LA CLASSE ENTRE ACTIVITÉS IN SITU ET À DISTANCE : QUELLES FORMES DE PRÉSENCE ?
Thierry GOBERT
Les apprenants manifestent un engouement fort pour les communications extra-pédagogiques. Pour le satisfaire, les dispositifs socio-numériques implémentés dans les téléphones évolués constituent les moyens d’accès les plus plébiscités. Les étudiants les utilisent en multipliant les stratégies mais des conduites spécifiques apparaissent et sont identifiables. Dans l’enceinte de la classe, elles se traduisent notamment par des formes d’attention et de présence distribuées entre les différentes activités in situ et à distance. Les hubs sociaux mobilisent des ressources cognitives. Le maintien d’une activité de veille pour les sollicitations extérieures au sujet premier de concentration engendre des séquences comportementales identifiables. Elles reposent sur un faisceau de biais d’optimisme qui se manifestent notamment par des illusions de contrôle, de compétence et de présence multivariée. Nous questionnerons les effets de ces modes de présence sur les processus attentionnels. Qui est Thierry GOBERT : Thierry Gobert est enseignant-chercheur en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) au Centre de Recherche sur les Environnements et les Sociétés Méditerranéennes (CRESEM) de l’Université de Perpignan Via Domitia (UVPD). Ses travaux interrogent la récep- tion du numérique par les apprenants de différents secteurs d’activités et les facteurs humains à l’œuvre avec les interfaces électroniques des instruments de bord en aviation. Les activités contemporaines, développées en recherche-action, abordent les illusions de contrôle et de compétence avec les TICE, la conso-création, les orthèses cognitives, les formes de présence et d’attention.
COURS EN LIGNE : QUELLE PLACE POUR LES INSTITUTIONS DU SAVOIR À L’HEURE DE L’ÉCONOMIE DES DATA ?
Geoffroy GONZALEZ
Il s’agira de tenter une caractérisation analytique des cours en ligne, qu’ils soient massivement ouverts ou non, et par là d’esquisser une critique de leurs modes de fonctionnement en gardant à l’esprit l’analyse que Bernard Stiegler a proposée de cette tendance désormais majoritaire du web et des technologies numériques en général à promouvoir une «économie des data» qu’il considère contraire à l’objet des institutions du savoir. Je proposerai alors de revenir sur les expérimentations qui ont été menées sur le mode de la recherche-action autour de cette critique et de cette analyse, et qui ont visé à proposer un modèle alternatif de cours en ligne. Qui est Geoffroy GONZALEZ Geoffroy Gonzalez, dit « Paul-Emile Geoffroy », est diplômé d’un Master de philosophie à l’Université Paris 10 Nanterre et d’un Master de traduction anglaise à l’Université Toulouse le Mirail. En 2016, il a entamé une recherche doctorale consacrée aux technologies de contribution au sein de la Chaire de Recherche Contributive de Plaine Commune, qui est dirigée par Bernard Stiegler. A la commande du syndicat UNSA-Education, il a rédigé en 2016 un rapport sur l’évolution des institutions du savoir dans le cadre de la généralisation des technologies numériques.
LA LECTURE NUMÉRIQUE : QUELLES CONSÉQUENCES COGNITIVES ?
Thierry BACCINO
À l’heure du web 2.0 qui multiplie les usages de la toile dans un souci affiché de simplicité d’utilisation, on peut interroger l’impact des supports de lecture électronique actuels sur le système cognitif du lecteur. Le propos de l’intervention permettra de faire le point sur les compétences et les performances du « lecteur numérique » par rapport au lecteur d’antan (sur papier) ainsi que sur les conséquences en termes d’apprentissage et de pédagogie. Seront présentées les capacités de perception visuelle, d’attention, de compréhension et de mémoire qu’impliquent les supports électroniques ainsi que la possible adaptation du lecteur. Qui est Thierry BACCINO : Thierry Baccino est Professeur de Psychologie Cognitive des Technologies Numériques à l’Université de Paris VIII et Directeur Scientifique du Laboratoire LUTIN (EA 4004) au Musée des Sciences et de l’Industrie (La Villette). T. Baccino a obtenu son doctorat de psychologie cognitive à l’Université d’Aix-en-Provence (1991). Après un séjour post-doctoral (1991-1992) à l’Université de Dundee (UK), il est successivement Maître de Conférences (1992-1997) et Professeur (1998-2009) à l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Il a obtenu un prix Fulbright (2004) et plusieurs mobilités de recherche : délégation au CNRS (2008-2009), visiting professeur (Allemagne, Italie, Espagne), une Chaire d’Excellence AXA (2nd Holder en Neuroergonomie à l’ISAE – Toulouse). Il est, depuis 2005, expert scientifique et Vice-Chair à la commission européenne – DG Research (Bruxelles) et au comité d’évaluation de l’ANR et de l’AERES. En 2014, il a été élu Vice-Président de la Division 14 (Applied Cognitive Psychology) de l’International Association of Applied Psychology (IAAP).
LE E-LEARNING : POURQUOI LES TRANSFERTS ENTRE PRATIQUES SOCIALES ET NUMÉRIQUES NE VONT- ILS PAS TOUJOURS DE SOI ?
Cathia PAPI
Le e-learning, correspondant à l’implication des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la formation en classe, hybride ou à distance, apparaît, de- puis le tournant du siècle dernier, comme un moyen de renouveler l’éducation et de faci- liter l’apprentissage. Nous avons, dans nos travaux antérieurs, mesuré l’appréciation que les apprenants font de divers dispositifs de e-learning. Nous proposons de présenter les résultats de ces enquêtes. Au vu des réponses des enquêtés, nous questionnerons les rai- sons, tant anthropologiques que pratiques, qui mettent en tension l’appréciation des apports des technologies numériques dans l’éducation et celle des formes relativement «tradition- nelles» de formation. De fait, nous verrons les raisons pour lesquelles, bien qu’étant des usa- gers quotidiens de certaines technologies, les étudiants développent des attentes et compé- tences en e-learning moins fortes que celle vé- hiculées par l’idée de génération numérique. Qui est Cathia PAPI : Spécialisée en formation à distance, Cathia Papi est professeure au département d’éducation à la Téluq au Canada et chercheure au Centre Universitaire de Recherches sur l’action Publique et le Politique (CURAPP) de l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV). Responsable de la mise en place du certificat informatique et internet (C2i) à l’UPJV entre 2008 et 2014, elle a cherché à cerner les représentations et pratiques instrumentées des étudiants. Ses recherches portent ainsi sur les usages des technologies, la persévérance, l’accompagnement et l’interaction dans la formation universitaire, notamment en ligne.
ECHANGES AVEC LE PUBLIC
Suite aux différentes interventions lors de la journée pédagogies universitaires et numérique, Cathia Papi, Thierry Gobert et Geoffroy Gonzalez proposent un temps d’échange et d’interaction avec le public.