Exposition à la chaleur et activités de la vie quotidienne : est-ce que l'astreinte physiologique des aînés diffère de celle des jeunes adultes ?

Adèle Mornas ,
Thomas A Deshayes ,
Soha Sardar 
et Daniel Gagnon 

Texte

Introduction : Les risques sanitaires accrus liés à la chaleur sont une conséquence directe du réchauffement climatique. Ces risques sont précipités par l'astreinte physiologique, spécifiquement l'augmentation de la température interne et de la fréquence cardiaque ainsi que la déshydratation. Les aînés courent un plus grand risque de problèmes de santé en cas de chaleur extrême, mais la physiopathologie à l'origine de cette association reste floue. A notre connaissance, peu d'études ont investigué les réponses physiologiques des aînés exposés à la chaleur tout en simulant des activités de la vie quotidienne.

Objectif/hypothèse : Cette étude a pour objectif principal d'étudier les réponses physiologiques des aînés exposés à un environnement chaud et humide pendant 4 heures, tout en effectuant une activité physique représentative des tâches de la vie quotidienne. Nous émettons l'hypothèse que pour une même contrainte thermique, l'astreinte physiologique des aînés sera plus importante que celle de jeunes adultes.

Méthodologie : Après une période de 15 minutes de mesure au repos, au cours de laquelle les participants sont assis dans un environnement thermiquement neutre (28°C, 50 % d'humidité), 5 jeunes adultes (18 à 39 ans, 3 femmes) et 10 aînés (66 à 88 ans, 2 femmes) ont été exposés à un environnement de 38°C avec 60 % d'humidité dans une chambre environnementale pendant 4 heures, afin de simuler une demi-journée chaude en Amérique du Nord. Pour induire une dépense énergétique associée aux activités de la vie quotidienne, les participants ont effectué 10 minutes de marche légère sur tapis roulant (~3,5 METs) à chaque heure. La température rectale et la fréquence cardiaque étaient mesurées en continu. Le changement de masse corporelle nu a été mesuré pour estimer la production de sueur totale, ainsi que le niveau de déshydratation (changement de la masse corporelle divisé par la masse avant l'exposition à la chaleur, multiplié par 100). Les données sont présentées sous forme de moyenne ± écart type, et leur intervalle de confiance (IC) à 95 % est rapporté.

Résultats : La température rectale a augmenté de 0,6 ± 0,3°C (IC : 0,5 – 0,8) chez les aînés, et de 0,5 ± 0,4°C (IC : 0,2 – 0,9) chez les jeunes. La fréquence cardiaque a augmenté de 13 ± 6 bpm (IC : 10 – 17) chez les aînés, et de 13 ± 8 bpm (IC : 6 – 20) chez les jeunes. La production de sueur totale était de 1,3 ± 0,3 L (IC : 1,1 – 1,5) chez les aînés et de 1,0 ± 0,1 L (IC : 9,0 – 1,2) chez les jeunes. Le niveau de déshydratation était de 1,0 ± 0,4 % (IC : 0,7 – 1,3) chez les aînés et de 0,8 ± 0,2 % (IC : 0,7 – 1,0) chez les jeunes.

Conclusion : Ces résultats préliminaires suggèrent que l'astreinte thermique et l'astreinte hydrique semblent être légèrement plus importantes chez les aînés, alors que l'astreinte cardiaque semble être la même que chez les jeunes.