Journée d’étude Jean de la FONTAINE
Jean de La Fontaine, Relation d’un voyage de Paris en Limousin (1663) :
approches poétiques, épistolaires et géocritiques
Journée d’étude de l’Université de Limoges, Faculté des Lettres et Sciences humaines
10-11 décembre 2021
La disgrâce de Fouquet auprès de Louis XIV (1661) n’en finit pas de faire des remous, éclaboussant jusques aux proches de La Fontaine, qui a bénéficié de la protection et des largesses du surintendant grâce son oncle par alliance, Jacques Jannart (substitut de Fouquet dans sa charge de procureur général au Parlement). Colbert signe, en août 1663, une lettre de cachet condamnant Jannart à l’exil en Limousin, terre fréquemment dévolue à cet usage à l’époque classique ( !). Est-ce par solidarité, besoin de se « mettre au vert », ou sous l’effet d’un ordre d’exil personnel, que le poète accompagne son oncle dans sa retraite ? Nul ne le sait exactement, mais les six lettres conservées relatant poétiquement cette trajectoire expriment une prudence certaine, et sont même « le signe d’une impuissance lucide » (Damien Fortin). La Fontaine, dont on fête le 400e anniversaire de la naissance (8 juillet 1621), ne nous est pas principalement connu pour son art épistolaire. Mais ce Voyage aux accents mélancoliques et badins découvre une autre facette de son génie, celle d’un poète encore en formation, ébloui par le dehors, les choses vues, entendues, et capable d’une réflexion poétique nouvelle sur l’écart entre le réel et sa transcription artistique.
Même si ces lettres sont presque muettes sur le Limousin (une septième lettre se serait perdue…) et donnent à leur destination des allures de « pays où l’on n’arrive jamais », il convient toutefois de se pencher ici sur leur richesse d’évocation en sollicitant à la fois des spécialistes du poète, de l’épistolaire et de la littérature viatique.
On s’interrogera notamment sur la nature des realia (villes, habitants, architectures, œuvres d’art) que rencontre, depuis Paris, le poète, et leur mise en prose comme en vers dans ces épîtres adressées à l’épouse selon une technique toute personnelle.
On pourra aussi questionner les modèles dont il s’inspire, les sources auxquelles il se documente et celles qu’il laisse de côté, en se demandant pourquoi tels aspects du voyage sont passés sous silence.
Enfin, et la liste de ces interrogations n’est pas close, on tâchera d’interpréter la forme de l’œuvre relativement à sa fonction et à sa réception : épidictique, politique, intimiste…
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