POLARisation
POLARisation
Pour une Histoire des récits criminels imprimés en régime médiatique : Archives, Collections, Presse, Circulations. 1945-1989
Le projet POLARisation vise à saisir la montée en puissance en France entre 1945 et 1989 des récits criminels, qui circulent au cœur de l’imaginaire social, irrigué par les industries créatives.
Equipe du projet
Descriptif du projet
La séquence historique sur laquelle portera l’investigation est doublement motivée. D’une part bien sûr par les bornes majeures que représentent sur le plan géopolitique la fin de la Seconde Guerre mondiale et la chute du Mur de Berlin. D’autre part par les profondes transformations qui marquent, en un peu plus de quatre décennies, les modes de production, de distribution et de consommation des récits criminels, entre « le moment américain du roman français (1945-1950)» (Cadin, 2018) et le tournant éditorial de la fin des années 1980, théâtre d’un changement structurel du champ, marqué par une financiarisation accrue avec le duopole Matra-Lagardère/Vivendi Havas — autrement dit des groupes de communication, tournant coïncidant significativement avec la fin d’une des collections emblématiques de cette dynamique médiatique, « Spécial Police » du Fleuve Noir (1947-1987). Deux phénomènes apparemment opposés se dessinent en particulier durant cette séquence historique, inaugurée par l’arrivée massive des fictions américaines. D’une part, l’avènement des séries policières télévisées peut contribuer à expliquer, à partir des années 1970, le déclin progressif d’une pléthore de collections consacrées à toutes les variantes de la fiction policière ; parmi celles-ci, on citera la « Série noire », « Un Mystère », « Spécial Police », « Engrenages » ou les nombreuses collections de Plon ou de Gérard de Villiers. D’autre part, surtout à partir des années 1980, une légitimation rapide du sous-genre noir a eu lieu, qui modifie les pratiques d’édition, d’écriture et de lecture.
Le champ d’investigation sera avant tout celui des récits criminels imprimés publiés en France, examinés dans tout leur spectre générique et éditorial, depuis les collections policières au sein de maisons d’édition généralistes ou spécialisées jusqu’aux récits de presse diffusés par les périodiques (journaux, revues et magazines). Il importera de mettre en œuvre une approche globale et conséquemment pluridisciplinaire, qui contribuera à une histoire matérielle et économique des supports éditoriaux, comme à l’examen de la construction progressive d’un architexte médiatique du genre.
Pour ce faire POLARisation exploitera des archives inédites et s’appuiera sur les ressources des humanités numériques. Pour cerner toutefois avec précision la dynamique transmédiatique et transnationale des récits criminels, sera étudié d’une part, grâce aux archives, le rôle des acteurs de la chaîne de l’imprimé dans les projets d’adaptations, qu’elles soient radiophoniques, cinématographiques ou télévisuelles ; d’autre part le cas français sera éclairé par comparaison avec les phénomènes observés sur des collections emblématiques en Italie et en Espagne, deux pays latins qui voient durant la même période le genre policier prendre son essor, et dont les librairies nationales restent très marquées par la production française.