Interview de David Marionnet
In Planta une start-up incubée à l'AVRUL et adossée au laboratoire PEIRENE
David Marionnet porte le projet In Planta, incubé à l’AVRUL depuis un peu plus d’un an. Il nous parle de sa start-up
Quel est votre parcours ?
J’ai passé une douzaine d’années dans le groupe de cosmétiques Sothys. J’y suis rentré fin 2004 en tant que responsable de recherches fondamentales afin de de mettre en œuvre un partenariat entre l’entreprise et le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles de l’Université de Limoges avec pour objectif de valoriser le biotope du Massif Central à des fins d’utilisation cosmétique.
Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de voie ?
J’ai voulu revenir à mes premiers amours (je suis docteur de l’Université de Limoges) et j’ai eu envie de fonder et développer ma propre entreprise.
Parlez-nous de votre entreprise.
In Planta, propose au grand public l’adaptation d’une technique de laboratoire : la culture des plantes in vitro. Notre idée fondatrice est de créer des objets à la fois vivants car la plante pousse, mais aussi des objets esthétiques inspirés de l’univers du laboratoire, très design. Les plantes sont placées dans des micros écosystèmes, des univers clos et stériles, qui leur permettent de se développer pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois sans entretien. Vous n’avez plus qu’à regarder votre plante grandir. Nous avons certains concurrents qui jouent sur cet aspect mais il y a toujours un minimum d’entretien, notamment un peu d’eau à ajouter toutes les trois semaines, par exemple. Nous, au contraire, il n’y a réellement rien faire, c’est une plante zéro entretien !
Donc l’innovation réside dans cette technique in vitro ?
Oui et plus exactement dans la façon d’utiliser la technologie. Il existe des plantes cultivées dans des sortes de terrarium qui nécessitent très peu d’entretien mais il suffit qu’ils soient mal placés pour que l’équilibre soit rompu. Nous proposons une plante qui se développe en totale autonomie à la condition qu’elle ne soit pas exposée en plein soleil. InPlanta, c’est aussi un large choix de plantes : carnivores, arbres, etc…
Comment ça marche ?
Grâce au Laboratoire, nous avons développé un gel nutritif adapté à la croissance de nos plantes. Il est composé d’eau, de sels minéraux, de sucres et parfois de colorants alimentaires pour renforcer l’effet déco ! La plante y est ensuite installée dans des conditions parfaitement stériles. Elle s’y développera dans un univers clos en étant complétement protégée des agressions extérieures. Cela nous impose des contraintes supplémentaires en termes de production mais justifie pleinement notre statut de start-up innovante avec cette originalité de nous appuyer sur une réelle innovation d’usage.
Vous travaillez donc avec le laboratoire PEIRENE ?
Oui, puisque l’idée émane de Vincent Gloaguen, chercheur dans ce laboratoire et associé au projet. Nous avons été rejoints par Idelette Plazanet qui a travaillé sur la culture in vitro au cours de sa thèse réalisée dans le même laboratoire. Nous avons utilisé les connaissances et savoir-faire du laboratoire pour la conception et la mise au point du projet.
Quelles sont les différentes étapes de la commercialisation ?
Au-delà du support de l’incubateur, nous avons bénéficié d’un accompagnement financier décisif de BPI Limousin, pour la réalisation d’une étude de marché. Sur cette base, nous avons déjà réalisé des tests de commercialisation en février dans des jardineries et chez des fleuristes de la Région Nouvelle Aquitaine mais aussi au Monoprix de Limoges, avec une plante assez évocatrice de notre gamme initiale : la chaîne des cœurs, plante dont les feuilles ont la particularité de former un cœur. Le challenge a été de faire un produit à moins de 10 €. Nous allons maintenant lancer notre gamme signature avec notamment des plantes carnivores introduites dans des ballons ou dans des « erlenmeyer », de la vraie verrerie de laboratoire ! Ces tests de commercialisation seront réalisés dans divers magasins de la région : jardineries, décoration, etc. Le but est, au fur et à mesure, de rayonner en dehors de notre région. Nous pensons également à une distribution de nos gammes en Europe.
Qui sont vos collaborateurs, mis à part le laboratoire PEIRENE ?
Nous faisons appel aux savoir-faire régionaux de la porcelaine, du bois, du cuir ou encore du packaging de luxe. Nous avons par exemple travaillé avec le FabLab EasyCeram (Centre de Transfert de Technologies Céramiques de Limoges) pour designer un support en porcelaine pour des tubes à essais, dans lesquels nous implantons un arbre assez exceptionnel : le séquoia géant. Ces supports sont produits localement par la manufacture Arquié.
Nous avons aussi un programme de recherche et développement avec Julien Borie, designer et professeur au lycée Raymond Loewi à La Souterraine. Avec lui nous développons des supports qui rapprochent les univers du bois, des métaux, laiton ou cuivre notamment, et de la porcelaine ce qui nous permet de proposer des produits plus haut de gamme afin de cibler des magasins de décoration, des concept stores. Nous travaillons également avec la société Procop (Feytiat) pour des packagings premium.
Que vous a apporté l’incubateur de l’AVRUL ?
L’incubateur, c’est l’outil indispensable ! Son soutien crédibilise la start-up et apporte une nécessaire légitimité au projet auprès de nos partenaires institutionnels comme la Région Nouvelle Aquitaine, l’Agence de Développement et d’Innovation, BPI mais aussi auprès d’investisseurs privés. Grâce à lui, nous bénéficions pleinement du statut de start-up. Par ailleurs, pour obtenir un certain nombre d’aides, il faut être conseillé et accompagné. D’un point de vue plus matériel, l’incubateur met aussi à notre disposition des locaux, du matériel informatique et un support administratif. Et puis, il nous a apporté un soutien financier décisif pour tout ce qui relève du prototypage, des tests de commercialisation, de la participation à des salons professionnels, par exemple. L’incubateur a été pour nous un réel accélérateur de projet.
- Contact : David Marionnet
www.inplanta.fr
Propos recueillis par Diane Daïan – Service communication
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