Dominique Baillargeat – Directeur du Labex Sigma_Lim

« Le Labex Sigmalim, c’est une signature pour l’Université de Limoges qui s’affirme comme un acteur majeur dans le domaine des hautes technologies du futur au service des principaux enjeux sociétaux : santé, énergie et TICs »

Rencontre avec le Directeur du Labex Sigma_Lim et du du laboratoire XLIM Dominique Baillargeat. Le Labex Sigma_Lim est un projet scientifique soutenu par la Fondation partenariale de l’Université de Limoges.


Qu’est-ce qu’un Labex ? Pouvez-vous nous présenter le Labex Sigma_Lim en quelques phrases ?

Le Labex est un laboratoire d’excellence qui résulte de l’appel à projet Programme d’investissement d’avenir (PIA) 1 lancé en 2011. Sigma-lim est un projet pluridisciplinaire relevant des domaines « Céramique et Sciences-Technologies de l’Information et de la Communication ». Il est porté par les deux UMR partenaires : XLIM et SPCTS. Thierry Chartier directeur du SPCTS est co-responsable de ce labex. Ce projet s’intéresse aux matériaux, la céramique en particulier, et les procédés associés, jusqu’à la fabrication de composants électroniques et photoniques dans le domaine des objets et systèmes communicants, pour des applications civiles, mais aussi pour la sécurité, la défense et également l’espace et dans le domaine des technologies pour la biologie et la santé.
Le budget Labex est de 7,5 M€ sur 8 ans. Ce qui est important à souligner est l’effet de levier de notre Labex  qui se chiffre depuis 2011 au moins à un facteur 3, en comptant les projets directs et indirects.. Citons par exemple, 2 projets H2020 recherche dont nous sommes coordinateurs, 16 en tant que partenaires, des projets ANR, le CPER 2015-2020, etc.

Le Labex est composé de trois chaires avec chacune sa propre thématique. Pourriez-vous les présenter en quelques phrases ? 

L’organisation du Labex s’est faite autour de trois chaires d’excellence, dont chacune se décline en axes de recherche :

La chaire « Métrologie, micro-ondes et photonique » se décline autour de la fabrication de fibres optiques à cœur creux, c’est-à-dire des fibres optiques qui ont des particularités physiques exceptionnelles et qui permettent de réaliser des fonctions nouvelles dans différents domaines comme notamment les communications du futur.

La chaire « Systèmes RF » est organisée selon deux axes : un axe autour des réseaux de capteurs, en d’autres termes l’internet des objets, et un autre axe de recherche autour des terminaux radio-fréquence, c’est ce qui va permettre par exemple à votre téléphone portable de communiquer vers l’extérieur, mais également à l’extérieur de communiquer avec votre téléphone portable. Cette même notion s’applique à tous les objets qui communiquent entre eux et/ou avec l’humain.
Sur cette partie, XLIM et le SPCTS ont des collaborations de longue date antérieures au labex. Sigma_Lim est venu non seulement les renforcer mais aussi contribuer à faire émerger de nouvelles voies thématiques et de recherche.

La troisième chaire, « Bio-ingénierie » s’articule autour de deux axes. Premièrement les interactions photoniques et électromagnétiques pour faire de l’imagerie, du diagnostic, mais aussi du traitement, par exemple l’utilisation d’une onde électromagnétique dans le traitement cancéreux. Deuxièmement, autour des matériaux céramiques biocompatibles,  dans le but de développer l’ingénierie tissulaire osseuse (substitution osseuse, interactions avec les tissus, fonctionnalisation dont la libération contrôlée de principes actifs).

Quels sont les objectifs de cette recherche ?

L’objectif du Labex est d’un côté d’approfondir certaines réflexions et activités de recherche associées déjà engagées et de l’autre de permettre leur éclosion ainsi que d’en initier de nouvelles. Les laboratoires de recherche ont notamment pour vocation à développer de la recherche, à produire du savoir et il leur faut donc toujours se ressourcer. L’idée du Labex est également de favoriser les interactions entre les activités des deux laboratoires XLIM et le SPCTS. Je ne dis pas que toute nos activités sont communes, chacun a son cœur de métier et doit le renforcer, mais on vise à développer en plus de nos cœurs de métier des activités aux interfaces. Cette synergie entre les 2 laboratoires permet de couvrir l’ensemble de la chaine du matériau à l’intégration au sein de dispositifs et d’aller jusqu’à la fabrication de démonstrateurs, vitrines de notre savoir-faire.

Le Labex a été créée pour la période de 2011 à 2019. Pouvez-vous nous parler de l’avancée des recherches et des réalisations ?

Nous avons réalisé des premières mondiales, dans le domaine par exemple des matériaux céramiques et procédés de fabrication additive pour réaliser des composants hyperfréquences ou des matériaux bio-compatibles à visées thérapeutiques.
Il y a eu également des recherches reconnues mondialement dans le cadre de la chaire Bio-ingénierie, notamment sur des technologies qui sont développées autour de l’imagerie photonique pour faire du diagnostic et de l’imagerie autour de cellules cancéreuses.
Des avancées significatives ont également été effectuées autour des fibres optiques, notamment les fibres optiques à cœur creux. Cette activité de recherche s’est développée en parallèle et en interaction forte avec une startup, Glophotonics, qui prendra prochainement son envol tout en restant installée sur le site, mais avec ses propres outils de fabrication.
Pour chacune des chaires, les travaux ont été reconnus par la communauté internationale, et ont donné lieu à plus de 450 publications dans des conférences et revues internationales dont certaines à fort impact.

