Le CeReS travaille en collaboration avec l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). L’ANDRA est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), opérateur de l’État pour la mise en œuvre de la politique publique de gestion des déchets radioactifs produits en France. Placée sous la tutelle des ministères en charge de l’énergie, l’environnement et la recherche, l’ANDRA est indépendante des producteurs de déchets radioactifs et met son expertise et son savoir‑faire au service de l’État pour concevoir des solutions de gestion et exploiter des centres de stockage pour l’ensemble des déchets radioactifs produits en France, en protégeant à long terme l’Homme et l’environnement de l’impact de ces déchets.
Une des missions de l’ANDRA est d’assurer la mémoire de futurs centres de stockage de déchets radioactifs sur de très longs espaces de temps, la décroissance radioactive des déchets pouvant s’étendre sur des dizaines de millénaires. C’est notamment le cas pour les déchets qui seront stockés au sein du site de Cigéo, à 500 mètres sous terre. Ainsi, l’agence a lancé le Projet Mémoire visant notamment à développer les réflexions et les études sur la constitution d’une mémoire plurimillénaire.
Dans ce cadre, deux types de travaux ont été confiés au CeReS : des travaux de recherche bibliographique en vue de la constitution d’un fonds documentaire spécifique ; des travaux de recherche en sémiotique, en communication et en linguistique (sémantique / pragmatique) dans le cadre de la définition et de la mise en place d’un système de communication « modèle » inhérent au projet et visant à proposer une scénographie de l’alerte. L’ensemble participe d’une même problématique transversale, relative à la conception, à la transcription, à la transmission, à la compréhension et à l’appropriation de messages de communication.
Présentation des axes
Les axes nouvellement définis pour les recherches sur le Programme Mémoire au CeReS sont au nombre de trois.
Bien que menés simultanément, les axes sont conçus comme une continuité dans la réflexion sur la communication autour de Cigéo et la constitution de dispositifs mémoriels.
L’axe 1, « scénographie et ordonnancement de l’alerte » est focalisé sur la notion d’alerte, qu’il interroge à travers ses implications sémantiques et formelles. Il s’agit de définir le concept même d’« alerter », d’identifier les formes que prend l’alerte au sein de discours déjà existants et de déterminer quel impact ont les différentes configurations pragmatiques analysées sur le comportement des destinataires de ces messages d’ « alerte ». L’ordonnancement des actes de langage produits et des supports qui participeront à la production d’une alerte est ici une question centrale. Ces études permettront de projeter des conclusions sur des préconisations en vue de concevoir un déploiement efficace des messages de la signalétique, qu’ils soient linguistiques ou visuels. Les recherches de cet axe posent les bases d’une composition signalétique, d’un dispositif à la fois porteur d’une sémantique et d’effets de sens propres à la composition des éléments.
Chercheurs impliqués dans cet axe : Sophie Anquetil, Carine Duteil et Vivien Lloveria.
L’étape suivante (axe 2) est celle de l’articulation entre matière sémiotique et matière physique, la signalétique étant à interroger à travers ses fonctions, son énonciation, en lien avec la dimension sensorielle de ses discours. La démarche artistique est convoquée pour susciter l’innovation dans la création de supports et de dispositifs signalétiques et questionner leur efficacité sémiotique. En d’autres termes, il s’agira de recourir à la dimension artistique pour évaluer la pertinence de ses outils créatifs dans la conception et l’usage d’une signalétique.
À l’« artification » est associée la « monumentalisation », thématique transversale et également ancrée dans l’axe « mémoire et patrimonialisation ». Elle questionne le statut des dispositifs monumentaux au sein d’un dispositif mémoriel plus large, leurs fonctions dans les constructions sociétales des représentations patrimoniales et mémorielles, ainsi que leur pertinence en regard avec la pérennisation des héritages culturels.
Chercheurs impliqués dans cet axe : Paul Bloyer, Gérard Chandès et Audrey Moutat.
Enfin l’axe 3 « mémoire et patrimonialisation » questionne la capacité des discours sur Cigéo et la radioactivité à constituer un patrimoine. Il porte sur deux thématiques principales : dans un premier temps, la patrimonialisation est pensée à travers la pertinence des formes utilisées dans les discours portant sur la radioactivité. Il s’agit de recourir à l’analyse sémiotique afin d’identifier les stéréotypes convoqués sur un corpus étendu de discours portant sur le nucléaire et la radioactivité. Dans un second temps, les formes relevées seraient utilisées pour créer des discours sur une radioactivité « du quotidien », afin de rendre sensible ce qui est invisible.
D’autre part, la linguistique peut contribuer à une patrimonialisation via les outils numériques et notamment via le référencement internet qui peut être utilisé en ciblant les termes et formulations les plus adéquats pour faire émerger les contenus liés aux déchets radioactifs.
Chercheurs impliqués dans cet axe : Angelo Di Caterino, Valeria Di Luca et Olivier Polge.