Guillaume Andrieu : l’expertise de notre université dans le domaine des travaux pratiques à distance est une nouvelle fois reconnue au niveau européen
L’Université de Limoges vient de remporter la coordination d’un projet européen Erasmus + (Capacity-building in the Field of Higher Education) de 988.730 euros d’une durée de 3 ans : le projet e-LIVES porté par Guillaume Andrieu et Claire Dalmay, tous deux Maîtres de conférences en Physique et chercheur.e.s à XLIM.
En quoi consiste e-LIVES ?
L’objectif du Projet e-LIVES (e-Learning Innovative Engineering Solutions) est de fournir des outils afin d’améliorer la qualité des formations à distance dans le domaine des sciences dures.
Il s’inscrit dans la continuité du projet EOLES (2012-2015, programme Tempus) dont nous étions déjà coordinateurs. Nous avons créé une formation de L3 en ligne dans le domaine Electronique et Optique. L’originalité consistait à proposer aux étudiants d’utiliser un laboratoire de travaux pratiques à distance, c’est à dire de manipuler de vrais instruments de chez eux ou de n’importe quelle connexion Internet. Le projet a été un succès, la formation L3-EOLES a été accréditée dans plusieurs pays (nous avons des doubles diplômes avec des universités tunisiennes et marocaines) et entame sa 4e année d’existence. Si nous avons réussi à développer un laboratoire de TP à distance, il faut avouer que l’essentiel du travail a été fait à Limoges, le transfert de compétences vers les autres partenaires (notamment du Maghreb) s’est révélé insuffisant de notre point de vue. e-LIVES veut donc aller plus loin. Il s’agit d’aider les pays partenaires du projet à lancer des formations à distance dans le domaine des sciences dures en les conseillant sur les principaux aspects à prendre en compte lors du montage (forcément complexe) de ce type de formations tels que par exemple :
- Aspect techniques : quels outils utilisés ? comment former les enseignants à leur utilisation ?
- Aspects juridiques : il y a des pays où rien n’indique, dans les textes de lois, qu’on a le droit de faire des formations à distance. Notre but est de faire évoluer les autorités et de leur montrer qu’il s’agit de formations performantes.
- Aspects financiers : Combien ça coûte, comment rémunère-t-on les enseignants ? Même en France, la question reste ouverte et les pratiques diffèrent suivant les universités.
Comment allez-vous procéder ?
Le but est qu’à la fin du programme, chaque partenaire se sente capable de lancer une formation à distance comprenant un laboratoire de TP à distance. Chaque université développera donc le même TP en parallèle. Si ce TP fonctionne à distance, le partenaire aura alors acquis toutes les compétences nécessaires et pourra en créer de nouveaux.
Nous organiserons des sessions de formation des enseignants afin de les sensibiliser à cette nouvelle façon d’enseigner et les former aux outils, des ateliers pour présenter l’avancée des travaux, des démonstrations de TP à distance, etc… Nous inviterons des autorités haut placées pour leur montrer l’intérêt de ce type de formations.
Nous écrirons un guide des bonnes pratiques et des relevés d’expérience qui seront en accès libre sur notre site web.
Par rapport au projet EOLES, nous avons intégré une entreprise espagnole (Labsland) qui développe des solutions logicielles pour les TP à distance qui pourrait nous permettre, y compris à l’Université de Limoges, de disposer une solution plus professionnelle. Nous travaillons également avec l’association IAOE (International Association of Online Engineering) qui promeut la formation à distance dans le domaine des sciences dures. Enfin, nous avons inclut, en plus d’universités marocaines, tunisiennes et algériennes, des universités jordaniennes à notre consortium.
Quelles sont les retombées pour l’Université de Limoges ?
L’expertise de notre université dans le domaine des formations à distance et plus particulièrement des travaux pratiques à distance a été une nouvelle fois reconnue par l’Europe après le projet EOLES. Nous allons essayer d’accentuer cette expertise, de trouver des solutions encore plus robustes pour les TP à distance en particulier.
Qui sont les partenaires ?
Ce projet, d’une durée de 3 ans, regroupe 13 universités partenaires originaires d’Algérie, de Belgique, d’Espagne, de France, de Jordanie, du Maroc, du Portugal et de Tunisie :
- University of Limoges (UNILIM), France
- Instituto Politecnico do Porto (IPP), Portugal
- KU Leuven (KU Leuven), Belgique
- Universidad Nacional de Educacion a Distancia (UNED), Espagne
- LabsLand Experimentia S.L. (Labsland), Espagne
- Cadi Ayyad University of Marrakesh (UCAM), Maroc
- University Abdelmalek Essaädi (UAE), Maroc
- Virtual University Of Tunis (UVT), Tunisie
- University of Kairouan (UniK), Tunisie
- University of Mostaganem Abdelhamid Ibn Badis (UMAB), Algérie
- University of Badji Mokhtar – Annaba (UBMA), Algérie
- Université 8 may 1945 Guelma (U8M45), Algérie
- Princess Sumaya University for Technology (PSUT), Jordanie
- Tafila Technical University (TTU), Jordanie
ainsi qu’une association (IAOE).
Quel est l’intérêt pour les partenaires ?
C’est de tenter de résoudre, en partie bien sûr, les problèmes qu’ils rencontrent grâce à l’enseignement à distance. Celui-ci s’adresse à des catégories d’étudiants un peu différentes par rapport aux formations en présentiel : des étudiants isolés géographiquement (en Algérie par exemple, qui est un pays très vaste, les étudiants potentiels peuvent vivre très loin de toute université), des étudiants en reprise d’étude ou ayant un emploi. Enfin, dans ces pays, le nombre d’étudiants peut être très important car la population est jeune et les frais d’inscription sont très faibles. Par exemple il y a environ 1500 étudiants en L1 Math-Physique à Marrakech. Organiser des TP est impossible dans ces conditions. En mettant à la disposition de ces étudiants des TP à distance, on peut tenter de répondre à ce type de problème.
Comment les crédits alloués par l’Europe seront-ils utilisés ?
Nous allons acheter des équipements pour que chaque université puisse développer des TP à distance. Le reste sera à répartir entre les frais d’organisation et de déplacements pour nos rencontres, ateliers et réunions, et les frais de personnels.
Quel est le taux de réussite de ce genre de projet ?
Cette année, environ 20% des projets déposés ont été acceptés. Nous avons eu l’honneur d’être sélectionnés à notre première tentative, comme pour le projet EOLES…
- Capacity Building : Les projets de renforcement des capacités dans le domaine de l’enseignement supérieur sont des projets de coopération transnationale fondés sur des partenariats multilatéraux conclus principalement entre des établissements d’enseignement supérieur situés dans des pays participant au programme et des pays partenaires admissibles.
Leur but est d’aider ces pays partenaires à :
- moderniser, internationaliser et renforcer l’accès à l’enseignement supérieur ;
- affronter les enjeux auxquels sont confrontés leurs établissements et systèmes d’enseignement supérieur ;
- renforcer la coopération avec l’UE ;
- se rapprocher de l’évolution suivie par l’enseignement supérieur dans l’UE ;
- encourager les contacts personnels, renforcer la compréhension et l’ouverture aux aspects interculturels.