Présentation

Survenue le 22 mai 2010, la mort de Jacques Geninasca est sans doute, pour beaucoup de sémioticiens, chose déjà à demi oubliée, un de ces événements hors d’actualité qu’on apprend de loin et qui, même s’ils marquent une date pour la petite histoire de notre discipline, relèvent, sans plus, de l’ordre des choses : une génération qui passe...  C’est le refus de cet oubli ou de cette indifférence qui motive les brèves contributions dont se compose le dossier qui suit.

Nul ici n’a cherché à dresser un bilan de l’œuvre de Geninasca, ce qui, l’expérience le prouve, n’aurait d’ailleurs été qu’à moitié de son goût.  Cela n’interdit pas de rêver d’un livre où se retrouveraient ceux, nombreux mais éparpillés dans le monde, qui ont trouvé chez lui, à la fois en tant que sémioticien et en tant que peintre — les deux indissociablement liés — une source d’inspiration, des motifs d’aller de l’avant, l’exemple d’une façon de faire, et quelques concepts à mettre à l’épreuve en en faisant usage.  Un tel livre viendra certainement un jour, mais il y faudra du temps.

En attendant, qu’on accepte de voir ici un geste avant tout d’ordre affectif à la mémoire d’une personne qui nous était très chère.  Les textes qui suivent ne sauraient dès lors avoir, en termes scientifiques, que des prétentions relativement modestes. Ce sont les témoignages de quelques-uns de ses amis, collègues ou anciens élèves.  Chacun à sa manière a voulu dire, dans le cadre de ces Actes Sémiotiques auxquels il a si souvent contribué depuis leur création, les liens d’une amitié intellectuelle faite à la fois de provocation et de complicité.

Mais faire acte de mémoire, c’est aussi faire connaître.  D’où, à côté de ces contributions personnelles, une série d’éléments à caractère plus strictement informatif : trois courts textes inédits de Geninasca, une note retraçant sa vie de chercheur, et une bibliographie aussi complète que possible, qui facilitera l’accès à l’ensemble de son œuvre.