Portraits de tuteurs Covid : Florianne
De nombreuses actions de solidarité sont nées du contexte de la crise sanitaire qui fragilise les étudiants.
Florianne a décidé d’accompagner les étudiants en difficulté en devenant tutrice – référente Covid.
Florianne, étudiante en 3e année de licence de Physique-Chimie témoigne de son expérience.
Comment se passent tes études depuis l’arrivée de la Covid ?
Comme pour tout le monde, les principales difficultés sont : rester concentrée pendant les cours en distanciel et conserver sa motivation hors du cadre de l’université. J’arrive à travailler parce que j’ai des objectifs clairs pour la suite de mes études, et parce que j’ai déjà été habituée à travailler par moi-même (j’ai fait une CPGE avant de venir en fac). Bien sûr, ma famille m’a aussi soutenue et remotivée quand je perdais courage, et je partage mes hauts et mes bas avec des amis proches qui vivent la même situation que moi. Entre nous, on arrive à s’encourager et à s’empêcher les uns les autres de décrocher.
Quelles ont été tes motivations personnelles pour devenir tutrice – référente Covid ?
Je souhaitais tout d’abord être tutrice pédagogique, j’ai répondu à un appel de candidature de la fac ouverte à tous les étudiants de L3. C’était important pour moi car j’avais déjà aidé des amis de classes inférieures dans leur travail, mais toujours ponctuellement. J’ai ensuite appris qu’il n’y avait pas de poste d’ouvert mais qu’il y avait des places pour tutrice d’accompagnement Covid. Comme je sais qu’il y a beaucoup d’étudiants en difficulté qui n’ont pas la chance d’être aussi bien entourés que je le suis, j’ai voulu participer à ma manière pour les aider du mieux que je pouvais.
Comment organises-tu les moments dédiés à cette action solidaire ?
Je m’organise plutôt « à la carte », puisque ma charge de travail personnel peut beaucoup varier d’une semaine à l’autre, et parce que les étudiants contactés ne répondent pas de manière régulière. Quand je reçois un mail d’étudiant en difficulté, j’évalue d’abord l’urgence de la situation, puis selon le travail personnel que j’ai à fournir pour mes propres cours, j’y réponds aussitôt ou je trouve un créneau dans les 24 heures suivantes pour y répondre.
Concrètement, comment les contacts s’établissent et le lien de confiance se crée ?
On communique par mail ou téléphone, ça varie beaucoup d’un étudiant à l’autre, s’ils sont à l’aise au téléphone ou non, et s’ils acceptent de nous donner leur numéro (on n’a que leur adresse mail). Je ne rencontre personne en face à face parce que je ne suis des cours qu’en distanciel, et je ne suis donc plus sur Limoges.
Généralement les échanges se passent très bien, les étudiants sont reconnaissants de voir que la Faculté des Sciences et Techniques pense à eux, et ceux que l’on a au téléphone nous disent souvent qu’ils sont heureux de parler avec quelqu’un de nouveau, et de vive voix. Pour ceux qui en ont besoin, on effectue un suivi sur plusieurs semaines. Bien sûr, il arrive que certains étudiants refusent de nous parler de certaines choses ou ne répondent jamais à nos mails, mais on fait de notre mieux pour aider ceux qui nous appellent à l’aide.
Pour quel type de difficulté ont-ils le plus besoin de toi ?
Les étudiants contactés souffrent en général de décrochage pédagogique. Même s’ils finissent par ne plus le voir, en quelques questions, on remarque vite qu’ils ont perdu leur motivation, qu’ils remettent en question leur projet d’études, qu’ils veulent se réorienter parce que la situation sanitaire les a dégoûtés des études supérieures…
Beaucoup d’autres ont des problèmes d’argent : du mal à payer leur loyer, ou n’ont pas reçu à temps une aide du CROUS ou de la CAF à cause de la situation actuelle, ou ont perdu leur emploi, ou quelqu’un de leur famille a perdu un emploi…
Est-ce que tu as constaté des difficultés supplémentaires/différentes pour les étudiants internationaux ?
Les étudiants internationaux sont plus nombreux à souffrir de l’isolement puisque peu d’entre eux ont de la famille chez qui se rendre ou des amis de longue date avec qui communiquer.
De mon côté, si les élèves sont d’origine étrangère et que leur maîtrise du français n’est pas parfaite, la communication peut être plus compliquée, il ne faut pas utiliser d’expressions idiomatiques ou de tournures de phrases trop tordues, et au téléphone certains accents peuvent être difficiles à comprendre.
Le truc qui te plaît le plus dans cette action solidaire ?
Ce qui me plaît le plus dans cette action, c’est voir la motivation des étudiants réapparaître, et la joie dans leur voix quand on les a au téléphone et qu’ils nous remercient de se soucier de leur bien-être. C’est la preuve que ce qu’on fait est nécessaire et qu’on joue un rôle important.
Est-ce que tu participes à d’autres actions solidaires mises en place par les étudiants ?
Je ne participe pas à d’autres actions car je n’en ai pas le temps, entre les cours de L3 et passer mon permis de conduire (que je viens d’avoir !). Je suis déjà déléguée de ma classe et c’est parfois un job à temps plein !
Le mot de la fin ?
S’il y a une chose à garder en tête en se lançant dans une action solidaire, c’est de ne pas s’oublier soi. En voyant les malheurs des autres, on risque de finir triste et déprimé, ou bien d’être si motivé à agir pour les autres qu’on en néglige sa propre vie. Il est important d’être solidaire mais il faut être sûr d’être soi-même dans les bonnes conditions pour apporter un véritable soutien utile.