Thème 3 : Agroressources, Matériaux et Biomolécules
Présentation thème 3 : Agro-ressources, matériaux et biomolécules
Les activités du thème 3 sont axées sur l’étude de la durabilité du matériau bois ainsi que la valorisation des agro-ressources, des ressources végétales et fongiques basée sur le développement de méthodes extractives innovantes et écoresponsables visant à isoler et à caractériser les métabolites.
Responsable
Les travaux de recherche concernant le projet SylvaLIM du laboratoire LABCiS visent à étudier la biomasse ligneuse tout en développant des biomatériaux innovants et durables.
Durabilité naturelle, étude de la formation du duramen
Les travaux sur la durabilité concernent le sapin Douglas ont démarré en 2013 dans le cadre de la Chaire d’excellence Internationale Ressources Forestières et Usages du bois[i] et consistent au décryptage des mécanismes moléculaires impliqués dans la formation du bois de cœur via des approches de transcriptomique (étude de l’expression en masse des ARNm) et de glycomique (étude de la distribution des polysaccharides du bois).
Durabilité temporelle, la dendroprovenance des bois
Les techniques de dendroprovenance fournissent des informations essentielles sur les origines du bois, permettant de mieux comprendre les stratégies d’exploitation économique et les régions d’origine des produits ligneux. L’équipe travaille en relation avec le laboratoire GeoLab sur l’appariement des modèles des cernes des arbres ou dendrochronologies couplées à des analyses sur l’anatomie du bois, les isotopes stables ou le typage moléculaire de l’ADN.
Durabilité conférée, lasure biologique
L’évolution des contraintes réglementaires nécessite soit de s’affranchir de systèmes de protection des matériaux organiques comme le bois, soit de développer de nouvelles approches respectueuses de l’environnement pour protéger le matériau. Afin de réduire les risques inhérents à l’utilisation de telles substances tout en permettant la protection des matériaux biologiques, nous proposons de développer un biofilm bactérien de protection du matériau bois.
Durabilité conférée, matériaux bioactifs
L’utilisation de fibres lignocellulosiques comme support pour le dépôt ou le greffage de composés antibactériens est au centre de plusieurs travaux de recherche. Ces fibres sont très abondantes, faciles à modifier chimiquement et adaptées à plusieurs utilisations dans différents domaines.
Nos travaux de recherche portent sur l’élaboration de matériaux antibactériens par greffage de biocides sur des fibres lignocellulosiques en utilisant une chimie respectueuse de l’environnement.
Matériaux innovants, Développement de matériaux semiconducteurs
L’électronique dite « organique » offre deux avantages majeurs par rapport à l’électronique à base de silicium. D’une part, elle permet de concevoir des dispositifs sur substrats souples et d’autre part, le rapport performance/coût favorable rend l’option organique très intéressante.
Le projet de recherche SCOPE s’inscrit dans une nouvelle perspective durable. Il a pour objectif l’élaboration de dispositifs électroniques organiques à partir de polyazométhines semi-conductrices synthétisées suivant les principes de la chimie verte, et de supports provenant d’écomatériaux issus de ressources renouvelables, ainsi que la mise au point de capteurs chimiques/biologiques utilisant les matériaux élaborés.
Matériaux innovants, Développement de matériaux composites
L’objectif du projet est le développement d’une alternative aux fibres de verre pour l’élaboration de matériaux composites à matrice thermoplastique. Pour ce faire, l’intégration de filaments de cellulose (FC), a été étudiée. En plus d’apporter un côté « vert » au matériau final, les FC permettent de réduire le poids des composites par rapport à leurs homologues synthétiques. La faible compatibilité des filaments polaires et de la matrice apolaire, nous a conduits à développer différentes stratégies de modification chimique de la cellulose, afin d’en accroître son caractère hydrophobe. Ces modifications vont faciliter son adhésion à la matrice et permettront de minimiser la perte de résistance mécanique causée par l’absorption d’eau.
