Le Bienheureux Vincent de Paul, fondateur de la Congrégation de la Mission et des Filles de la Charité
B. Vincentius à Paulo Congregationis Missionis et Puellarum Charitatis Fundator
Contexte historique
En instituant en 1633 la compagnie des Filles de la Charité, Vincent de Paul est à l’origine de la plus importante promotion de l’apostolat féminin pendant la Réforme catholique. S’inspirant de la volonté originelle de François de Sales pour l’ordre des Visitandines qu’il envisageait non cloîtrées, et de sa propre expérience à Châtillon-les-Dombes, où tous les villageois s’étaient mobilisés pour porter secours à un indigent malade, Vincent de Paul demande aux Filles de la Charité de se mettre au service des pauvres, des malades et des enfants. Elles sont vêtues comme des femmes du peuple (robe simple, grise et droite), ne portent pas de voile, et ne prononcent que des voeux annuels. Les Filles de la Charité interviennent aussi dans les hôpitaux, sont à l’origine de petits centres de bienfaisance urbains et ruraux, et développent les écoles primaires.
Lisons Vincent de Paul précisant aux Filles de la Charité leurs missions dans une conférence du 24 août 1659: « Votre monastère est la maison des malades et celle où réside votre supérieure ; votre cellule est votre chambre de louage. […] Pour chapelle, l’église paroissiale […] Pour cloître, les rues de la ville, où vous devez aller pour le service de vos malades. Pour clôture, l’obéissance […] Pour grille, la crainte de Dieu. Pour voile, la sainte modestie »
La Congrégation de la Mission (ou prêtres Lazaristes) a pour origine le sermon prononcé par Vincent de Paul le 25 janvier 1617, du haut de la chaire de l’église de Folleville (Somme). Sa protectrice, Marie-Françoise de Silly, généralise la confession sur l’ensemble des terres de son mari Philippe-Emmanuel de Gondi, convaincue par la joie immense d’un malade à qui Vincent de Paul vient d’accorder le pardon. Peu avant sa mort en 1625, elle lui alloue une rente et le collège des Bons-Enfants à Paris. En 1632, Vincent de Paul, par l’intermédiaire du cardinal de La Rochefoucauld, s’installe dans le prieuré de Saint-Lazare, origine du nom usuel de « Lazaristes » pour ses prêtres. L’année suivante, Vincent de Paul, devenu « Monsieur Vincent », est reconnu de tous : du roi qui lui concède ses lettres patentes pour sa congrégation ; de Richelieu, qui lui demande des missions ; de l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi, qui utilise les prêtres de la Mission partout où il l’estime nécessaire ; et du pape Urbain VIII qui lui délivre sa bulle de reconnaissance.