéaire et analyse tabulaire. L’interprétation linéaire se base sur l’examen et l’interprétation des unités de séries dans leur ordre et leur position respectifs, tandis que l’analyse tabulaire ne considère pas la position des unités dans la série et ne vise généralement pas à établir une interprétation séquentielle. Chaque approche présente cependant ses propres limites et restrictions dans la compréhension d’un texte littéraire.

Sensorialité - Les cinq sens et les synesthésies. La notion de sensorialité implique les liens entre les sens humains ainsi que les phénomènes de synesthésie, qui associent et entremêlent ces différentes modalités sensorielles. L’auteur adopte une approche méthodologique qui fait une distinction entre les notions de polysémiotique, multimodal, polysensoriel et multimédial. Il se penche sur l’étude de la sensorialité et de la polysensorialité en tenant compte de trois niveaux de la pratique sociale : le niveau phénophysique, le niveau sémiotique et le niveau des représentations. Cette approche permet d’explorer les différentes dimensions de l’expérience sensorielle et de mieux comprendre comment elles interagissent à travers ces différents niveaux de la pratique sociale.

Affects - Analyse générale. L’analyse générale des affects est abordée dans ce chapitre. Elle comprend la définition des affects ainsi que leur typologie générale. En outre, une typologie spécifique, en l’occurrence celle des sentiments, élaborée par une équipe de Rastier, est détaillée. Enfin, une attention particulière est accordée aux différentes modalités des affects, permettant ainsi d’explorer les diverses manières dont ils se manifestent.

Affects - Psychanalyse. Ce chapitre parle de la relation entre les affects et la psychanalyse. Il étudie le lien entre la psychologie et la psychanalyse, offrant une définition sommaire de cette dernière à partir de la théorie de Freud et exposant l’utilisation de cette discipline dans la pratique littéraire. De plus, l’importance des sens dans les symboles et les indices est abordée, mettant en évidence les sens primaires et secondaires. La présence de la psychanalyse dans les textes littéraires est également étudiée, et des pistes d’analyse psychanalytique sont proposées pour l’interprétation de ces textes. Enfin, une attention particulière est accordée aux mécanismes du rêve et à leur rôle dans la psychanalyse.

Phonèmes. Ce chapitre aborde les phonèmes, qui sont les unités distinctives du signifiant linguistique phonique. Il met en lumière la situation de l’analyse des phonèmes et explore en détail la nature du phonème. L’analyse des phonèmes et de leurs traits phonémiques est ensuite abordée, en se concentrant sur leur nature intrinsèque. De plus, l’analyse des corrélations entre les contenus linguistiques et les phonèmes ou traits phonémiques est examinée, soulignant l’importance de comprendre les liens entre ces éléments.

Recueil. Dans ce chapitre, l’accent est mis sur les recueils de poèmes, bien qu’il y ait également des possibilités d’élargissement. Sept types de recueils sont examinés, et l’auteur souligne l’importance des subdivisions dans leur analyse. Les éléments de titrologie sont présentés comme des pistes pertinentes et efficaces pour l’analyse des recueils. De plus, une typologie des unités est proposée comme un outil clé dans cette démarche. En effet, des principes généraux régissent les différentes natures d’unités présentes dans les recueils. Enfin, une méthode est proposée pour représenter la structure d’un recueil, avec une application concrète sur l’exemple des Fleurs du Mal.

Versification. La section sur la versification explore plusieurs aspects clés de la poésie. Tout d’abord, la syllabe est examinée en détail, avec une attention particulière portée au décompte des syllabes dans les vers. Ensuite, la rime est étudiée, mettant en évidence son rôle dans la création de structures rythmiques et mélodiques. L’accent tonique est également pris en considération, soulignant son importance dans la prosodie poétique. La coupe et la mesure sont explorées en tant que techniques utilisées pour organiser les vers et créer des effets rythmiques spécifiques. De plus, des concepts tels que l’enjambement, le rejet et le contre-rejet sont présentés, qui influent sur la fluidité et la cohésion des vers. Enfin, un exemple concret d’analyse de la versification est proposé pour illustrer ces concepts et leur application pratique.

