APPEL À COMMUNICATION « Captivités » Colloque international et pluridisciplinaire : 17-18-19 novembre 2022
Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel (UR 4030)
Centre d’Études et de Recherche sur les Civilisations et les Littératures Européennes
Espaces Humains et Interactions culturelles (EHIC, EA 1087), Université de Limoges
APPEL À COMMUNICATION
« Captivités »
Colloque international et pluridisciplinaire : 17-18-19 novembre 2022
Durant ses années de captivité, entre 1929-1935, Antonio Gramsci rédige ses Quaderni dal carcere / Cahiers de prison qui constitueront l’une des œuvres majeures d’un nouveau marxisme humaniste. Il écrit sous cette lumière crue que l’Histoire jette désormais sur un univers transformé en prison – sur un univers où règnent la cruauté et le désespoir. Ce sera en réponse à cette situation que Levinas écrira dans ses Carnets de captivité : « Vaincre l’histoire – mais vaincre ce qu’il y a d’être et d’éternité dans l’histoire – non pas le recours à l’éternité, mais à l’évasion ».
Commencés en 1937 et poursuivis jusqu’en 1950, mais rédigés essentiellement durant les cinq années de captivité dans des camps de prisonniers allemands, où, paradoxalement, Levinas fut protégé par son statut de prisonnier de guerre, ces carnets révèlent l’expérience de la captivité comme un des fondements de sa future pensée : « Voilà les vraies expériences de la captivité. Souffrances, désespoirs, deuils – certes. Mais par-dessus tout cela, un rythme nouveau de la vie ».
Ainsi, Henri Maldiney écrit dans son article La dernière porte de 1945 sur ceux qui vivaient avec lui dans le camp de prisonniers : « Ils seraient morts pour que d’autres vivent – ou pour vivre eux-mêmes. Ils existaient. Presque tous, à certains moments, nous avons existé ».
L’emprisonnement renvoie donc à cet absolu qu’est le fait d’exister. Des textes de Levinas et de Maldiney ainsi que des Carnets de la drôle de Guerre rédigés par Sartre nous amènent à la conclusion suivante : l’existant résiste à la réalité des barreaux parce qu’il est libre.
C’est l’espoir qui transforme l’espace de l’emprisonnement en un lieu de réflexion, voire de création libre : « Qui parle de désespérer ? Le désespoir est un bâillon. Et c’est le tonnerre de l’espoir, la fulguration du bonheur qui déchirent le silence de cette ville assiégée », écrit Albert Camus dans la pièce État de siège (1948). En exergue à son roman La Peste, on trouve cette citation de Daniel Defoe : « Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une autre que de représenter n’importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui n’existe pas ».
Les circonstances de la pandémie actuelle relancent ce roman allégorique en tête des listes des ventes en librairie. C’est dans un article écrit par Jean Starobinski en 1962, que l’on trouve déjà exposée l’universalité de ce roman, pourtant bien ancré dans l’Histoire, qui est une réflexion sur le rapport entre liberté et emprisonnement.
Le colloque pluridisciplinaire et international se propose d’explorer, à travers des productions littéraires, artistiques et philosophiques, ou à travers des témoignages, la dialectique de la liberté et de l’espoir face à des situations d’emprisonnement, de confinement ou d’état de siège.
Dans un esprit de pluridisciplinarité, nous invitons littéraires, civilisationnistes, linguistes, historiens, historiens d’art, musicologues, juristes, théologiens, philosophes, scientifiques… à soumettre des propositions sur la thématique (titre provisoire, résumé, laboratoire de rattachement, CV succinct) d’ici le 30 juin 2022.
Ce colloque international et pluridisciplinaire s’inscrit dans une série de manifestations scientifiques organisées à Boulogne-sur-Mer par l’équipe C.E.R.C.L.E. de l’UR H.L.L.I. de l’Université Littoral Côte d’Opale et EHIC de l’Université de Limoges.
Pôle de Recherche Humanités et Territoires Intégrés
25, rue Saint-Louis
62200 Boulogne-sur-Mer
Tél. : 00 33 (0)3.66.25.64.04
39E rue Camille-Guérin
87036 LIMOGES Cedex
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00