Présentation
En ce début de XXIe siècle, le vin et la vigne constituent une richesse importante pour bon nombre de pays. Les territoires viticoles, tout en conservant leurs qualités d’espace de production, développent des stratégies d’adaptation à la globalisation du marché et aux attentes des consommateurs toujours plus versatiles.
Or en raison de conditions orographiques particulières, les territoires de montagne et de fortes pentes voient leurs marges de manœuvre réduites. En effet, une grosse partie de leurs coûts de production reste bien souvent incompressible par rapport à la viticulture de plaine. Paradoxalement ces paysages viticoles, image du construit social et des équilibres environnementaux, participent à leur reconnaissance internationale.
Le travail présenté ici est né en réponse à la sensibilité croissante de ces vignobles de forte pente. En nous appuyant sur deux territoires d’étude, en France le vignoble de la Côte Vermeille et en Italie le val di Cembra, nous questionnons les spécificités de la viticulture de fortes pentes. Notre approche met l’accent sur les possibilités offertes par des méthodes empiriques de modélisation à base d’agents pour proposer un regard renouvelé sur le rôle des interactions société-environnement dans le maintien et le développement de ces territoires sous contraintes.
A travers une constellation de modèles multi-agents issus des questionnements récurrents des acteurs de la filière, et selon une démarche exploratoire et incrémentale, nous nous intéresserons ici à trois grands types de questions posées aux territoires viticoles de fortes pentes.
Le premier concerne la place du marché et ses conséquences sur les dynamiques de couvert végétal à petite échelle. Le second type de questionnement explore également les dynamiques spatiales du couvert végétal, mais se place à mezzo-échelle, et propose de s’intéresser à la définition des règles socio-économiques simples qui sous-tendent les dynamiques foncières à l’échelle de quelques communes. Enfin le dernier volet de ce travail se place à grande échelle et s’intéresse à des phénomènes très descriptifs.
L’ensemble de ces réflexions nous amènera ensuite à utiliser la modélisation co-construite avec les acteurs pour proposer une vision prospective globale pour les territoires de montagne et de fortes pentes. Cette approche prospective sera conduite en parallèle avec certains acteurs de la filière ce qui nous permettra de délimiter les variables structurelles propres aux systèmes de fortes pentes telles qu’elles sont ou non vécues par les acteurs. Basés sur la délimitation de ces variables, nous proposons enfin quatre scenarii prospectifs pour la viticulture en forte pente.
Summary
Wine and wineyards stand nowadays as a significant wealth for a number of countries. While retaining their properties as production space, vine-growing regions are developing adaptation strategies to market globalisation and to the ever more versatile consumer expectations.
Yet, due to the corresponding specific orographic conditions in steep and mountain territories/areas/regions, actor’s relative leeway is reducing ,. Comparatively to plain wine-growing, a large part of their production costs often remains indeed incompressible. On the other hand, these vine-growing landscape take advantage of such harsh conditions in terms of international recognition, as images of social construct and environmental equilibrium.
The work presented here emerged as a response to this steep vineyards’ sensitivity. This investigation relies on two study areas: the Côte Vermeille vineyards in France, and the val di Cembra in Italy. Our approach focuses on the opportunities granted by agent-based empirical modelling methods, in order to put forward a renewed look at the role of society-environment interactions in the sustainability and development of territories subject to constraints.
Using an exploratory and incremental method, three significant issues of steep vine-growing territories have been addressed, thanks to a constellation of multi-agent models, derived from questioning actors of this sector.
The first considers the market’s impacts on the small-scale plant cover dynamics. The second issue focuses on meso-scale plant cover dynamics and questions the definition of simple socio-economic ruleset, within the frame of land property dynamics and applied to the scale of a few municipalities. The last section of this work is dedicated to some descriptive phenomena within a large scale.
Thus, the sum of these reflections leads us to exploit co-designed modelling with the stakeholders in order to propose a global prospective vision for mountain and steep territories. This prospective approach is conducted in association with some of the players in the sector, thus allowing us to delineate the structural variables linked to steep systems in agreement with their experience. Based on these delineated variables, four prospective scenarii are put forward for the steep vine-growing activity.