Théâtre. Dans ce chapitre consacré au théâtre, l’attention est portée à la fois sur les spécificités du texte théâtral et sur sa représentation. À la page 547, un schéma de communication théâtrale est établi, mettant en évidence les deux grandes transmissions (celle du texte théâtral et celle de la représentation théâtrale) ainsi que les deux grandes réceptions. Deux phénomènes contradictoires, l’identification et la distanciation, sont explorés dans leur impact sur le récepteur. L’analyse se penche également sur différentes caractéristiques liées à la mise en scène, en étudiant notamment le schéma des scènes dans une pièce. Le temps au théâtre est examiné à la lumière de la théorie d’Ubersfeld, et l’espace de la représentation est également scruté, en distinguant diverses natures d’espaces tels que l’espace de l’écriture et l’espace de la réception.

Cinéma. L’inclusion d’un chapitre sur le cinéma est justifiée par la présence d’un texte dans cet art. Le cinéma est présenté comme un produit complexe, à la fois polysémiotique et polysensoriel. L’auteur entame son exploration en présentant les principaux langages qu’il utilise. Par la suite, il énumère les différents genres cinématographiques et aborde de nombreuses autres caractéristiques propres à cet art.

Chanson. Le chapitre consacré à la chanson met en lumière la relation entre la littérature et la musique. Il explore les différents aspects de cet art, notamment sa dimension poétique et interprétative, mais aussi les différents paramètres techniques de son processus de réalisation. L’auteur se penche également sur l’analyse de la structure d’une chanson, en examinant ses éléments constitutifs tels que les couplets, les refrains et les ponts. Par ailleurs, une attention particulière est accordée à l’analyse de l’adaptation poème-chanson. Une typologie des transformations du texte est proposée afin d’appréhender les différentes formes de réinterprétation et d’ajustement entre les deux formes artistiques.

Adaptation. L’adaptation est une forme spécifique de transposition, qui elle-même fait partie des différentes formes de transformation. La transformation se manifeste de deux grandes manières, à savoir la caractérisation et la transformation proprement dite. L’auteur introduit la notion de transposition et explore les transpositions analogiques et métaphoriques, ainsi que les transpositions internes et externes. L’adaptation est donc le processus par lequel une œuvre est modifiée, généralement en la transposant d’un genre à un autre au sein d’une même sémiotique. C’est une opération de transposition externe qui s’applique à une globalité et qui donne naissance à une nouvelle globalité. Par la suite, il établit un lien entre l’adaptation et la transtextualité, en plaçant l’adaptation dans la catégorie de l’hypertextualité.

Médias - Intermédialité et nouveaux médias. L’intermédialité est un concept qui peut être examiné en tant que tel ou dans sa relation avec les signifiants et signifiés, les fonds et les formes. L’auteur propose une étude spécifique des nouveaux médias numériques, qui se distingue de l’approche de l’intermédialité plus large et qui explore à la fois les médias anciens, nouveaux et à venir, en étudiant leurs interactions mutuelles.

Facteurs de relativité. Louis Hébert explique que chaque caractérisation, qui implique l’attribution d’une caractéristique à l’objet analysé, est réalisée en tenant compte de facteurs de relativité spécifiques. Il élabore par la suite un schéma des facteurs de relativité (voir page 637).

Norme et écart. Il aborde dans ce chapitre la notion de norme en fournissant sa définition et sa typologie. Il souligne ensuite que l’écart est perçu comme une forme de transformation. Il met en évidence la symétrie entre la norme et l’écart en affirmant que « ce qui est considéré comme une norme par rapport à un écart est également perçu comme un écart par rapport à une norme » (p. 644).

Système. L’auteur présente deux définitions du terme « système ». La première définition considère le système comme une entité globale. La deuxième, privilégiée par l’auteur, décrit le système sémiotique comme une instance qui régule la production et l’interprétation des produits sémiotiques. Il encadre notamment la création, la transformation, la combinaison et l’utilisation des unités constitutives de ces produits sémiotiques. Il propose dans ce chapitre une typologie des systèmes sémiotiques.

