Fabien Archambault, histoire, football et identités nationales

Fabien Archambault, maître de conférences en histoire contemporaine au CRIHAM (Centre de Recherche Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie) a coordonné un ouvrage intitulé « Le football des nations » sur la construction des identités nationales via le football. Il nous parle de son intérêt pour le football et nous explique ses travaux de recherche.

Fabien Archambault, maître de conférences en histoire contemporaine au CRIHAM (Centre de Recherche Interdisciplinaire en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie) a coordonné un ouvrage intitulé « Le football des nations – Des terrains de jeu aux communautés imaginées» sur la construction des identités nationales via le football. Il nous parle de son intérêt pour le football et nous explique ses travaux de recherche.


Sur quoi portent vos recherches actuelles ?

Je travaille essentiellement sur le football, mais le sport en général m’intéresse. Je mène actuellement des recherches sur le basket-ball durant la guerre froide au niveau mondial. Je participe aussi à un projet ANR (Transcultur@) sur la diffusion et l’appropriation des différentes pratiques sportives du XVIIIe siècle à nos jours, entre la France, l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord et l’Afrique.

Vous avez choisi de mêler histoire et football, avez-vous des affinités particulières avec le football ?

Oui, j’aime bien le football. Quand je suis arrivé en Italie pour mes études, je voulais travailler sur une histoire politique plus classique. Puis, je me suis rapidement rendu compte que dans ce pays tout le monde s’intéressait au football, à la différence de la situation qui prévaut en France. Il s’agissait pour moi de comprendre et d’expliquer comment le calcio était devenu central dans la société italienne.

Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage « Le football des nations » ?

Dans cet ouvrage, nous nous sommes interrogés sur le rapport qu’entretiennent les sociétés européennes avec leurs équipes nationales. Suffit-il que celles-ci participent à une compétition internationale pour que tous les supportent de manière automatique et spontanée ? En réalité non, et c’est ce que le livre essaie d’interroger.

Comment le football forge-t-il les identités nationales ?

Le football n’a pas toujours participé à la construction des identités nationales. De ce point de vue-là, la différence la plus marquante oppose l’Europe à l’Amérique du Sud. Outre-Atlantique, le football a apporté une contribution essentielle à la définition de nouvelles identités nationales en permettant de se distinguer culturellement des anciennes puissances coloniales européennes. En Europe en revanche, les nations existaient déjà lorsque le football s’est diffusé. Néanmoins, tout au long du XXe siècle, il s’est progressivement imposé comme l’un des moyens importants de bien figurer symboliquement sur la scène sportive internationale.

Quel rapport entretient la France avec son équipe nationale ?

Ce rapport a changé depuis la Coupe du monde de 1998. Avant cette date, le football était principalement une affaire des milieux populaires. Suite à la victoire face au Brésil et à l’enthousiasme qu’elle a suscité, les élites ont commencé à s’y intéresser, que ce soit les élites économiques – elles se sont aperçues qu’on pouvait gagner beaucoup d’argent en investissant dans ce secteur d’activité –, les élites politiques – certains plaquant sur la sélection nationale leurs approches « identitaires » – et enfin les élites intellectuelles, même si certaines rechignent encore à abandonner leurs postures antérieures de mépris et de rejet.

Contact : Fabien Archambault