Du Limousin au Staffordshire : L’ESPE de l’académie de Limoges encourage la mobilité de ses étudiants
Deux écoles élémentaires du Staffordshire en Grande-Bretagne ont accueilli cinq étudiantes de l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE) de Limoges et de Tulle pour un stage accompagné de trois semaines, du 15 janvier au 2 février 2018. Ces étudiantes, en Master 1 Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF), Mention premier degré, se destinent au métier de Professeur des écoles. Juliette, Pauline et Alice, en Master à Limoges, ainsi que Claire et Mélanie, étudiantes à Tulle, se sont aventurées dans la région des Midlands de l’Ouest, jumelée avec le Limousin pour son histoire commune de la céramique.
Brigitte Caillaud-Fromholz, enseignante à l’ESPE, a mis en place ce partenariat en 2014 avec la collaboration de ses collègues britanniques, Diane Swift et Kate Smith, enseignantes à Keele and North Staffordshire Teacher Education, dans la ville de Newcastle-under-Lyme. Avec le soutien de l’Université de Limoges, l’ESPE démontre sa volonté politique d’encourager la mobilité, en allouant une bourse par ses fonds propres et par le biais de l’AOI (l’Appel à Projets International financé par la Région Limousin) aux étudiants partants.
Au-delà de l’enrichissement culturel, ces échanges permettent aux professeurs en devenir de découvrir des approches et des méthodes pédagogiques différentes du système français. En Angleterre, les horaires de classes réduits, l’apprentissage de la lecture comme matière à part entière ou encore l’« Assembly », ce moment de rassemblement de toute l’école, sont autant de particularités que nos étudiantes ont observées. En classe, Pauline analyse la répartition des élèves en îlots, par groupes de 4 à 8. Bien que cette organisation favorise le bavardage, cela permet de bâtir, selon-elle, « une réelle cohésion », de privilégier « l’ouverture d’esprit et le savoir-vivre ensemble ».
Les stages sont des éléments centraux dans le programme du Master MEEF. La sélection pour effectuer une mobilité s’appuie sur la qualité des dossiers et l’appréciation portée à l’issue d’un premier stage de pratique accompagnée. La maîtrise de la langue du pays d’accueil est un critère important puisque les exigences pour l’évaluation sont les mêmes que pour les étudiants effectuant leur stage en France. Nos étudiantes, qui n’hésitent pas à s’entraider, se sont très vite acclimatées. Après quelques jours d’adaptation, notamment pour comprendre les enfants parlant vite, et grâce à la bienveillance des encadrants et des universitaires, une synergie se crée. « Les élèves et les professeurs s’adaptent facilement et nous aussi naturellement » relate Juliette. Les aspirantes enseignantes s’investissent en organisant des séances, parfois en français selon les niveaux des classes, pour partager leur culture et présenter les villes de Limoges et de Tulle aux élèves, curieux et très intéressés, qui « posent beaucoup de questions, notamment sur la culture française […] et sur la géographie », précise Mélanie.
Pour certaines, cette expérience ébauche de nouvelles perspectives. Comme pour Pauline, qui aimerait partir à l’étranger pour « enseigner dans une école française, notamment en Italie ». Alice, qui a énormément apprécié le système éducatif britannique, « aspire à, un jour, peut-être, enseigner là-bas ».
Ces mobilités de courtes durées ne sont pas proposées dans tous les Masters MEEF. Historiquement parlant, le Staffordshire avait, de longue date, une tradition d’échanges avec le Limousin. Mais c’est surtout en 2003, grâce aux accords bilatéraux du Touquet entre l’Angleterre et la France, que la coopération éducative entre ces deux pays s’est intensifiée. Jusqu’en 2015, L’ESPE de Limoges, ex-IUFM du Limousin, était engagé dans un jumelage avec le Bradford College (West Yorkshire). La fin des financements institutionnels en 2011 ainsi que des changements pédagogiques ont considérablement ralenti puis arrêté les partenariats existants. C’est grâce à la volonté politique de l’ESPE, ainsi qu’à la ténacité de Brigitte Caillaud-Fromholz, enseignante à l’ESPE, et de Diane Swift, responsable de la formation des enseignants du 1er Degré à la Staffordshire-Université de Keele, que, dès mars 2015, un premier groupe d’étudiants limousins fut accueilli en stage dans une école de la région Newcastle-under-Lyme. Ces échanges fructueux sont désormais reconduits chaque année et se sont étendus à d’autres pays partenaires : l’Espagne et la Belgique.
Parallèlement, Brigitte Caillaud-Fromholz note « des répercussions sur la mobilité et l’implication des enseignants-chercheurs dans des collaborations à travers des programmes européens qui sont à encourager voire, à amplifier ». Grâce aux rencontres faites sur place dans le cadre d’un Erasmus+ « Teaching » et du suivi des stagiaires, Jill Salomon, enseignante à l’ESPE de Tulle, met en œuvre un eTwinning entre une classe à Seabridge Primary School et une école primaire au nord de Limoges. Cette plateforme de coopération vise à encourager les échanges pédagogiques au niveau Européen, en favorisant l’utilisation des Technologies de l’Information et la Communication pour l’Enseignement (TICE). Au fil du temps, les liens se tissent et se renforcent : l’ESPE vient de s’engager dans un projet Erasmus+, proposé par leurs partenaires de Keele : « Pathways to Inclusive Pedagogy ».
Depuis leur mise en place, ces échanges donnent un nouveau souffle à la formation du professorat. Les observations des stagiaires et des formateurs impliquent l’ensemble des étudiants de Master MEEF dans une réflexion sur les pratiques pédagogiques. Si de nombreux freins restreignent encore la mobilité, financiers et linguistiques notamment, l’ESPE de l’Académie de Limoges et les enseignants à l’origine de ces échanges démontrent qu’il est possible de mettre en place des partenariats productifs, sources de réflexion et de collaboration pour toute la communauté de l’école du professorat.