Toxo DFA
Toxoplasmose cérébrale et SIDA dans les départements français d’Amérique.
Apport diagnostique de la PCR et diversité génétique de Toxoplasma gondii.
L’incidence du VIH est beaucoup plus importante dans les départements français d’Amérique (DFA) qu’en métropole, ce qui constitue un problème de santé publique notamment en Guyane française.
La toxoplasmose cérébrale est une cause majeure d’infection opportuniste chez les patients atteints de SIDA dans les DFA, du fait de sa fréquence (c’est la deuxième cause d’infection opportuniste aux Antilles françaises) et du fait de sa gravité (c’est la deuxième cause de mortalité en Guyane française après l’histoplasmose). Le problème c’est que le diagnostic de la toxoplasmose cérébrale n’a toujours pas évolué depuis les années 80 avec la découverte du VIH/SIDA et l’utilisation du scanner : il est toujours basé sur la mise en route du traitement d’épreuve anti-toxoplasmique devant des signes neurologiques et un scanner cérébral compatible. La réponse au traitement d’épreuve spécifique vient a posteriori confirmer le diagnostic.
La biologie n’a toujours pas trouvé sa place dans le diagnostic, en particulier la PCR dans le sang qui a une sensibilité médiocre dans les études conduites en Europe (13–30%). En zone tropicale, les études ont été réalisées uniquement en Amérique du Sud et montrent des résultats de sensibilité très discordants, allant de 1 à 80%. Il y a donc besoin de ré-évaluer la performance de la PCR dans le diagnostic de la toxoplasmose cérébrale chez les patients atteints du VIH en zone tropicale.
Objectif principal : évaluer la performance diagnostique de la PCR en temps réel à partir du sang dans la toxoplasmose cérébrale chez les patients atteints de SIDA dans les départements français d’Amérique (DFA). Objectifs secondaires : isolement, typage génétique et mise en collection des souches de Toxoplasma gondii à l’origine de toxoplasmose cérébrale chez les patients atteints de SIDA dans les dans les départements français d’Amérique (DFA).
La même séquence d’ADN cible (REP 529) de Toxoplasma gondii amplifiée par PCR en temps réel a été utilisée aux laboratoires de Cayenne et de Limoges. A la fin de l’étude, tous les ADN testés à Limoges ont été re-testés à Cayenne et vice versa. La sensibilité de cette technique dans le diagnostic de la toxoplasmose cérébrale à partir du sang chez les patients atteints de SIDA dans les DFA a été évaluée par rapport au Gold standard basé sur la réponse clinique et radiologique du traitement d’épreuve anti-toxoplasmique. Un comité d’experts constitué de deux infectiologues, un neuro-radiologue et un parasitologue a examiné tous les dossiers des patients inclus afin de classer les cas en 4 groupes (toxoplasmose cérébrale certaine ou probable, absence certaine ou probable de toxoplasmose cérébrale).
La sensibilité de la PCR est de 25,00% [IC 95% : 12,12%–42,20%]. Ainsi, la capacité de la PCR à détecter les patients atteints de toxoplasmose cérébrale est faible. La spécificité de la PCR est de 100,00% [IC 95% : 63,06%–100,00%]. Ainsi, la capacité de la PCR à détecter les patients non malades est maximale. Les résultats obtenus permettent de dire que la PCR est modérément reproductible d’un centre à l’autre avec un coefficient de KAPPA de Cohen estimé à 0,5528 [IC 95% : 0,2112–0,8945]. Ce coefficient indique une concordance réelle non due au hasard de 55,28%. L’analyse par régression logistique multivariée a montré que les patients avec troubles de la conscience ou coma (correspondant aux formes graves de la maladie) et ceux qui n’étaient pas migrants (patients nés dans les DFA) avaient un plus faible risque de résultats faussement négatif par PCR. La PCR n’est pas recommandée à partir du sang pour le diagnostic de la toxoplasmose cérébrale chez les patients atteints du SIDA dans les départements Français d’Amérique en raison d’une mauvaise sensibilité. Le seul intérêt de la PCR serait dans les formes les plus graves de toxoplasmose cérébrale avec altération de la conscience parce que dans ces situations la PCR est plus susceptible d’être positive. Même dans ces cas, il semble difficile d’atteindre une bonne sensibilité car la concentration en ADN de Toxoplasma gondii est très faible. Les protocoles de PCR doivent être parfaitement optimisés car les résultats positifs de la PCR sont à la limite du seuil de détection de la technique, ce qui limite donc la concordance des résultats des différents laboratoires. La sensibilité de la PCR ne semble pas dépendre de la structure génétique des souches de T. gondii dans cette zone des Amériques bien que la sensibilité de cette technique puisse varier en fonction de l’origine géographique des patients pour des raisons non identifiées. Nous croyons que nos résultats seraient valables dans tout milieu tropical à l’exception d’autres parties de l’Amérique du Sud tropicale, en particulier au Brésil, où la diversité des souches de Toxoplasma gondii est beaucoup plus complexe que dans les Antilles françaises et les zones anthropisées de la Guyane française. D’autres études sont nécessaires au Brésil pour savoir si des différences génétiques de souches de Toxoplasma gondii acquises localement sont susceptibles d’expliquer la variation régionale de la sensibilité de la PCR pour détecter Toxoplasma gondii dans des échantillons de sang de patients atteints de SIDA avec toxoplasmose cérébrale.
——————————————————————————————————————————————– Mots-clés : Toxoplasma gondii, Guyane française
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Programmation : 2008 – 2012
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Publication
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Coordination
Chercheur(euse)s impliqué(e)s
Marie-Laure DARDE
NeuroparasitosesPU PH
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En partenariat avec :
Magalie Demar, Félix Djossou, Stéphane Simon
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Rachida Boukhari, Cyrille Vautrin———————-
André Cabié, Nicole Desbois-Nogard———————-
Avec Isabelle Lamaury, Muriel Nicolas——————————————————————-