Romain Stefanini – Airmems : « Si l’université n’avait pas déposé ce brevet, je n’aurai pas pu créer mon entreprise »
Romain Stefanini dirige la start-up Airmems créée il y a deux ans. Après un IUT Mesures Physiques, un diplôme d’ingénieur à l’ENSIL et une thèse au sein du laboratoire XLim, il nous explique pourquoi l’Université de Limoges a contribué à la réussite de son entreprise.
Quelle est l’activité d’Airmems ?
Nous sommes une équipe de 6 personnes à travailler sur de petits composants électroniques appelés MEMS RF. Ce sont des commutateurs mécaniques à l’échelle du micromètre qui permettent de laisser passer ou non le courant. En électronique des télécommunications, nous avons besoin de commutateurs parfaits pour véhiculer des ondes radiofréquences et les MEMS RF permettent un fonctionnement sans égal à cette échelle. Notre atout à AirMems réside dans notre capacité à fiabiliser cette technologie. L’année dernière, nos commutateurs MEMS RF – initialement conçus par XLim – ont décollé à bord de la fusée Ariane V qui transportait le satellite Athenia-Fidus équipé de nos composants. Ces derniers sont aujourd’hui en orbite et fonctionnent toujours démontrant nos avancées majeures sur la fiabilité ! Nous sommes en phase d’amener la fonction de commutation la plus parfaite qu’il soit sur le marché.
Comment avez-vous eu l’idée de créer cette entreprise ?
Je faisais partie – en tant que doctorant – d’un groupe de chercheurs du laboratoire XLim qui travaillaient sur la fiabilité de cette technologie depuis plus de 10 ans. Très peu de chercheurs ont eu cette approche. Ils préféraient intégrer cette technologie dans des circuits et voir comment celle-ci se comportait plutôt que de travailler sur sa fiabilité. Ce positionnement a permis de créer une vraie valeur ajoutée. Dans le cadre de mon doctorat, je suis parti aussi me former un an aux Etats-Unis auprès d’un autre chercheur. A mon retour, mon directeur de thèse a évoqué l’idée d’une start-up. C’était le moment de me lancer et de valoriser les travaux de recherche du laboratoire XLim.
Quels sont vos rapports avec l’Université de Limoges ?
Je suis entrepreneur au sein du laboratoire XLim, mes professeurs sont devenus des collègues ! Nous exploitons la licence exclusive du brevet déposé par l’université sur cette technologie. Nous avons donc un lien juridique permanent. Je souhaite vraiment garder ces bons rapports sur du long terme. Il faut continuer à innover pour qu’une entreprise perdure et gagne des parts de marché. L’université le fait très bien. Il est important pour moi de rester là.
Nous avons aussi des contrats de collaboration dans le cadre de projet de recherche avec le laboratoire. Ce dernier nous aide alors à effectuer des travaux de recherche et développement. Nous avons ainsi accès aux moyens technologiques du laboratoire comme la salle blanche ou la salle de mesure. Nous travaillons beaucoup ici puisqu’il y a tous les moyens dont nous avons besoin au quotidien pour développer notre activité.
Que vous a apporté l’université ?
De la matière grise ! Si l’université n’avait pas déposé ce brevet, je n’aurai pas pu créer mon entreprise. Elle m’apporte aussi beaucoup de soutien au quotidien car je suis entouré de chercheurs qui ont pleins d’idées. Il est aussi très valorisant de me présenter devant un industriel et de lui expliquer que l’entreprise est une start-up du laboratoire XLim de l’Université de Limoges. C’est un atout. Elle m’a aussi permis de consolider mon projet d’entreprise à mes débuts car nous avons intégré l’incubateur de l’Agence de Valorisation de la Recherche Universitaire du Limousin (AVRUL). Lorsqu’un projet sort d’un laboratoire, le chemin est encore long pour parvenir jusqu’à une maturité industrielle ! L’incubateur m’a permis de structurer mon projet. Il m’a aussi permis de me former sur le côté business car j’avais un parcours très technique. J’ai aussi suivi la formation HEC Challenge +. Après tout cela, j’avais les clés en main pour monter une start-up.