Appel à communications | Colloque international « L’écriture de l’urgence : l’extrême contemporain en question »

Université de Limoges en collaboration avec Université de Yaoundé 1 et Université de Libreville

Colloque international

L’écriture de l’urgence : l’extrême contemporain en question

Les 21 et 22 mars 2024

On peut être d’avis qu’il n’existe nul lieu sur la terre où l’homme ne trouverait aucune raison de s’indigner. Ici, des bavures policières ; là, le réchauffement climatique ; là-bas des discriminations sur le genre, la race ; un peu plus loin la crise migratoire, etc. Toutes ces choses ont exactement lieu ici et maintenant, dans un espace-temps qu’il convient d’appeler l’extrême contemporain. Ces phénomènes ne sont pas étrangers à la littérature et à d’autres domaines artistiques et culturels qui ont de plus en plus tendance à en rendre compte. Ils exhibent ainsi les basculements qui en découlent. Il faut impérativement se signaler, informer, rétablir la vérité, remettre en question ce qui sous nos yeux se déroule et déjà se dérobe. Saisir l’instant, l’empêcher de tomber dans les cavernes de l’oubli, aujourd’hui mieux qu’hier il faut le dire, il en va de notre survie à tous. Comme une véritable prise de conscience, une révolution, les écrivains, essayistes, historiens, sociologues, lanceurs d’alerte, etc., partagent avec le monde entier la moindre particule d’information, et ce en un temps relativement court.

L’écriture de l’urgence, à la fois nécessité et crise, présente assez bien les habitudes et les productions de ces dernières décennies. Ce temps relativement proche, Michel Chaillou l’a nommé l’extrême contemporain, réceptacle de « la complexité chaotique d’une situation littéraire toujours en mouvement » (Michel Chaillou : 1987).  Partie d’un tout, l’écriture urgente autorise à réinterroger ce qu’est véritablement l’extrême contemporain, mieux les cultures qui l’alimentent.

C’est un nouveau rapport qui tend à se construire, celui du refus d’une représentation, d’un discours théorique et/ou culturel surplombant. L’extrême contemporain se caractérise par « la quête des territoires symboliques », mais aussi des « nouvelles affirmations épistémologiques » ainsi que des « déconstructions des imaginaires et savoirs » au sein de l’univers francophone (Richard Laurent Omgba et Yvette Marie-Edmée Abouga : 2021). Socle des imaginaires des peuples en contexte de mondialisation, il rend compte « des mémoires trucidées par des siècles de souffrance, d’exploitation et de réification. » (Yaya Yaya Mountapmbémé P. Njoya et Jean Claude Abada Medjo : 2021). Ainsi, l’urgence d’action, de penser et de culture de l’extrême contemporain s’inscrit dans un vaste mouvement de décolonisation des savoirs et des esprits (François Vergès : 2018), qui permettrait d’avoir une certaine lucidité dans la (re)construction d’une Afrique décolonisée (Achille Mbembe : 2010). Cette (re)construction de l’Afrique procède non seulement d’un examen critique de la contemporanéité, mais implique également un dépassement de la critique d’antan : à l’extérieur de l’hégémonie écrasante et de toutes ses formes de manifestations (V. Y. Mudimbe : 1982) dans les productions des afrodescendant·e·s. Ceci conduit indubitablement à des nouvelles mises en perspectives des relations Colons/Colonisés (Joseph Tonda : 2021).

Quel est l’objectif escompté par ces différentes approches de l’écriture de l’urgence : l’extrême contemporain en question ? La question de l’objectif n’est pas une simple recension des inflexions de la thématique. Elle trouve tout son intérêt à la discussion en ce qu’elle n’a pas d’ancrage ni spatial, ni temporel. Au-delà d’une critique de la contemporanéité des productions littéraires et artistiques, c’est aussi une critique de la critique contemporaine dont l’un des buts serait de rendre compte spontanément, de façon divergente, des créations littéraires et artistiques.

Questionner l’extrême contemporain augure une réflexion sur une écriture qui se veut urgente de la contemporanéité, une contemporanéité qui se crée, se dit, se montre, se peint dans l’urgence. En privilégiant une démarche transdisciplinaire et transgressive au sens de « transgressivité » (Bertrand Westphal : 2007), l’objectif de ce colloque serait de représenter les contours élargis, les impensés, les insoupçonnés, et d’identifier les caractéristiques de l’extrême contemporain, par là-même, celles de l’écriture de l’urgence. Ces deux thématiques, en tant qu’inflexions s’ouvrent à un vaste corpus qui fait résonner le réel social, historique, les grandes avancées et transformations du monde, les phénomènes de post-humanisme, etc., et permettent d’étudier les nouveaux paradigmes et enjeux théoriques ainsi que de nouvelles pratiques littéraires, cinématographiques, culturels, etc.

Les différentes contributions pourraient tourner autour des défis, des enjeux et des perspectives de l’écriture de l’urgence, pour questionner l’extrême contemporain. Ce questionnement qui se veut large est l’organisation de plusieurs collaborations des universités de Yaoundé I, Maroua, Libreville et Limoges.

