Eric Rouvellac, Le terroir, essai d’une réflexion géographique à travers la viticulture
Habilitation présentée en décembre 2013 par Eric Rouvellac, Professeur des universités
Le terroir, essai d’une réflexion géographique à travers la viticulture
Résumé :
Depuis les débuts de nos recherches nous travaillons sur le concept de terroir, sur un essai d’une réflexion géographique à travers la viticulture. Voilà pourquoi nous nous sommes intéressés à l’évolution de ce concept, à la fois dans les domaines de la recherche concernés et dans notre parcours de géographe, pour essayer de cerner un concept bicéphale entre nature et culture. Nous avons insisté à propos de la confusion qui est souvent entretenue avec le sol ou le substrat dans l’application du concept à la viticulture. Pour nous, le terroir doit être assumé sous tous les angles, et nous avons étudié comment deux approches, deux écoles s’ignorent aux sujet des terroirs viticoles alors que nous penchons pour une synthèse, une approche intégré du concept pour mieux le cerner et mieux modéliser le réel pour répondre aux demandes des viticulteurs. La justification du terroir arrive parfois à postériori, dans une logique déterministe ou alors de communication sans garde fou. Nous envisageons le terroir comme possibilité, comme potentiel, comme un concept applicable, de l’agro terroir jusqu’au marketing visant le consommateur. Nous avons approché le concept d’abord par des biais environnementaux avec une étude et une cartographie à grande échelle appliquées à deux grands vignobles à l’échelle du Sud-Ouest viticole, Cahors et Bergerac. Cartographier des terroirs nous a mené à vérifier par l’expérience la corrélation de ceux-ci avec la qualité du vin. Nous avons alors confronté notre vision du terroir viticole au Nouveau Monde avec l’Afrique du Sud. Nous avons analysé un système d’appellations viticoles complexe et sous-utilisé avec deux centres historiques, patrimoniaux, qui concourent à l’image des vins sud africains et un poids important de la coopération dans la diffusion de la vitiviniculture et l’amélioration de la qualité. Le terroir est mobilisé en Afrique du Sud de l’agro-terroir jusqu’à la représentation et l’instrumentalisation, notamment dans des tentatives de » déracialisation » du vin face aux défis post apartheid. Ces stratégies différenciées de marketings allant jusqu’à la fabrique des terroirs nous ont amenés à prolonger nos réflexions encore plus pour comprendre comment passait-on encore plus du cultural au culturel, à travers un vignoble artificialisé à haute dose, celui de Banyuls Collioure dans les Pyrénées orientales françaises. Il s’est d’abord agi d’analyser les enjeux autour d’un territoire patrimonialisé, partagé (écartelé ?) entre activités balnéaires, viticulture et paysages emblématiques. Qu’était-ce qu’un terroir viticole dans le contexte de Banyuls ? Nous sommes passés alors du terroir au paysage pour comprendre leur utilisation et leur évolution depuis le début du XIXème siècle jusqu’à nos jours à travers quatre exemples de bassin-versant. Fort de savoir comment avaient évolué les paysages viticoles, nous avons pu étudier comment la communication et le marketing frappaient l’imaginaire en inventant, en rêvant l’histoire du vignoble. Parfois classique, restant dans des domaines très historiques ou agro géologiques, la communication à propos des terroirs en arrive jusqu’à dissoudre le concept dans la poussée actuelle de l’architecture iconoclaste de certains domaines à travers le monde viticole.
87036 Limoges Cedex
France
Tél. +33 (5) 05 55 43 56 00