ENVId’îles – Environnement et NouVeaux arrIvants dans les îles périphériques de Polynésie française
Projet Fondation de France

  • 01.10.2017 > 30.09.2023

Un projet de GEOLAB sur l’environnement et les nouveaux arrivants dans les îles périphériques de Polynésie française. 

Direction : Nathalie Bernardie-Tahir


       

Le laboratoire de Géographie Physique et Environnementale (GEOLAB – UMR CNRS 6042) a obtenu un financement de 150 000€ (pour un budget total de 280 000 €, somme de tous les co-financements) de la Fondation de France, qui lance chaque année un appel d’offre intitulé « Quels littoraux pour demain ?« .

Le projet ENVId’îles s’inscrit dans une recherche qui suscite aujourd’hui un intérêt grandissant, tant auprès des chercheurs que des acteurs locaux – il s’agit ici de questionner le lien qui se noue entre l’installation de nouveaux arrivants (un phénomène de plus en plus sensible ces dernières années) et l’environnement dans les îles éloignées de l’archipel polynésien.

Cette relation sera étudiée sous deux angles :

  • l’environnement (entendu à la fois comme ressource pour le développement d’activités fondées sur des ressources naturelles ou comme cadre de vie) comme moteur de nouvelles mobilités,
  • les différents impacts (écologiques, sociaux, culturels, économiques) de ces installations en termes de développement durable.

Ce projet s’inscrit dans l’axe Capital environnemental de GEOLAB, particulièrement sur les mobilités dans les espaces de marge et sur les singularités des espaces insulaires.

L’équipe, très pluridisciplinaire (géographes, anthropologues, écologues) est constituée de 14 personnes, dont 7 de métropole (4 de GEOLAB, 1 de l’Université de La Rochelle, 1 de l’Université de Brest et 1 de l’Université de Côte d’Opale) et 7 de Polynésie française. Elle implique également de manière très étroite les maires des communes concernées par l’enquête, particulièrement de l’archipel des îles australes. 

Résumé du projet

Le projet ENVId’îles s’inscrit dans une recherche qui suscite aujourd’hui un intérêt grandissant, tant auprès des chercheurs que des acteurs locaux : l’installation de plus en plus prégnante de néo-arrivants dans des territoires périphériques. C’est particulièrement le cas de certains petits territoires insulaires, le plus souvent empreints d’une forte ruralité qui, après des décennies de déclin économique, de déprise démographique et de marginalisation sociale, dans une large mesure liés aux contraintes de l’isolement et de l’exiguïté, sont aujourd’hui le théâtre d’une reprise sensible, expression d’un changement de regard des sociétés et d’une nouvelle forme d’attractivité territoriale. C’est particulièrement vrai en Polynésie française, où deux missions exploratoires réalisées en 2015 et 2016 dans le cadre du programme de recherche ID-îles (Initiative et Développement dans les îles), portant sur le néoentreprenariat dans les îles, ont révélé un renversement migratoire inédit dans certaines îles ou archipels périphériques et, plus largement, l’arrivée de nouvelles populations dans un grand nombre
d’îles selon des modalités rompant avec le modèle migratoire polynésien classique. Ces nouvelles installations sont protéiformes.

Elles émanent de personnes qui sont soit étrangères à ces îles (polynésiens, métropolitains ou étrangers), soit qui en sont originaires et qui y reviennent ; elles peuvent être subies ou choisies. Mais dans tous les cas, l’environnement semble jouer un rôle grandissant, à la fois comme ressource pour le développement d’activités largement fondées sur des ressources
naturelles (dans les domaines de l’agriculture ou du tourisme notamment), et/ou comme cadre de vie pour des individus qui lui accordent une place importante dans leur projet de vie, personnel et/ou professionnel. En retour, ces nouvelles installations impactent l’environnement de diverses manières.

L’impact peut parfois s’avérer négatif, avec une atteinte portée aux écosystèmes insulaires et littoraux, la consommation excessive d’espaces naturels et/ou la production supplémentaire de déchets. A l’opposé, l’installation de nouveaux arrivants peut avoir un effet bénéfique, au travers du rôle des néoarrivants dans la protection environnementale et, plus largement, dans le changement de regard et l’émergence de nouvelles représentations de la nature.

Ce projet de recherche propose ainsi d’étudier la relation particulière qui semble se nouer entre les néo-arrivants et l’environnement en Polynésie française, territoire emblématique d’une périphéricité à géométrie variable : à très petite échelle en constituant un territoire très lointain par rapport à la métropole française, et à grande échelle avec des îles polynésiennes éparpillées sur un territoire grand comme l’Europe occidentale. Il se focalisera sur deux îles, Tubuai (Australes) et Rangiroa (Tuamotus), qui sont à la fois en situation de centralité
secondaire à l’échelle archipélagique et de périphérie à l’échelle du territoire polynésien et national, où l’installation de néo-arrivants est significative et où elle est représentative d’une problématique environnementale spécifique.

Dans un contexte local marqué par une crise économique majeure et la montée des tensions et de la précarité sociales à Papeete, l’arrivée de néo-arrivants et la perspective d’un renouveau démographique et économique fondé sur des ressources ou aménités environnementales dans les îles polynésiennes représente un enjeu de taille. C’est pourquoi ce projet,
résolument ancré dans une recherche-action, suscite un vif intérêt auprès des acteurs locaux, que ce soit les élus des communes insulaires concernées, soucieux de garantir les conditions d’un développement durable de leur territoire, l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) qui accompagne l’installation de néo-entrepreneurs dans les îles ou encore le Ministère de l’Economie et des Finances.

Ainsi, en dehors des deux importantes actions à mener pour coordonner d’une part ce projet et pour mettre en œuvre d’autre part une véritable stratégie de co-construction et de médiation scientifiques (objet de deux tâches spécifiques), trois axes thématiques principaux ont été identifiés :

Il s’agira de mettre en évidence la place que revêt l’environnement préservé et/ou
idéalisé, comme ressource ou comme aménité, dans le projet de vie personnel et professionnel des
nouveaux arrivants.

Il conviendra ici d’analyser
l’incidence de l’installation et des pratiques domestiques et professionnelles des néo-arrivants sur
l’environnement, et de mesurer l’impact positif et négatif de celles-ci sur les écosystèmes, sur la
consommation des ressources ou sur l’évolution des paysages et des représentations de la nature.

Cet axe permettra d’évaluer l’enjeu économique, politique, social et culturel que représente, en contexte de crise,
l’installation de nouveaux arrivants, par bien des égards considérés comme les leviers potentiels d’un renouveau du développement insulaire local.

Îles ; Environnement ; Néo-arrivants ; Développement local ; Développement durable