Anny Cazenave, marraine de la promotion des docteur.e.s 2016

Anny Cazenave : « le doctorat, un moyen de rentrer dans la vie active »

Anny Cazenave : « le doctorat, un moyen de rentrer dans la vie active »

Anny Cazenave, marraine de la promotion de docteur.e.s 2016, est chercheuse au Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS) à l’Université de Toulouse III et Ingénieur.e. au Centre National d’Études Spatiales (CNES). Elle est membre à l’Académie des Sciences depuis 2004 dans la section Sciences de l’univers, et membre de l’Académie des Sciences américaine depuis 2008. Rencontre lors de la journée de remise des diplômes de doctorat le 24 mars 2017.


Selon vous, que représente aujourd’hui un doctorat ?

Si l’on veut faire de la recherche, il faut avoir un doctorat, c’est une obligation !

C’est aussi un moyen d’entrer dans la vie active. Lorsqu’on est doctorant.e., on fait un travail assez équivalent en termes de méthode, d’approche, à ce que fait un.e. jeune chercheur.e. ou un.e. chercheur.e. confirmé.e.. On est déjà dans la vie professionnelle. De plus en plus le diplôme de doctorat est reconnu. Je suis fière de dire que je suis un pur produit de l’université française !

Comment les doctorant.e.s français.e.s sont considéré.e.s par rapport à des diplômes équivalents à l’étranger ?

Exactement au même niveau que les doctorant.e.s des autres pays. Ensuite, la qualité du laboratoire et celle de la recherche qui est menée sont à prendre en compte.

Il faut que les doctorant.e.s aient une visibilité. Au-delà des publications, il faut les faire participer à des colloques internationaux. Dans mon cas, j’essaye de les envoyer présenter leur recherche dans les grands meetings internationaux où ils ou elles vont rencontrer les chercheur.e.s plus séniors. Cela leur permet également de rencontrer leurs homologues étrangers et de pouvoir échanger avec eux. Chercheur.e., c’est un métier sans frontière.

Sur quoi portent vos travaux de recherche ?

Mon domaine est l’étude de la planète, avec les satellites. Pendant un certain nombre d’années, j’ai travaillé sur la structure interne de la terre. Depuis une quinzaine d’années je m’intéresse à des problèmes liés au fonctionnement de l’océan et au climat. Actuellement, je travaille sur la hausse du niveau des mers. La mer monte car le climat se réchauffe et on essaye d’en comprendre les raisons. Cela nous amène à mieux prévoir à ce qui se passera dans le futur. On sait que le réchauffement climatique va continuer malgré l’accord de Paris de 2015. On espère limiter le réchauffement à 2 degrés. C’est ce genre de problématique que je traite, avec des implications sociétales importantes.

Qu’est-ce que la recherche peut aujourd’hui apporter sur les questions climatiques ?

Dans la plupart des secteurs des sciences de l’univers, on commence par observer et ensuite on essaye de développer des théories, des modèles pour expliquer les observations.

Dans le domaine du climat, on observe, depuis plus d’un siècle, par des relevés météorologiques, la température de la terre dans différents endroits et on constate que cette température augmente partout. On sait également depuis une cinquantaine d’années que l’océan se réchauffe, grâce à des mesures de température faites par les bateaux d’abord, puis par des flotteurs automatiques. Les glaces fondent aussi.

La recherche c’est donc observer et ensuite modéliser, développer des théories. Si on veut prévoir le futur, on ne peut s’appuyer que sur des modèles.

Vous être membre de l’Académie des sciences et Académie des sciences américaine. Comment devient-on membre ? Et en quoi cela consiste ?

On ne candidate pas soi-même. Un jour, un.e. chercheur.e. qui connait vos travaux vous propose à l’élection des nouveaux membres. Il n’y en a pas beaucoup chaque année et pas tous les ans non plus.

L’académie est un organe indépendant qui émet des avis sur des questions scientifiques. Dans ma section, qui concerne les sciences de l’univers, on émet des avis sur un certain nombre de questions qui ont assez souvent un lien avec la société (sur les OGM, sur le réchauffement climatique, etc.).

L’académie se réunit toutes les semaines. Elle organise souvent des conférences débats sur des  sujets de culture scientifique générale qui sont ouvertes au public. Je vais organiser une conférence au mois de juin sur les problèmes de catastrophes naturelles et en quoi l’observation spatiale des satellites peut nous aider à mieux les anticiper.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire des études scientifiques ?

Enfant, j’étais très attirée par l’archéologie et la paléontologie. Lorsque j’étais à la fac, j’ai eu un professeur astrophysicien passionnant. Les hasards de la vie ont fait qu’on m’a proposé un poste au CNES et je l’ai accepté. J’ai ensuite fait une thèse et puis j’ai mené mes propres recherches. La fibre de la science je l’ai toujours eue et je l’ai encore. C’est une véritable vocation !

Propos recueillis par Diane Daïan – Service Communication