Dépister la présence et la virulence du cancer du poumon

Découverte d’une nouvelle méthode de communication tumorale par le laboratoire d'Homéostasie Cellulaire et Pathologies (HCP - EA 3842)

Découverte d’une nouvelle méthode de communication tumorale
pour dépister la présence et la virulence du cancer du poumon

Une nouvelle façon originale d’appréhender le cancer du poumon en espionnant les communications échangées par les cellules tumorales pulmonaires vient d’être présentée par l’équipe de scientifiques de la Chaire de Pneumologie Expérimentale de Limoges regroupant des chercheurs du laboratoire d‘Homéostasie Cellulaire et Pathologies (HCP – EA 3842) et de l’Université de Limoges, en collaboration avec des médecins pneumologues, chirurgiens et anatomopathologistes du CHU Dupuytren de Limoges, et avec le soutien de l’ALAIR-AVD, l’ADER-LPC, la Fondation Partenariale de l’Université et le CHU Dupuytren de Limoges.

Les scientifiques ont montré que, dans le cancer du poumon, la sortiline (petite protéine de transport) contrôle l’entrée des frontières cellulaires et protège l’initiation et la progression tumorale. Ils ont découvert que la sortiline avait un rôle de douanier en modulant la pénétration et le trafic intra-cellulaire du récepteur de facteur de croissance épidermique (EGFR) essentiel à la progression tumorale. Dans le cancer, cette barrière douanière cellulaire est rompue et de la sortiline modifiée, anormale, se retrouve dans la circulation sanguine sous forme de petites vésicules (microvésicules) capables de propager le cancer à distance. Ainsi, par exemple, à partir d’une simple prise de sang, nous pouvons espionner ces microvésicules circulantes et intercepter les communications échangées entre les cellules tumorales. D’après ces travaux, publiés le 30 octobre 2017 dans la prestigieuse revue Nature Communicationsen identifiant la perte d’expression de la sortiline modifiée dans les microvésicules, il est désormais possible de détecter la présence du cancer et déterminer avec précision son agressivité. La sortiline modifiée présente dans les cellules tumorales accélère la prolifération du cancer et augmente la signalisation de l’EGFR à la surface de la cellule. Par ces travaux menés au CHU de Limoges, sur 48 malades atteints de cancer du poumon, un niveau élevé de sortiline normale, non modifiée, apparaît comme un facteur de bon pronostic associé à une meilleure survie globale, en particulier chez les patients présentant une forte expression de l’EGFR. Ces travaux représentent un concept inédit qui permettra d’offrir aux malades un diagnostic précis et une prise en charge personnalisée en particulier pour les patients résistants aux chimiothérapies par inhibiteurs de l’EGFR.

* Sortilin limits EGFR signaling by promoting its internalization in lung cancer, Hussein Al-Akhrass1, Thomas Naves (1), François Vincent (1,2) Amandine Magnaudeix1, Karine Durand (1,3) François Bertin (4), Boris Melloni (2), Marie-Odile Jauberteau (1,5) & Fabrice Lalloué (1)

(1) Chaire de Pneumologie Expérimentale, EA3842 Homéostasie Cellulaire et Pathologies and Université de Limoges, Faculté de Médecine, 2 Rue du Dr. Raymond Marcland, 87025 Limoges CEDEX, France. (2) Service de Pathologie Respiratoire, (3) Service d’Anatomie Pathologique, (4) Service  de Chirurgie Thoracique et Cardio-vasculaire, (5) Service d’Immunologie, Centre Hospitalier et  Universitaire de Limoges, France


> Contact : François VINCENT – Co-­directeur de la Chaire de Pneumologie  Expérimentale