Appel à Colloque international interdisciplinaire Raphaël CONFIANT : avant et après Éloge de la créolité (1989)
26-28 octobre 2021 – Université des Antilles – Martinique
CRILLASH (Université des Antilles – Pôle Martinique)
MICELA (Maison InterCulturelle des Écrivains et des Littératures d’Américaraïbe)
EHIC (Université de Limoges)
RELIR (CLEA EA 4098)
Ce colloque se propose d’explorer l’œuvre de Raphael CONFIANT d’un point de vue diachronique et synchronique avec comme marqueur fondamental l’Éloge de la créolité (1989) en se demandant notamment s’il y a eu un avant et un après cet ouvrage majeur de la conceptualisation de l’identité antillaise co-écrit avec deux autres « grands grecs » martiniquais : Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau et qui marque assurément un tournant dans le processus de reconnaissance d’une identité créole, conçue au creuset de l’archipel caribéen et des Amériques, et pleinement consciente de la diversité de ses racines rhizomiques.
Avec près d’une centaine d’ouvrages, l’œuvre monumentale de Raphael Confiant, tant par la multiplicité des formes, des thématiques que des genres – du roman policier à l’essai polémique, voire écologique ou à la fiction historique en passant par des textes sur la traduction et divers engagements socio-politiques et journalistiques –, ne saurait laisser indifférent. Et son auteur non plus.
Raphaël Confiant s’engage sur la trace d’une histoire douloureuse narrée plutôt jusqu’ici par d’autres et toujours incomplète. Il « zanzole » alors entre les langues (créole, français, anglais, espagnol, arabe…) en multipliant les pratiques interlectales (traductions, diatopismes…) et les réécritures. Ne trouve-t-il pas ainsi sa propre forme d’écriture ? Et d’ailleurs, en quoi ces éléments nourrissent-ils l’esthétique confiantéenne ? Ce travail foisonnant de la langue qui accompagne une exploration sans cesse renouvelée de l’histoire des sociétés créoles et de leurs divers apports ethniques et sociologiques, de leurs fractures et problématiques relations aussi, semble s’inscrire à la fois dans une volonté de faciliter la reconnaissance de culture(s) et littérature(s) créole(s) et de les faire dialoguer, désormais à voix égale, dans la République mondiale des Lettres et dans le Tout-Monde, après la Négritude et l’Antillanité.
La démarche d’auto-traduction et de traduction, notamment des auteurs caribéens non franco-créolophones, interroge le rapport de l’écrivain à la traduction en général et à l’apport particulier de la traduction pour d’autres mouvements de revendication socio-linguistique et éthique des Amériques anglophones et hispanophones, et ce jusqu’à la Créolité. Comment l’Éloge a-t-il contribué à définir des motifs, à poser une empreinte, à préciser des questionnements et des choix de pratiques d’écriture ? Et comment ceux-ci perdurent-ils ou se modifient-ils ?
Entre multi/pluri/inter/linguisme, langues en contact et engagement, entre unité et diversité, que recherche le Créoliste qui a finalement choisi d’écrire son œuvre en français ? Quelles sont les intentionnalités idéologiques et littéraires -voire psychanalytiques pour des peuples marqués au fer d’un lourd héritage- d’une puissante dynamique confiantéenne aux aspects à la fois rabelaisiens et balzaciens, carpentriens et paduriens ou encore proche de l’engagement du Jamaïcain Roger Mais ? L’originalité de l’œuvre protéique de Raphaël Confiant en quête de confrontation – notamment aux « péchés capitaux » qu’il préfère capiteux – et comme en fusion permanente de par une verve violente, ne saurait être dégagée sans la comparer à celle d’autres auteurs du monde américano-caraïbe pour mieux laisser percevoir les constantes interrogations portées sur la complexité de l’identité et de l’histoire des cultures créoles. Aussi, cet écrivain qui se fait tour à tour ethnolinguiste, ethnographe, lexicographe ou encore historien, cet auteur aux « multiples facettes » ou aux mille yeux et alarmes semble refuser d’être un « passeur » non militant ou un simple passant du sans-souci.
Inlassable chercheur de mots pour traduire, écrire, ajuster le signe à l’image, et l’image aux réalités baroques caribéennes, on se demandera ce qui est privilégié désormais sous la plume de Raphaël Confiant et pourquoi ? On ne pourrait en effet surseoir à la question de l’évolution de l’engagement littéraire et sociétal de Raphaël Confiant, à la fois comme chercheur au GEREC/F (Groupe d’Études et de Recherches en Espaces Créolophones et Francophones) et au CRILLASH et comme homme de son temps, défendant causes écologiques et sociétales (Montray Kréyol). D’ailleurs, pour l’insatiable Raphaël Confiant, la Créolité, est-elle encore un concept suffisamment fécond ?
Date limite d’envoi des propositions de communication : au plus tard le 15 avril 2021.
Vos projets de communications (350-1000 signes) ainsi qu’une brève notice biobibliographique devront nous parvenir aux adresses suivantes :
Décision du Comité scientifique : 15 mai 2021
Groupes de recherche : CRILLASH, EHIC et RELIR
Co-coordinateurs du projet :
Patricia CONFLON, Docteure en Littératures et Interculturalités de la Caraïbe, CRILLASH- Université des Antilles – Présidente de MICELA
Max BELAISE, MCF, Université des Antilles
Gerry LETANG, HDR, Université des Antilles
Cécile BERTIN-ELISABETH, PR, Université de Limoges
Corinne MENCE-CASTER, PR, Sorbonne Université
Boubakary DIAKITE, Associate Professor, Marquette University
Karen TAREAU, Docteure, Université des Antilles
Marjory ADENET-LOUVET, Professeur certifié de Lettres modernes – Secrétaire de MICELA
39E rue Camille-Guérin
87036 LIMOGES Cedex
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00