Les robots font-ils l’amour ? Derrière ce titre faisant écho au célèbre roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick, cet ouvrage propose de préciser les enjeux et ramifications du transhumanisme, à travers 12 questions thématiques.
Au-delà de la simple étude, il s’agit plutôt d’un cheminement de pensée, et de l’observation des échanges entre les deux auteurs, Laurent Alexandre, entrepreneur, médecin, et Jean-Michel Besnier, agrégé de philosophie, docteur en sciences politiques.
Le transhumanisme nourrit autant de fantasmes que de peurs, car derrière ce terme se cachent de nombreuses perspectives pour l’être humain, rendues accessibles par les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Cognitique) : hybridation, intelligence artificielle, cybernétisation, humains augmentés, étapes de transformations annoncées par l’homme pour atteindre une nouvelle forme d’immortalité. Autant de chemins qui se présentent à nous comme réalité possible, mais aussi et surtout, une réalité à présent imminent, après avoir été prédite par de nombreux auteurs d’anticipation.
L’ouvrage, tout en expliquant ces différents possibles, en explore l’arborescence, questionne les bouleversements et les dilemmes que posent ces nouvelles voies.
Loin d’être simplement délimité à un domaine que serait, par exemple, l’éthique du transhumanisme, l’ouvrage pose des questions d’ordres économique, théologique, psychologique, ou encore législatif. Au cœur de ces considérations, ce qui définit le fait “d’être” humain. Dans leurs réponses, les auteurs ne manquent pas de rappeler que de nombreuses avancées technologiques sont d'ores et déjà réalisées et amènent déjà à ce qu’on pourrait définir et qualifier de transhumanisme.
On définira ainsi plusieurs corpus de points traités au travers de l’ouvrage :
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L’ « essence » de l’être humain. Les transformations de son propre corps, de sa propre “machinerie” organique, regroupent les questionnements sur les augmentations cybernétiques de l’homme, l’assistance de la technologie pour la prolongation de la vie et l’accession à une immortalité et ses conséquences ;
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L’ « existence » de l’être humain. Le rôle de l’humain, dans un contexte de transformation et de transfert homme-machine, la possibilité d’établir d’un nouvel eugénisme et les dangers de ce dernier, le rapport émotionnel à la machine qui fera alors corps et pensée avec soi ;
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La société humaine. La place des formes de transhumanisme dans un contexte global et mondial, économique, législatif, l’importance d’adapter l'éducation des nouvelles générations à ces changements, dans une société où tout repose sur la valeur de l’intellect dans le travail, où dès lors, une intelligence artificielle fera s’effondrer cette valeur, etc…
Chaque question est l’objet d’un débat entre les deux auteurs qui se veut pertinent, clair et argumenté, invitant le lecteur à approfondir chaque notion abordée, et précisant des points particuliers au travers d’encarts thématiques.
Les interrogations invitent à comprendre d’une façon plus précise tous les enjeux du transhumanisme, dans un contexte sociétal reposant sur l’homme mais également bâti par lui, et où un bouleversement de la nature même de cette fondation fait vaciller l’ensemble de l’édifice des domaines des sciences formelles et de l’homme.
Au terme de ce cheminement, la pénultième question ramène en réalité à l’une des toutes premières questions que l’on aborde face au transhumanisme : faut-il craindre un Meilleur des Mondes tel que le redoutait Aldous Huxley ? Faut-il redouter son existence même, ou plutôt la façon dont celui-ci se présentera à nous ? En fin d’ouvrage, les auteurs focalisent leur attention sur la transcendance de l’être humain. Car, plus que de perfectionner ce dernier, de vaincre sa propre mort (au sein de son propre univers corporel physique), n’y a-t-il pas l’objectif plus grand encore, de façonner et de vaincre la mort même de son univers, au sens cosmique du terme ? Un ouvrage dont la construction, claire et précise, nous donne une vision globale de la question du transhumanisme et invite à l’introspection sur ce qui nous définit en tant qu’être humain.
Loin de se fermer à une vision bipolaire du transhumanisme, qui serait caricatural au vu de sa complexité, on appréciera de très nombreuses références dans divers domaines scientifiques et littéraires présents dans l’ouvrage, invitant à compléter la lecture. Bien que les réponses apportées mettent en lumière des dangers possibles, l’ouvrage ne se veut pas alarmiste ; il invite le lecteur, à travers la lecture des différents échanges, à constituer sa propre réflexion et ses propres réponses.