Les châsses de saint Thomas Becket (fin XIIe-début XIIIe siècle). Les reliquaires de l’Œuvre de Limoges comme outils de diffusion d’un culte.
Thèse préparée par Marylou Merle sous la direction d’Anne Massoni (CRIHAM-Université de Limoges) et Cécile Voyer (CESCM-Université de Poitiers).
Les cinquante-sept châsses émaillées de saint Thomas Becket forment le groupe le plus important parmi le corpus des sept-cents châsses conservées de l’Œuvre de Limoges. Produites entre 1185 et 1220 environ, elles accompagnent la diffusion du culte de Thomas Becket, l’archevêque martyr assassiné dans sa cathédrale de Canterbury par des fidèles de Henri II Plantagenêt en 1170 et canonisé dès 1173.
À travers cette thèse, il s’agira de comprendre les processus qui mènent au choix des châsses limousines comme contenants exclusifs des reliques du saint. Les réseaux d’amitiés qui mettent en place la diffusion du culte, ceux des communautés monastiques pour l’Europe du Nord et ceux des Plantagenêt plus au Sud, seront étudiés selon une approche historique. La question essentielle du choix de l’émail champlevé de Limoges pour la promotion du culte d’un saint anglais invite à déconstruire un choix qui n’a rien d’une évidence.
Dans des perspectives plus relatives à l’histoire anthropologique et à l’histoire de l’art, les châsses seront étudiées comme objets contextualisés et conçus selon de profondes logiques de valorisation du culte, dont la traduction visuelle trouve son expression dans la matière, les couleurs et l’iconographie, afin de comprendre comment la matérialité sert l’usage liturgique de ces objets. Le processus de création et de diffusion d’un type de reliquaire accompli avec les châsses de saint Thomas Becket donnera lieu à une approche globale de l’Œuvre de Limoges, permettant d’éclairer les raisons du succès de l’orfèvrerie locale à l’échelle européenne, une tradition artistique alors en pleine expansion à l’aube du XIIIe siècle.
The fifty-seven enamelled châsses of Saint Thomas Becket form the largest group of the seven hundred châsses preserved from the Œuvre de Limoges. Produced between around 1185 and 1220, they accompanied the spread of the cult of Thomas Becket, the martyred archbishop murdered in Canterbury Cathedral by Henry II Plantagenet’s followers in 1170 and canonised in 1173.
The aim of this thesis is to understand the processes that led to the choice of Limousin shrines as the exclusive containers for the saint’s relics. The networks of friendships that led to the spread of the cult – those of the monastic communities in northern Europe and those of the Plantagenets further south – will be studied from a historical perspective. The essential question of the choice of Limoges champlevé enamel to promote the cult of an English saint invites us to deconstruct a choice that is by no means self-evident.
From perspectives more related to anthropological history and the history of art, the reliquaries will be studied as contextualised objects conceived according to a profound logic of cult enhancement, the visual translation of which finds its expression in the material, colours and iconography, in order to understand how the materiality serves the liturgical use of these objects. The process of creating and disseminating a type of reliquary, as accomplished with the châsses of Saint Thomas Becket, will provide a global approach to the Œuvre de Limoges, shedding light on the reasons for the success of a local goldsmithing on a European scale, an artistic tradition that was flourishing at the dawn of the 13th century.
39E rue Camille Guérin
87036 LIMOGES Cedex
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00