ANR EPIDEMCA

Epidémiologie des démences en Afrique centrale

Dans la continuité du programme EDAC , l’objectif général de ce projet était de comparer la prévalence des démences et syndromes apparentés entre les zones urbaines et les zones rurales dans deux pays d’Afrique Centrale (en République du Congo et RCA) et d’évaluer les facteurs associés. Ce projet a été possible grâce à la structuration de groupes de recherche centrafricains et congolais dirigés par des enseignants-chercheurs associés (P. Mbelesso, A. Mouanga).

Plusieurs objectifs spécifiques ont été poursuivis :
– adapter les outils existants au contexte africain ;
– déterminer la prévalence en zones urbaines et rurales et étudier les profils neuropsychologiques des sujets déments ;
– étudier les facteurs de risque de ces affections (âge, niveau d’éducation, facteurs individuels et environnementaux), et les relations entre ces facteurs et les profils neuropsychologiques ;
– déterminer si des variations génétiques peuvent modifier le risque de démence ;
– constituer une banque d’échantillons sanguins de personnes démentes ou avec des troubles cognitifs ainsi que de sujets contrôles afin d’effectuer des recherches ultérieures biologiques, génotypiques et phénotypiques.

Dans un premier temps, les outils de dépistage et de confirmation tels que le « Community Screening Interview for Dementia », le test des 5 mots ainsi que le Grober et Buschke ont été adaptés aux langues et aux cultures locales. Une validation de ces outils a été réalisée auprès des populations identifiées dans la deuxième phase du programme Corus 2 avant la mise en place des enquêtes de l’ANR EPIDEMCA. L’équipe a ainsi participé à la validation du CSI-D / GMS-AGECAT dans sa version française en collaboration avec V. Camus (Inserm U 930, Tours) et M. Prince (10/66, King’s College, Londres). Les versions locales des outils ont été validées en Afrique Centrale. L’utilisation du CSI-D / GMS lors de nos enquêtes permettait d’estimer la prévalence des démences également selon les critères diagnostiques du 10/66 et les résultats ont été comparés avec la littérature sur les démences dans d’autres pays en développement établie par le groupe de recherche du 10/66.

Tous les sujets inclus et consentants bénéficiaient d’un prélèvement sanguin qui permet de rechercher plus précisément le lien entre les démences et certains facteurs biologiques tels que la C-Reactive Protéine et le taux de cholestérol total. L’association de polymorphismes du promoteur de l’APP avec le risque de développer une démence a donc été évaluée dans ces populations africaines. Grâce aux dosages de différents peptides Aβ, des corrélations génotypes/phénotypes peuvent être mises en évidence pour renforcer potentiellement l’implication de ces polymorphismes dans le processus physiopathologique de la maladie d’Alzheimer au sein de certaines populations africaines.


PRINCIPAUX RESULTATS

Le programme ANR EPIDEMCA a ainsi permis de comparer la prévalence des démences et troubles cognitifs dans les zones urbaines (Bangui et Brazzaville) et rurales (Nola et Gamboma) de ces deux mêmes pays (RCA et Congo), ainsi que d’y investiguer différents facteurs associés (Guerchet et al. 2014). En appliquant un échantillonnage représentatif des populations urbaines (inclusion de tous les arrondissements) et une méthode porte- à- porte en zone rurale, la prévalence brute des démences n’était pas différente d’un site à l’autre et variait de 5,7% IC95% : 3,9-8,0 à Gamboma, à 8.5% IC95% : 6,1-11,3 à Nola (Guerchet et al. 2013). Grâce à la traduction en français du Community Screening Interview for Dementia et du Geriatric Mental State et la validation de l’algorithme diagnostique du 10/66 pour le diagnostic de démence (Se=94,7% ; Sp=97,3% ; kappa=0,88) dans une population de sujets âgés, les critères de démence du 10/66 seront également appliqués dans cette population.

La recherche de facteurs nutritionnels associés aux troubles cognitifs dans ces zones a montré une forte association avec la dénutrition selon plusieurs marqueurs ainsi que l’association des certains groupes alimentaires avec la présence de troubles cognitifs. Du côté psychosocial, une personnalité dépendante était associée à la présence de troubles cognitifs, et avoir vécu des évènements de vie traumatisants associé à la présence de troubles cognitifs mais pas de démence (Pilleron et al. 2014, 2015 et 2015). Des liens entre la présence d’une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) et la présence de troubles cognitifs ont été décrits dans des pays à revenus élevés voire intermédiaires, ayant fait l’objet d’une revue systématique par notre groupe. Cependant, aucune donnée n’était disponible concernant l’Afrique sub-saharienne (Guerchet et al. 2011). Une association a été retrouvée entre la présence d’un index de pression systolique (IPS) pathologique, marqueur d’AOMI et la démence (OR : 2,4 IC95%: 1,4-4,3) (Guerchet et al. 2013).

Mots-clés : Démences, Maladie d’Alzheimer, personnes âgées, prevalence, facteurs associés, génétique, Afrique Sub-saharienne ou Afrique Centrale ——————————————————————————————————————————————–

En partenariat avec :


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Programmation : 2009 – 2012

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Productions scientifiques

Publications Colloques Posters

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Coordination

Pierre-Marie PREUX

Responsable scientifique
PU PH

Chercheur(euse)s impliqué(e)s

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