Villes et attributions administratives au XVIIe siècle
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Au XVIIe siècle, le Limousin et de la Marche figurent parmi les provinces les moins urbanisées du royaume. La possibilité la plus accessible qu’a une ville d’attirer et/ou retenir des habitants est alors d’accueillir des fonctions administratives. La vive compétition qui anima les villes limousines pour l’obtention d’un chef-lieu de département, d’arrondissement ou de canton lors de la mise en place de la nouvelle carte administrative du pays par la Révolution en témoigne. Une situation comparable avait déjà eu lieu au XVIe siècle quand l’Etat avait décidé d’étoffer le maillage judiciaire du pays et de mieux hiérarchiser les tribunaux en fonction de leurs attributions et de l’étendue de leur ressort. Des villes de taille proche se livrèrent alors une vive concurrence afin de capter la faveur du Prince et d’obtenir le tribunal si convoité. Il faut rappeler qu’un siège judiciaire offre à une ville l’assurance de voir des magistrats, des avocats, des procureurs, des huissiers, des sergents y résider et des plaideurs y accourir, à la grande satisfaction des aubergistes, taverniers, voituriers et autres messagers. Pendant les années 1520-1580, Brive, Tulle et Uzerche se disputèrent le principal siège judiciaire du bas-Limousin. Finalement, la situation se stabilisa à la fin du siècle avec une sénéchaussée présidiale à Brive, une sénéchaussée royale à Uzerche et à Tulle avant que le duc de Ventadour n’obtienne une sénéchaussée ducale sur ses terres, à Ussel-Ventadour instituée en 1601. Dans la basse Marche, la rivalité fut sévère entre Le Dorat et Bellac, chaque ville réclamant le rang de siège principal. Le différend fut tranché par la monarchie en 1572 au bénéfice du Dorat. La ville, incluse dans le douaire de la reine de France obtint le rang de siège principal; Bellac devant se satisfaire de celui de siège secondaire ou particulier.
Au siècle suivant, la création des présidiaux sous Richelieu et le chancelier Séguier engendra moins de tensions tant il était devenu évident que seules les villes les plus peuplées pouvaient accueillir ces tribunaux : Guéret dans la Marche en 1635, Tulle dans le Bas-Limousin en 1637 furent choisies. Avec Brive et Limoges pourvues de ce rang depuis 1551/1553, elles firent partie de la soixantaine des villes présidiales du royaume. La carte judiciaire resta inchangée jusqu’à la Révolution, ainsi que la carte de l’Eglise avec Limoges et Tulle comme cités épiscopales de la province. Limoges, siège de l’intendance du Limousin à partir de la fin du XVIIe siècle cumulait le plus grand nombre d’attributions administratives. Elles fondaient sa prépondérance provinciale devant Tulle, Brive, Guéret, Le Dorat, Uzerche, Bellac, détentrices de prérogatives plus limitées, et les nombreuses bourgades de 200 à 300 feux qui parvenaient à aimanter occasionnellement des flux relationnels modestes, lors des foires mensuelles. Dans la province, une des moins urbanisées du royaume, la hiérarchie citadine traduit la prégnance des équipements administratifs typiques des « villes d’Ancien Régime » et a contrario leur impossible accession au rang de villes « modernes » connectées à des réseaux dynamiques de circulation fluviale et routière ou parties prenantes d’une proto-industrialisation et d’innovations technologiques.
Bibliographie
PEROUAS louis (dir.), Histoire de Limoges, Toulouse, Privat, 1989.
CHARBONNEL Jean (dir.), Histoire de Brive et de sa région, Toulouse, Privat, 1991.
PARELON Geneviève, Guéret à la fin de l’Ancien régime. Démographie et Société, Limoges, Pulim, 2000.
JOUBERT Fabien, Ussel de la fin du XVIIe siècle à 1789. Pratique municipales, Ussel, Musée du Pays d’Ussel, Paris, de Boccard diffusion, 2006.
Michel Cassan, 2017
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