L’Amérindien dans l’animation des États-Unis et du Canada – La construction d’imaginaires sociaux au service d’un ordre (post-)colonial
Thèse préparée par Salomé Beaurez-Roy sous la direction de Soazig Villerbu (Histoire, Limoges) et en codirection avec Marie-Josée Saint-Pierre (Cinéma d’animation, Laval, Québec).
En 2019, le géant de l’animation Walt Disney Pictures est la cible de critiques virulentes car plusieurs associations militantes dont l’Association des critiques de films afro-américains et la firme InQUEST Consulting protestent contre l’intégration au catalogue Disney+ de Gone with the wind (Fleming, 1939), considéré comme une apologie de l’esclavage. En guise de réforme, un carton d’avertissement apparaît désormais avant le générique de plusieurs grands classiques dont Fantasia (Algar, Armstrong, Beebe, Ferguson, Handley, Hee, Jackson, Luske, Roberts, Satterfield, 1940), Dumbo (Sharpsteen, 1941), Song of the South (Jackson, 1946), Peter Pan (Luske, Geromini et Jackson, 1953), The Aristocats (Reitherman, 1970), The Fox and the Hound (Rich, Berman et Stevens, 1981), Aladdin (Clements et Musker, 1992), The Jungle Book (Sommers, 1994) sur la plateforme de streaming Disney+ :
« Ce programme comprend des descriptions négatives et/ou des mauvais traitements de certains peuples ou cultures. Plutôt que de retirer ce contenu, nous voulons reconnaître son impact néfaste, en tirer la leçon et susciter le dialogue pour créer ensemble un futur plus inclusif. »
Cette remise en question découle en partie de luttes militantes, d’études académiques (notamment les postcolonial et les cultural studies) et d’une prise de conscience concernant les différentes formes d’oppression subies par les minorités de genre, de culte, d’orientation sexuelle ou ethniques. Depuis les expéditions conquérantes du XVè siècle, les empires colonisateurs construisent l’image d’un sauvage à civiliser, justifiant la colonisation et l’esclavage (Blanchard, 2022). L’état actuel de ces représentations amène donc à s’interroger : la situation actuelle est-elle finalement post- coloniale ou simplement coloniale (Vidal, 2021) ? Comme le souligne la chercheuse et éditrice autochtone Mary Gloyne Byler : « Ce n’est pas seulement la terre que l’on s’est appropriée ; […] avec la cavalerie des États-Unis, les missionnaires, les éducateurs et les “Américanisateurs”, sont venus les auteurs de livres sur les Indiens » (Byler, 1973).
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