L'effet de l'intensité d'un exercice aérobie sur l'adaptation motrice

Nesrine Harroum ,
Benjamin Pageaux 
et Jason Neva 

Texte

Problématique : Nous sommes constamment amenés à ajuster notre approche pour accomplir les tâches quotidiennes en réponse aux changements dans notre environnement (p.ex., marcher sur une surface glissante). Ce type d'apprentissage moteur est nommé « l'adaptation motrice ». Plusieurs études ont montré qu'une seule séance d'exercice aérobie (EA) effectuée avec les membres inférieurs (p.ex., pédalage sur ergocycle) est capable d'améliorer l'apprentissage moteur effectué par les membres supérieurs. Cependant, la relation dose-réponse de l'EA pour améliorer l'adaptation motrice n'est pas établie. Plus précisément, aucune étude n'a comparé à la fois des différents intensités d'EA (faible, modérée, élevée) en contrôlant le type d'exercice (p.ex., continu ou intermittent) afin de comprendre l'effet de l'intensité de l'EA sur l'adaptation motrice.

Objectif : Ce projet vise à étudier l'effet de l'intensité de l'EA intermittent sur l'adaptation motrice.

Méthodes : 80 jeunes adultes en bonne santé (18–39 ans) ont été recrutés et répartis sur 4 groupes égaux. La visite 1 a permis d'évaluer les capacités cardiorespiratoires de chaque participant via un test d'exercice incrémental afin de déterminer l'intensité de l'EA pour la visite 2. Durant la visite 2, chaque groupe a effectué une de ces conditions: 1) 20 minutes de repos (groupe contrôle); 2) EA intermittent à intensité faible (LIIT); 3) intensité modérée (MIIT); ou 4) intensité élevée (HIIT). L'EA intermittent consiste en 4 blocs de 3 minutes de pédalage entrecoupés de 2 minutes de repos actif. Chaque condition a été suivie d'une tâche d'adaptation motrice durant laquelle les participants devaient atteindre une cible sur l'écran en bougeant une souris. Une rotation systémique de 45° a été appliquée sur le retour visuel (trajectoire du curseur sur l'écran), obligeant les participants à ajuster leur mouvement pour atteindre les cibles. La performance dans cette tâche a été mesurée immédiatement (visite 2) et 24h après (visite 3) chaque condition. Nous allons effectuer une ANOVA mixte sur la performance dans la tâche motrice (p.ex., temps de réponse, angle au pic de vitesse) avec les facteurs Temps (début visite 1, fin visite 1, début visite 2, fin visite 2) et Groupe (Repos, LIIT, MIIT, HIIT). Une performance améliorée durant la visite 1 représente une adaptation améliorée, et une performance améliorée entre la visite 1 et la visite 2 représente un test de rétention, reflétant la mesure de l'apprentissage moteur.

Résultats et perspectives : Les données préliminaires montrent que seulement le MIIT et le HIIT améliorent l'adaptation motrice et son apprentissage comparés au repos. De plus, les données suggèrent que le HIIT améliore davantage l'apprentissage moteur comparé au MIIT. Ces résultats pourraient informer les prescriptions d'EA pour améliorer l'adaptation motrice chez les jeunes adultes et les sportifs. De plus, ceci permet d'ouvrir le champ d'application chez d'autres populations fragiles (p.ex., personnes âgées, personnes souffrant d'un AVC). Avoir une meilleure compréhension de l'effet de l'intensité de l'exercice sur l'adaptation motrice pourra améliorer les programmes de réadaptation visant à promouvoir le réapprentissage fonctionnel après un AVC, ainsi que le maintien des capacités motrices chez les personnes âgées.