[i] Chaire d’excellence Internationale Ressources Forestières et Usages du bois (2012-2019) ; ESBAC liquide ionique (2017-2022)
Depuis plusieurs années, le laboratoire LABCiS s’intéresse à la valorisation des principaux polymères issus de la biomasse lignocellulosique : la cellulose, les lignines et les hémicelluloses
Les lignines
Ainsi, notamment dans le cadre du projet européen POLYTHEA (Horizon 2020 – EJD n°764837) que le laboratoire a coordonné de 2018 à 2022, nous avons mis en évidence que les nanoparticules de lignines acétylées sont photosensibles et peuvent contenir des photosensibilisateurs (PS). Les nano-objets ainsi obtenus ont montré un effet bactéricide photodynamique efficace contre des souches bactériennes à Gram positif et négatif. De plus, ils se sont avérés très stables dans le temps, y compris sous irradiation lumineuse et en faisant varier le pH du milieu, contrairement au PS seul. Ces systèmes peuvent être également utilisés comme photocatalyseurs recyclables pour dégrader des antibiotiques dans l’eau. Nous nous tournons actuellement vers l’utilisation de photosensibilisateurs commerciaux ou naturels.
Parallèlement à ces études, notre équipe étudie le développement de films à base de cellulose et/ou de lignine natives ou modifiées ayant des propriétés photosensibilisatrices. Ces films permettent de préparer des revêtements auto-sterilisants qui, sous irradiation lumineuse, sont capables de lutter efficacement contre les bactéries et d’inhiber la formation de biofilms.
Les hémicelluloses du bois
Les hémicelluloses constituent avec la cellulose et les lignines la troisième classe de polymères naturels de la paroi cellulaire végétale du bois. L’hémicellulose dominante du bois de feuillus est le 4-O-méthylacétylglucuronoxylane. Bien que ces polymères présentent un très fort potentiel de valorisation (pour leur propriétés intrinsèques de macromolécules mais aussi parce qu’ils constituent une source importante de sucres en C5) il n’en existe aujurd’hui aucune source industrielle permettant un approvionnemenet à grande échelle, à faible coût.
Depuis maintenant plusieurs années, le laboratoire LABCiS conçoit de nouvelles voies de valorisation pour les xylanes et parallèlement développe un procédé innovant d’extraction éco-compatible transposable à grande échelle en collaboration avec le Centre de Valorisation des Agroressources (CVA). Ce procédé (confidentiel) repose sur l’utilisation d’un nombre limité d’opération unitaire et de réactifs, tous éco-compatibles. L’objectif est de mettre en place un démonstrateur industriel permettant de valider les paramètres à grande échelle et de produire des lots pilotes d’hémicellulose. Pour cela, le laboratoire a constitué un large consortium d’industriels ayant un intéret pour la chimie de ces polymères.
Notre équipe explore plusieurs voies de valorisation de ces polymères. En raison de leurs propriétés de bioactivité, biocompatibilités, et fonction barrière ils sont d’excellents candidats pour des applications dans le développement de dispositifs médicaux. Nous étudions ainsi leur capacité à former des hydrogels pour la conception de pansements antibactériens ou encore leur capacité à être nanostructurés pour des applications en « drug delivery ». Nous évaluons également leur utilisation comme excipients pour des formulations pharmaceutiques ou cosmétiques, en particulier pour leurs propriétés de compression ou d’émulsifiant. D’autre part, leur biodégradabilité naturelle les rend très attractifs pour des applications dans le domaine des matériaux. Nous étudions ainsi sous leur forme native ou chimiquement modifiée leur caractère filmogène mais aussi leur aptitude à pouvoir substituer les polymères pétrosourcés encore largement utilisés dans l’industrie des céramiques comme liant ou dispersant.
