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Lire… Où l’herbe ne pousse plus, Le roman retrouvé d’Oradour de Georges Magnane, Préface de Pascal Plas et Thomas Bauer, Lamazière-Basse, Maiade éditions, 1ère édition : 1953, réédition : 31 mars 2016, 280 p.

A l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à Limoges en juin 2014, à l’initiative de Thomas Bauer, Maître de conférences à l’Université de Limoges, autour de Georges Magnane, Maiade éditions avait décidé de faire une place à son roman Gerbe baude, dans sa collection « Roman retrouvé », à côté de Marcelle Tinayre et de Louise Michel. Voici aujourd’hui la réédition, dans la même collection, d’un autre roman très fort de Georges Magnane, Où l’herbe ne pousse plus, qui relate le drame d’Oradour, paru en 1953 aux éditions Albin Michel.

L’auteur
Dans le Limousin d’autrefois, les enfants “qui apprenaient bien” étaient poussés vers l’Ecole Normale d’instituteurs. Mais qui eût dit que le jeune René Catinaud, vrai petit paysan de Neuvic Entier, en Haute-Vienne, dans la région d’Eymoutiers, se serait ainsi éloigné de sa langue et de son Limousin pour étudier à Paris et à Oxford, enseigner l’anglais, devenir le romancier Georges Magnane, et se faire tour à tour journaliste, dramaturge, scénariste, sociologue et traducteur des plus grands romanciers américains, lui-même romancier, édité par Gallimard et Albin Michel entre 1940 et 1980 (il frôla même le Goncourt).

Le roman 
Revenant dans son pays après la guerre, par un froid matin de décembre 1949, son père est mourant. Il se rend dans ces circonstances à Oradour-sur-Glane. Ce village, étonnant de ressemblance avec celui dans lequel il a grandi, est désormais figé dans le temps. Choqué, s’imaginant à la place de ces disparus, il voit Oradour comme la tragédie de son père, des siens, de ces paysans qui lui ont forgé sa vision du monde et de l’existence. « Dès ce jour, précisera-t-il plus tard, je sus que j’écrirai le livre et je vis très nettement en quelques minutes ce qu’il serait ! ».
Et il l’écrivit. En voici les premières lignes :
« Le grondement des camions, ce jour de juin 1944, ne lui parut suspect que longtemps après qu’il l’eut entendu. Les nouvelles de la débâcle allemande, écoutées chaque soir à la Radio, lui avaient semblé aussi peu surprenantes que, quelque trois ans plus tôt, les annonces violemment tambourinées de la ruée vers l’Est : ce n’était pas son affaire. Il avait fait ce qu’il avait pu pour sa famille, pour les réfugiés, pour les affamés de la ville qui s’adressaient à lui ; il avait empli ras bord chaque journée du labeur le plus harassant. Alors, tant pis pour ceux qui avaient joué avec le tonnerre et la mort. Il ne jouait pas, lui, il n’avait pas le temps… ». C’est le roman d’Oradour.

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