MITI-CNRS « Relions-Nous »
REtisser les LIens : le lOup, l’agNeau, l’âne, les pâturageS et NOUS
Coordination
Dominique Taurisson-Mouret
GEOLAB, CNRS & FLSH Limoges
Anne Blondeau Da Silva
E2Lim & Université de Limoges
Participation
Soazig Villerbu
CRIHAM, FLSH Limoges
Programme soutenu par la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires du CNRS (2024-2025)
Les systèmes pastoraux basés sur la mobilité à plus ou moins large rayon et le plein air quasi intégral ont évolué sur le temps long, dans de nombreuses régions du monde, pour constituer des réseaux d’interrelations complexes liant les espèces entre elles et aux milieux. Ces processus coadaptatifs ont permis d’atteindre des équilibres fins garantissant sobriété et résilience. Au cours des dernières décennies, les modernisations agricoles ont partout déstabilisé ces patterns séculaires tout en induisant un double mouvement, de repli des régions (souvent de montagne) les plus ancrées dans ces systèmes pastoraux, dits extensifs, et de bascule des autres régions vers des dispositifs plus intensifs, mais aussi plus dispendieux, polluants, associés à des risques sanitaires élevés et des souffrances de différents ordres pour les humains et les animaux. Dans ce contexte, le retour récent du loup, éradiqué dans les années 30, constitue un bouleversement qui affecte particulièrement les systèmes pastoraux restés mobiles et en lien étroit avec les pâturages, par nature vulnérables, alors même que bergers, bêtes et prédateurs ont « rompu » les liens anciens et doivent forger de nouveaux savoirs afin de cohabiter.
Le projet Relions-Nous pour ambition d’analyser, via une approche intégrative et interdisciplinaire (associant histoire, écologie, anthropologie, géographie et génétique) des systèmes pastoraux extensifs français et de comprendre comment les liens inter et intra espèces fonctionnent et en quoi ils assurent la résilience et l’intégrité du tout. Nous nous demanderons comment la restauration de liens avec et entre les animaux dits auxiliaires et les prédateurs pourrait favoriser des gestions sobres et mieux ajustées, considérant tout particulièrement l’âne pour sa capacité à se lier au troupeau mais aussi à le protéger.
Ânes et loups constitueront nos points d’entrée pour repenser les systèmes pastoraux dans leur structuration profonde et analyser en quoi leur ré-enrichissement en termes d’interrelations permettrait de renouer avec des dynamiques coadaptatives et de transmission, essentielles en vue de retrouver des systèmes parcimonieux.