Le Laboratoire LABCiS s’investit sur l’étude de produits naturels d’intérêt biologique à partir de différentes ressources en particulier végétales, des lichens et de leurs champignons associés. L’intérêt majeur est axé sur la biodiversité régionale, les ressources accessibles et renouvelables ainsi que sur différentes méthodes d’accès et de caractérisation des métabolites secondaires, la mise en évidence de leurs activités biologiques, leurs cibles et mécanismes d’action et à leur valorisation pour les activités pharmacologiques, phytosanitaires, et cosmétiques.
Flore lichénique et champignons associés
Les lichens sont des organismes symbiotiques à croissance lente. Ils produisent des métabolites spécifiques tels que les depsides, les depsidones ou les dérivés de l’acide pulvinique.
Afin de pallier aux restrictions de leur accès en grande quantité, nous nous intéressons aussi aux microorganismes qui colonisent les thalles de lichens (endo et épilichéniques). Ils biosynthétisent des molécules de défense et constituent une source potentielle de diversité moléculaire.
Le criblage biologique des extraits lichéniques présents dans l’extractothèque obtenue à partir des lichens récoltés dans la région NA a été réalisé sur les différentes lignées cellulaires et sur des biofilms bactériens ou fongiques. Nous avons pu mettre en évidence la présence de cytochalasine E dans le lichen Pleurosticta acetabulum et des bianthraones chlorés dans le lichen Nephroma laevigatum.
Dans le cadre du projet ANR LICSYFILM (N°ANR-17-CE35-0005), les activités anti-biofilm des depsides lichéniques et de leurs analogues ont été démontrés vis-à-vis du biofilm de Candida albicans.
Les champignons endolichéniques sont accessibles par culture fongique dans différents milieux. Les souches fongiques sont identifiées par barcoding et analyses phylogénétiques. Une grande diversité fongique a été mise en évidence après culture de lichens. Une collection d’isolats fongiques est disponible au laboratoire. L’évaluation des activités biologiques sur les mêmes cilbes a montré que les extraits fongiques résultant sont dotés des activités anti-proliferatives et antibiolifilms.
Valorisation des coproduits et des végétaux
Les résidus de pressage ou « marcs » issus de la transformation industrielle d’agro-ressources, sont riches en substances biologiquement actives. Actuellement ces coproduits sont peu valorisés, et même considérés comme des déchets.
Dans une démarche de développement durable et d’économie circulaire, le laboratoire coordonne un projet ANR JCJC 2020, EcoActiFruit qui vise à établir des bases scientifiques pour la valorisation totale et optimale de coproduits d’industrie fruitière grâce à l’éco-extraction de leurs contenus bioactifs en utilisant des techniques innovantes et respectueuses de l’environnement. De ce fait, notre laboratoire en partenariat avec l’équipe GREEN (Université d’Avignon), propose de concevoir :
- Une stratégie innovante, en combinant l’action de catalyseurs biologiques (enzymes) et de traitements physiques (ultrasons, microondes, …) pour extraire de manière simultanée et exhaustive l’ensembles des composés lipophiles et hydrophiles de différents marcs de fruits rouges.
- Puis, d’en évaluer dans un second temps l’activité prébiotique potentielle et l’impact sur la modulation de la flore intestinale des composés isolés.
- Projet ANR JCJC 2020, « EcoActiFruit »
- PCR « du bois pour Limoges » (2020-2023)
- Projet « APOFLEC », AAP 2021 ESR, Région Nouvelle Aquitaine, LABCiS UNILIM / LIENSs Université La Rochelle (11/2021 – 10/24)
- Projet « LIGHTNIN » AAP 2022 ESR, Région Nouvelle Aquitaine (11/2022 – 10/2025)
- Projet ANR 2022 « SCOPE », LABCiS UNILIM / SATIE CNAM-Paris (2023-2026)
- Projet « NeuroPLi », AAP Exploratoire interne, NeurIT / LABCiS UNILIM (2022-2023)