Contrat doctoral 2015 – Sujet en Asie du Sud-Est

L’épilepsie est la première maladie neurologique non transmissible chronique dans le monde, concernant plus de 70 millions de personnes dont 80% vivent dans les pays en développement. Pourtant en Asie du Sud-Est, la prévalence de l’épilepsie semble à peine plus élevée que dans les pays développés (ex : entre 6 et 7‰ pour la France contre 7,7‰ au Laos ou 5,8‰ au Cambodge). Pour autant, cette pathologie neurologique constitue un véritable enjeu de santé publique mis en exergue par un indicateur clé : le déficit thérapeutique (treatment gap) peut être supérieur à 90%, particulièrement en zone rurale.

L’objectif principal de ce travail est d’identifier les itinéraires thérapeutiques des personnes vivant avec une épilepsie. Le contexte socioculturel et l’omniprésence des tradipraticens suggèrent que la médecine traditionnelle intervient presque systématiquement dans le parcours de vie d’un épileptique (notamment avec les plantes médicinales). Cependant, il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer comment ce traitement traditionnel cohabiterait avec un traitement conventionnel. L’état de l’art de la bibliographie montre une lacune d’étude combinant les deux approches (traditionnelle et conventionnelle) : interviennent-elles successivement ou simultanément ? Sont-elles complémentaires ou discriminante (une/autre) ?
L’approche méthodologique : basée sur des enquêtes de terrain, la collecte des données doit permettre d’étudier et de caractériser l’itinéraire thérapeutique de chaque individu interviewé. L’approche épidémiologique consistera à mettre statistiquement en évidence des itinéraires types, les conséquences/faits marquants caractérisant chacun d’eux, et de témoigner de parcours atypiques et de leurs conséquences.

Intégration dans l’équipe : Ce travail de doctorat sur les parcours thérapeutiques des épileptiques en Asie du sud-est s’intègre dans une réflexion plus large de l’équipe (optimiser l’accès aux soins des personnes épileptiques vivant en zone tropicale), qui permettra au candidat d’échanger (et pour certains de collaborer) avec d’autres doctorants de l’UMR conduisant leurs propres enquêtes au Pérou, au Laos ou dans plusieurs pays d’Afrique, notamment sur les questions de la qualité et de la disponibilité des traitements conventionnels, et dans une moindre mesure des traitements traditionnels. La contribution spécifique de ce doctorat à l’axe de recherche de l’UMR est donc de définir les facteurs pouvant expliquer les itinéraires types identifiés, et décrire des situations (positives/négatives) pouvant résulter d’itinéraires caractéristiques et identifiables.
Faisabilité : Concernant le site d’étude, le(a) doctorant(e) travaillera sur plusieurs districts qui ont récemment été concernés par un des programmes de recherches de l’UMR et pour lesquels nous disposons des contacts logistiques nécessaires (Médecin référent des hôpitaux de district, chefs de villages, personnels des centres de soins primaires, liste de patients épileptiques, etc).

Résultats attendus : La chronologie, la nature des remèdes traditionnels, la période de vie à laquelle ces choix (orientations) sont faits, et la durée (adhérence au traitement) sont autant de paramètres inconnus qui seraient de premier intérêt pour identifier des leviers d’actions permettant d’optimiser la prise en charge des patients.

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Expérience souhaitée/profil

Le candidat devra être titulaire d’un master de Santé Publique, et si possible avoir une connaissance de l‘épilepsie. Il doit disposer de compétences méthodologiques afférentes aux investigations épidémiologiques (enquête des terrains, connaissance des registres du système de soins).
Une candidature d’une personne originaire de cette zone géographique serait appréciable pour la compréhension des contextes socio-culturels. Ce sujet conduira à des collaborations inter-doctorants car il est connecté à 3 autres sujets de doctorats ou Master actuellement conduits au sein de l’unité et dont l’extension serait très pertinente : (i)les barrières d’accès aux traitements épileptiques en zone tropicale, (ii) la qualité des traitements antiépileptiques dans les différents circuits d’approvisionnement des patients, et (iii) le recours aux plantes médicinales pour le traitement de l’épilepsie en zone tropicale.