A la suite du décès de Jean Chatain, qui a tenu la rubrique « internationale » du journal L’Humanité depuis le début des années 90, son épouse Françoise Burg a proposé à l’IiRCO d’accueillir l’important fonds documentaire qu’il avait constitué, en particulier sur le Rwanda.

Jean Chatain, après avoir fait des études de sociologie, avait obtenu un certificat d’ethnologie, préparé au Musée de l’Homme sous la direction d’André Leroi-Gourhan, qui l’avait marqué durablement. Entré au Parti communiste en 1966, il intègre en 1969 la section d’économie et politique du PCF et devient secrétaire général de la revue Economie et politique. Il entre comme journaliste à l’Humanité en 1981, intégrant la rubrique de politique intérieure. En parallèle, il couvre plusieurs champs : les premiers pas du gouvernement provisoire de Kanaky (dans les années 1980), la participation à la rédaction d’un ouvrage sur le camp de Drancy (éd. Messidor, 1991). Au début des années 1990, il prend la rubrique internationale et à la mort de son collègue Claude Kroes, il s’empare du dossier Rwandais. « Jean Chatain fit deux voyages au Rwanda en zone libérée. Il est alors l’un des rares témoins européens à faire des reportages sur le génocide que les soldats du FPR découvrent au fur et à mesure de leur avancée. […] les reportages de Jean Chatain étaient emprunts de retenue et d’empathie pour les victimes »  se souviennent Jacques Morel et Jean-François Dupaquier.

Sur le Rwanda, qui lui tenait particulièrement à cœur, il a écrit : Paysage après le génocide. Une justice est-elle possible au Rwanda ?, publié en 2007 (Temps des cerises). En 2016, il est appelé à déposer à la cour d’assise de Paris au procès de deux acteurs du génocide (Octavien Ngenzi et Tito Barahira), après la création du pôle génocide du TGI de Paris. Les éditions Ibuza vont publier, en 2020, une compilation des ses articles sous le titre « Nuit et brouillard sur le Rwanda ».

Après inventaire et conditionnement, le fonds d’archives et les ouvrages de la bibliothèque seront mis à la disposition des chercheurs, sur le site de l’IiRCO et à la BU-Droit de Limoges (espace IiRCO). L’IiRCO tient à remercier, tout particulièrement Françoise Burg et Georges Chatain, pour leur geste généreux qui permettra d’offrir à la recherche un fonds important pour mieux comprendre le cas Rwandais, mais éclairera aussi tout un pan du journalisme engagé dans la France du dernier quart du vingtième siècle.