Thèse de Marie-Héléna Jkayem
Activité physique chez les patients atteints de maladies chroniques dans un contexte de crises multiples – APPAMC
Contexte
La prévalence des maladies chroniques ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies, à l’échelle mondiale comme au Liban en raison de l’évolution des modes de vie des populations. L’inactivité physique est particulièrement élevée chez les adultes et les enfants/adolescents du monde arabe (Sharara et al., 2018), tandis que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) présente l’un des taux les plus élevés de maladies non transmissibles au monde (Magliano et al., 2021).
A l’échelle mondiale, les maladies non transmissibles (MNT) sont responsables d’environ 41 millions de décès chaque année. Représentant 71 % de tous les décès (WHO, 2023), l’activité physique (AP) inadéquate et le comportement sédentaire contribuent largement à l’obésité et à d’autres maladies non transmissibles qui entraînent des décès prématurés et donc évitables (Chong Do Lee, 2003; Kyu et al., 2016). Il a été suggéré que l’activité physique pourrait potentiellement contrôler et réduire efficacement le fardeau de l’obésité à différents stades du développement humain (Sj et al., 2015). Récemment, il a été montré que l’augmentation du temps sédentaire était associée à un risque accru de maladies chroniques et à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues (Biswas et al., 2015; Richard Patterson, 2018).
Au Liban, l’incidence des maladies chroniques continue d’augmenter en raison des changements dans le mode de vie libanais (moph, 2019). Avec l’accumulation des crises économiques au Liban, la situation continue de se détériorer, en particulier suite aux confinements liés à la pandémie de la COVID-19. Cela a conduit à la fermeture des salles de sport commerciales, des terrains de jeux et des parcs urbains, obligeant les gens à envisager une activité physique en intérieur, qui finalement conduit à une diminution de l’activité physique et une augmentation du comportement sédentaire (Górnicka et al., 2020).
Au-delà des considérations de santé publique, l’engagement des individus dans un mode de vie actif a des effets positifs en matière de santé. Cette thèse de doctorat vise ainsi à évaluer l’impact des crises simultanées au Liban sur les niveaux d’activité physique des patients atteints de maladies chroniques et s’organise autour de études.
Dans un premier temps, une revue systématique sera menée pour recueillir des données sur les comportements d’activité physique dans les populations résidant dans des pays ayant connu une ou plusieurs crises économiques. L’objectif est d’identifier et d’analyser les facteurs associés à l’engagement d’activité physique dans ces contextes particuliers.
Ensuite, afin d’approfondir notre compréhension des enjeux liés à la pratique d’activité physique chez les patients atteints de maladies chroniques, une vaste enquête transversale sera lancée.
Pour le recrutement, un échantillonnage en deux étapes sera réalisé, d’abord stratifié puis en grappes ; dans chaque grappe, un échantillon aléatoire sera prélevé. Pour l’échantillonnage stratifié, les strates formeront les 9 gouvernorats libanais (Beyrouth, Akkar, Baalbek-Hermel, Mont Liban, Kesrouane et Jbeil, Nord, Bekaa, Sud et Nabatieh) (Éric Verdeil, Ghaleb Faour et Sébastien Velut, 2007). A noter que les régions du Sud, Nabatieh et Bekaa ne seront pas incluses dans l’étude pour des raisons de sécurité suite à la guerre israélienne qui se déroule dans ces régions (Libnanews, 2025; Unicef, 2024).
Ensuite dans chaque strate, un échantillonnage en grappes aura lieu pour choisir un nombre proportionnel de centres de santé entre tous les centres de santé présents dans chaque strate, de manière à avoir au total 20 centres de santé inclus dans l’étude. Une liste exhaustive de tous les centres de santé de chaque région sera obtenue pour sélectionner les centres. Les centres de santé inclus seront visités pour recueillir des données auprès des patients atteints de maladies chroniques consultant dans ces centres (Sarnaik, 2024).
Dans chaque centre de santé, nous sélectionnerons aléatoirement des patients pour vérifier leur éligibilité afin de les inclure dans l’étude. Les patients seront libres de participer à l’étude et leur consentement sera obtenu avant la collecte des données s’ils répondent aux critères d’éligibilité.
Au delà des données cliniques, les patients (actifs et non actifs) rempliront un questionnaire visant à évaluer leurs habitudes d’activité physique avant la crise économique, et leurs comportements actuels dans un pays toujours en crise. Cette collecte de données permettra la comparaison des facteurs influençant l’activité physique chez les patients souffrant de maladies chroniques, tant avant qu’au cours des périodes de crise.
Les objectifs spécifiques de cette enquête sont triples : (i) mesurer avec précision la prévalence de la pratique d’activité physique chez les patients chroniques ; (ii) identifier les facteurs associés à ces pratiques ; et (iii) évaluer les effets de la pratique d’activité physique sur la santé mentale et la qualité de vie (QoL) des patients afin de mieux cerner les impacts de ces comportements sur leur bien-être général.
In finé, ce doctorat doit permettre d’éclairer les stratégies de santé publique, guider la prise de décision, contribuer a relever le défi des transitions épidémiologiques en développant des politiques de prévention des maladies chroniques adaptée à la situation d’un pays en crise.
Mots clés : Maladies chroniques, Activité physique, Comportement sédentaire, Crises économiques, Santé publique
[Octobre 2024 – Octobre 2027]

Marie-Héléna JKAYEM
Doctorante
mariehelena.jkayem@unilim.fr
Sous la direction de :
Farid BOUMEDIENE
Directeur de thèse IGR HDR

Pascale SALAMEH
Co-direction PharmD, MPH, PhD, PU-PH
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