Axes thématiques

  • Espace d’une créativité culturelle et littéraire ;
  •  Formes du discours de l’extrême contemporain et la question de la norme ou de la vérité ;
  • Les nouveaux rapports aux genres, aux corps et aux sexes actualisés dans le discours ;
  • Les discours sur l’éthique et la morale devant nos rapports aux nouvelles technologies ;
  • L’écriture en période d’urgence ;
  • Réhabilitation des destins individuels ;
  • Déconstruction des savoirs et des imaginaires ;

Précision pour les propositions de communications

L’envoi des propositions de communication se feront en français (300 mots maximum), accompagnées d’une brève présentation de l’auteur (statut, établissement et équipe de recherche de rattachement, résumé bio-bibliographique) à l’adresse suivante :

Chronogramme

  • Délai de soumission des propositions de communication : 27 novembre 2023
  • Réponse du comité scientifique : 18 décembre 2023
  • Date du colloque :  21 et 22 mars 2024
  • Les contributions feront l’objet d’une expertise complémentaire et d’une publication après le colloque (Ouvrage collectif ou numéro de revue).

Bibliographie critique :

Hélène AMRIT et Vijaya RAO (dir.), L’extrême contemporain. Québec, Nova Délhi : Goyal, 2021.

Michel CHAILLOU, « L’extrême-contemporain, journal d’une idée » PO&SIE N°41 – L’EXTRÊME CONTEMPORAIN, Belin/Humensis, 1987, pp. 5-6.https://po-et-sie.fr/texte/lextreme-contemporain-journal-dune-idee/

Leila CUKIERMAN, Gerty DAMBURY et Françoise VERGES (dir), Décolonisons les Arts, Paris, Arche éditeur, 2018.

Marie ESTRIPEAUT-BOURJAC, L’écriture de l’urgence en Amérique latine, Presses Universitaires de Bordeaux, 2000.

Alexandre GEFEN, Réparer le monde. La littérature française face au xxi siècle, Paris, Editions Corti, 2017.

Alexandre GEFEN, L’Idée de littérature. De l’art pour l’art aux écritures d’intervention, Paris, José Corti, 2021.

Alexandre GEFEN, Territoires de la non-fiction, Leyde, BRILL, 2021.

Barbara HAVERCROFT, Pascal MICHELUCCI, Pascal RIENDEAU (coord.), Le roman français de l’extrême contemporain. Écritures, engagements, énonciations, Éditions Nota bene, Fonds (littérature), 2010.

Yanick LAHENS, Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter, Paris, Collège de France/Bayard, 18 septembre 2019.

Achille MBEMBE et Felwine SARR (dir), Les Ateliers de la pensée. Écrire l’Afrique-Monde, Paris, Philippe-Rey, 2017.

Léonora MIANO, Afropéa. utopie post-occidentale et post-raciste, Paris, Grasset, 2020.

Yaya MOUNTAPMBEME P. NJOYA et Jean Claude ABADA MEDJO (dir.), De l’extrême dans les littératures francophones des Suds, Paris, L’Harmattan, 2021.

Patrice NGANANG, Manifeste d’une nouvelle littérature africaine. Pour une écriture préemtive, Presses Universitaires de Limoges, 2017 [2007].

Richard Laurent OMGBA et Yvette Marie-Edmée ABOUGA (dir), Francophonie nomades. Déterritorialisation, reterritorialisation, enracinerrance, Paris, L’Harmattan, 2021.

Felwine SARR, Afrotopia, Paris, Editions Philippe Rey, 2016.

Joseph TONDA, Afrodystopie. La vie dans le rêve d’Autrui, Éditions KARTHALA, 2021.

Dominique VIART et Bruno VERCIER, La Littérature française au présent : héritage, modernité, mutations, Paris, Bordas, 2008.

Bertrand WESTPHAL, La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Les Editions de minuit, 2007.

Comité scientifique

  • Odile RICHARD (Université de Limoges)
  • Désiré ATANGANA KOUNA (Université de Yaoundé 1)
  • Didier TABA ODOUNGA (Université de Libreville)
  • Abdul Guiba KONE (Université de Korhogo)
  • Hélène AMRIT (Université de Limoges)
  • Jean Claude ABADA MEDJO (Université de Yaoundé 1)
  • Roger FOPA KUETE (Université  de Maroua)
  • Arsène Konan KANGA (Université de Bouaké)
  • Yvette Marie-Edmée ABOUGA (Université de Yaoundé 1)
  • Gyno Noël MIKALA (Université de Libreville)
  • Richard Laurent OMGBA (Université de Yaoundé 1)
  • Bertrand WESTPHAL (Université de Limoges)

 

Comité d’organisation

  • François Didier MVONDO (Université Yaoundé 1)
  • Ivan Lionel NGNIEHAWHE TAMBA (Université de Libreville)
  • Ben Samuel TRA BI ZA (Université de Limoges)
  • Herman Ghislain NGOMA (Université de Limoges)

    Télécharger l’Appel à communications en PDF

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
39E rue Camille-Guérin
87036 LIMOGES Cedex
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00
université ouverte 
source de réussites