Oppositions - Carré sémiotique, templum, cube sémiotique, etc. Dans ce chapitre, Louis Hébert explore les différentes notions d’opposition en utilisant des modèles tels que le templum, le carré sémiotique et le prisme sémiotique. Le templum, introduit par Pierre Boudon, est présenté comme un modèle triadique de la structure fondamentale de la signification. L’auteur illustre et approfondit ce modèle. En outre, il mentionne le carré sémiotique développé par Greimas et Rastier en 1968, qui représente l’articulation logique d’une opposition donnée. L’auteur établit des liens entre le templum, le prisme sémiotique et le carré sémiotique, proposant ainsi différents schémas représentatifs pour les expliciter.

Sémiotique. Ce chapitre consacré à la sémiotique explore de multiples aspects de cette discipline. Tout d’abord, l’auteur fournit une définition claire de la sémiotique, soulignant son rôle central dans l’analyse des signes et de leurs significations. Il présente ensuite les contributions de sémioticiens renommés et les concepts essentiels qu’ils ont développés. Parmi ces concepts, la notion fondamentale de « signe » et ses composantes sont mises en avant, offrant ainsi une base solide pour l’étude sémiotique. Pour illustrer ces concepts, l’auteur se tourne vers des exemples concrets, comme celui des feux de circulation. Dans ce chapitre, l’auteur explore également les schémas élaborés par les sémioticiens, tels que le schéma narratif canonique, le schéma tensif, le schéma des sur-contraires et sous-contraires. Ces schémas offrent des modèles d’analyse précieux pour décortiquer les différentes dimensions sémiotiques présentes dans un texte ou une situation donnée. De plus, des approches analytiques spécifiques sont proposées, telles que l’analyse sémique, qui se concentre sur les significations lexicales et la structure sémantique d’un texte, et l’analyse thymique, qui explore les dimensions affectives et émotionnelles véhiculées par les signes. En somme, ce chapitre révèle la sémiotique comme un domaine d’étude à la fois complexe et captivant, qui permet de percer les mécanismes de communication et de signification qui façonnent notre environnement quotidien.

Conclusion

L’ouvrage fournit de nombreux exemples pratiques et présente des méthodes d’analyse adaptées à une variété de genres littéraires. Il met en évidence l’importance de la rigueur et de la pertinence des critères utilisés lors de la sélection d’un corpus d’étude. Il offre une vue d’ensemble complète et approfondie de l’analyse sémiotique et littéraire, en éclairant une variété de domaines et de concepts clés. Louis Hébert explore divers aspects de la sémiotique et de l’analyse des textes littéraires. Il aborde des concepts fondamentaux tels que le contexte, les figures de style, l’interprétation, la versification, les médias, les systèmes sémiotiques, les normes et les écarts, ainsi que d’autres aspects pertinents pour l’analyse des textes littéraires.

Ce faisant, il montre que cette analyse des textes littéraires va au-delà de la simple lecture et nous permet de plonger dans les profondeurs des significations et des structures narratives. Il souligne que chaque élément d’un texte, qu’il s’agisse d’une figure de style, d’une caractérisation ou d’un dispositif sémiotique, contribue à la construction globale de l’œuvre. Il aborde l’importance des différents contextes dans l’interprétation d’un texte, qu’ils soient internes ou externes.

Dans cet ouvrage, la sémiotique se révèle être une discipline complexe et riche, offrant des outils et des méthodes précieux pour étudier et apprécier les textes littéraires sous de multiples angles. De même, des approches telles que la poétique cognitive, l’herméneutique, la déconstruction et l’analyse grammaticale sont proposées comme des outils essentiels pour la compréhension et l’appréciation des œuvres littéraires.

En somme, Introduction à l’analyse des textes littéraires est un guide destiné aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs en littérature. Il propose une approche méthodique et approfondie de l’analyse des œuvres littéraires, en mettant en avant l’interdisciplinarité et la réflexion critique comme des aspects essentiels de l’analyse littéraire.