Rocher CHEMBESSI, Dynamiques d’Ecologie industrielle et territoriale en Nouvelle Aquitaine (France) et en Montérégie (Québec)
Dynamiques d’Ecologie industrielle et territoriale en Nouvelle Aquitaine (France) et en Montérégie (Québec)
Territoires, Acteurs, Flux, Bénéfices et Emergence d’économie circulaire.
Depuis la révolution industrielle, le modèle d’économie linéaire (extraire-fabriquer-jeter), longtemps prédominant, a accentué les pressions sur l’environnement et les territoires. Lesquelles ont conduit à des réflexions pour la reconsidération du modèle de production et de consommation afin de réduire l’impact des activités humaines sur les écosystèmes, l’exploitation des ressources, l’émission des gaz à effet de serre, etc. C’est dans ce contexte qu’est apparu dans les années 70 l’écologie industrielle comme modèle tendant à considérer l’environnement dans les pratiques industrielles. Depuis, l’écologie industrielle émerge à l’échelle internationale au sens strict de symbiose industrielle, ou celui moins étroit des synergies industrielles entre quelques acteurs, ou dans une vision large de recyclage et valorisation des résidus de matières de l’ensemble d’un territoire. Quel que soit le champ d’application, l’écologie industrielle s’appuie en tout en premier lieu sur l’étude du « métabolisme industriel ou territorial », « l’analyse des flux de matières et d’énergies » sous-jacents à tout à toute activité humaine, en réalisant un bilan matière-énergie (Barles, 2014). L’écologie industrielle s’est alors construite autour de sa capacité à mettre en avant l’importance des interactions pour un fonctionnement circulaire de l’économie, moins gourmande en consommation de matières premières, d’énergies, moins productrice de déchets (Erkman, 1997) et l’ensemble des activités humaines consommant des ressources et/ou générant des déchets (Erkman, 2004).
En France, elle est propulsée au niveau des collectivités territoriales depuis l’adoption de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (TEPCV), et des programmes d’appui financier mis en place par l’Etat. Cependant, son expérimentation dans différents champs d’activités remonte à de nombreuses années, notamment depuis la mise en place de l’agenda 21 local. Au Québec, le même intérêt pour des dynamiques d’écologie industrielle et territoriale s’observe. Sous l’impulsion du Centre de Transfert Technologique en Ecologie Industrielle (CTTEI), des démarches se mettent en place dans différentes régions du pays. A ces synergies industrielles, s’ajoutent comme en France, des projets territoriaux d’écologisation des sources d’énergies en misant sur le potentiel de développement de biomasse de certaines régions.
L’objectif de ce projet de thèse est d’analyser les dynamiques d’écologie industrielle au travers des applications faites sur des périmètres industriels, tout en dégageant des impacts dans la construction d’un territoire durable. A cet effet, l’élément de discussion de cette thèse s’articule autour de cinq notions importantes que sont : les territoires, les acteurs, les flux, les initiatives, et les bénéfices (suivant les principaux fondements du développement durable). Cette thèse renvoie à une réalité territorialisée de l’application des dynamiques d’écologie industrielle, en termes d’efficacité technico-économique, environnementale et de responsabilité sociale. Elle explore ces dynamiques au travers de trois entrées :
- Analyser le potentiel des aires géographiques sur lesquelles sont faites les applications de l’écologie industrielle
- Analyser les interactions au sein du réseau d’acteurs au prisme de la théorie de la proximité
- Analyser les bénéfices économiques, environnementaux, sociaux voire culturels de la mise en œuvre de ces dynamiques.
Cette étude propose ainsi d’élaborer une analyse croisée des dynamiques en Nouvelle Aquitaine (France) et en Montérégie (Québec). En France, l’analyse des synergies industrielles se fera principalement sur des périmètres industriels de la Communauté Urbaine de Bordeaux (Ecoparc de Blanquefort, zone industrialo-portuaire de Bassens), et sur la zone d’activités de Périgny dans l’agglomération de la Rochelle qui possèdent des cas d’expérimentations concrètes de l’écologie industrielle. Au Québec, afin de répondre convenablement à la question posée, les synergies industrielles seront étudiées dans la municipalité régionale du comté de Pierre-Saurel (en Montérégie) sur la plateforme industrielle de Sorel-Tracy reconnue comme étant l’un des modèles d’application concrète de l’écologie industrielle au Québec (Beaudin-Quintin, 2013).
Par son approche interdisciplinaire, elle se fonde sur des outils comme l’analyse des flux de matières, l’analyse sociotechnique et politique qui sont opportunes pour comprendre le fonctionnement des filières, et qui renvoie à des préoccupations d’aménagement et de développement territoriaux (Bahers, 2012). Le cadre théorique proposera une mise en perspective de l’évolution du modèle économique et industriel depuis les années fastes des révolutions industrielles aux modèles de transition (de l’économie classique à l’économie circulaire), du territoire dans l’écologie industrielle, de la pérennité des démarches (interactions entre les acteurs, flux, bénéfices, etc.) et enfin de la dimension sociale (positionnement de l’écologie industrielle dans les sciences humaines et sociales). Tout au long de la recherche, des entretiens et des enquêtes seront conduits auprès de différents acteurs, ainsi que des visites de terrain et des participations à des réunions et à des groupes de travail pour la collecte des informations. La thèse combinera une approche qualitative et quantitative dépendamment des informations qui seront recueillies auprès des différents interlocuteurs.
Bibliographie :
Bahers J-B., (2012) « Dynamiques des filières de récupération-recyclage et écologie territoriale : l’exemple de la filière de traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) en Midi-Pyrénées ». Géographie, Université Toulouse le Mirail-Toulouse II.
Barles S. (2014) « L’écologie territoriale et les enjeux de la dématérialisation des sociétés : l’apport de l’analyse des flux de matières », Développement durable et territoires [En ligne], vol. 5, n°1 | Février 2014.
Beaudin-Quintin S. (2011) « Diagnostic des synergies et symbioses industrielles existantes dans la MRC de Pierre-De Saurel », Mémoire de Maîtrise, Université de Sherbrooke (Québec), 83p.
Erkman, S. (2004) « Vers une écologie industrielle », Paris, Édition Charles Léopold Mayer, 2ème édition.
Erkman S., (1997) « Industrial ecology: an historical view », Journal of Cleaner Production, vol. 5, n° 1-2, p. 1-10.
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