Le Labex par ses actions soutient également d’autres activités qui devraient conduire à des dépôts de brevet. Nous avons créé des laboratoires communs avec des industriels qui sont liés aux activités du Labex. Plus généralement, on pourrait dire qu’il y a tout un écosystème qui s’est créé autour du Labex, qui a donc un rôle moteur sur le site, mais aussi un rôle fédérateur et structurant. C’est un outil qui nous permet de gagner en visibilité au national et à l’international et donc en attractivité.

Qui sont les partenaires du Labex? Est-ce que vous collaborez avec d’autres universités au niveau national et international ?

Les collaborations avec des acteurs industriels sont primordiales pour nous. Nous collaborons ainsi avec des PME notamment régionales, mais aussi des grands groupes comme Thales, NXP, Air Liquide, Cilas et de grands organismes comme le CNES et le CEA. Nous avons des laboratoires communs (9 au total) avec la plupart de ces industriels et des coopérations renforcées grâce au Labex.
Ensuite, la labellisation Labex nous permet d’affirmer notre positionnement au niveau national, d’élargir notre réseau de networking à l’international et de postuler à d’autres types de financement. Par exemple, nous avons initié la création d’un réseau de 8 Labex autour de la thématique de l’Internet des Objets, de nouvelles collaborations avec des groupes de recherche de haut niveau, etc.
Par ailleurs, le dépôt et l’obtention de projets européens comme partenaires ou coordinateurs, sont en croissance notable dans les deux laboratoires. Ainsi, les laboratoires XLIM et le SPCTS sont aujourd’hui porteurs de 4 projets européens, dans le domaine de la recherche, mais également de la formation de haut niveau pour de futurs docteurs. Je n’oublie pas l’implication du Labex dans la formation par la recherche avec les financements de doctorants mais aussi l’organisation de 2 Ecoles d’été internationales (« Sigma Tech days »).
Je souhaite aussi souligner les fortes interactions entre le Labex et les centres de transfert (CRT). Il s’agit principalement des CRT CISTEME, et CTTC. Par ailleurs, nous avons initié depuis peu une nouvelle collaboration avec le CRT Alphanov. L’ensemble de ces partenariats nous permet de faire le lien entre le laboratoire et l’application industrielle. Ce transfert technologique via notamment les CRT est primordial pour nous.
Puis on retrouve aussi les deux pôles de compétitivité, Alpha Route des Lasers et des Hyperfréquences (Alpha RLH) et le Pôle Européen de la Céramique, qui contribuent à coordonner un certain nombre d’activités, à apporter leur expertise et leur soutien pour le montage de projets et à favoriser le réseautage avec les différents acteurs socio-économiques. Pour mener ces actions à bien, le Labex partage notamment avec Alpha RLH un ingénieur valorisation.

Combien de personnes travaillent au sein du Labex?

D’un côté, il y a les personnes qui sont financées par le Labex, essentiellement des doctorants et post-doctorants. A ce jour le Labex a contribué aux financements de 35 doctorants, 23 post-doc et 3 ingénieurs en soutien à la recherche.
De l’autre côté, les tutelles, et en particulier l’Université de Limoges, mettent à disposition un certain nombre de personnes supports en termes administratifs. Et bien sûr, il y a tous les enseignants chercheurs et chercheurs qui contribuent au Labex. Avec environ 300 enseignants-chercheurs et chercheurs permanents à XLIM et au SPCTS (hors doctorants et post-doctorants), je dirais qu’il y en a les ¾ qui contribuent au Labex entre 25% et quasiment 100% de leur activité de recherche.
Le Labex n’est donc pas l’affaire de deux ou trois personnes, mais un ensemble collaboratif, structuré et conséquent de chercheurs et enseignant-chercheurs.

Quel souhait avez-vous pour l’avenir du labex au-delà de 2019 ?

Aujourd’hui, nous allons probablement rentrer dans une période d’évaluation (prévue en 2018) et de renouvellement. Nos activités sont aujourd’hui reconnues et notre positionnement unique affirmé aux niveaux national et international. La labellisation PIA et l’activité du Labex sont fondamentales pour le site de Limoges et nous tenons donc tous à l’obtention d’une prolongation. Il sera alors primordial, qu’à l’occasion du prochain appel PIA D’École Universitaire de Recherche, nous affichions, tout en nous inscrivant dans une continuité pluridisciplinaire Céramique et Sciences-Technologies de l’Information et de la Communication, une nouvelle vision ambitieuse du triptyque formation-recherche-innovation pour affirmer l’Université de Limoges comme un acteur majeur dans le domaine des hautes technologies du futur.


Cet article est apparu en premier sur le site de la Fondation Partenariale