Hartson et Pyla nous proposent une seconde édition de leur ouvrage « UX book ». Dans cette nouvelle édition de près de 900 pages, on présente les principaux fondements, théories et méthodes sur lesquels repose l’expérience utilisateur (UX). Afin d’accompagner les designers dans leur pratique professionnelle au quotidien, les auteurs illustrent et exemplifient les concepts exposés à l’aide d’études de cas pratiques.
Cette nouvelle édition de l’ouvrage se présente en sept parties regroupant au total 33 chapitres. Les auteurs précisent qu’ils mettent davantage l’accent sur le design thinking et sur la conception UX que dans la première édition, laquelle se concentrait plutôt sur la dimension diagnostique de l’UX. Ce changement d’approche vis-à-vis de l’UX se manifeste partout à travers l’ouvrage. En effet, celui-ci a été entièrement réorganisé, une majorité de chapitres a été renommée et de nouveaux contenus ont été ajoutés.
La première partie de l’ouvrage introduit quelques notions élémentaires sur l’UX. Dans un premier temps, les auteurs définissent l’UX et le design UX (composantes, cadres, pratique professionnelle, etc.). Ils introduisent ensuite leur propre démarche UX — laquelle servira de fil rouge dans la suite de l’ouvrage — puis expliquent brièvement les différentes activités de cette démarche.
Dans la deuxième partie, « Usage Research », on présente les différentes activités de recherches visant à mieux comprendre les caractéristiques et les besoins utilisateurs d’un produit ou d’un service. Les auteurs décrivent différentes méthodes de collectes de données (sondage, analyse de la concurrence, entrevues, observation, etc.), puis expliquent comment analyser les données recueillies et modéliser les résultats (personas, cartes d’expérience, flow models, etc.). Pour conclure cette partie, les auteurs expliquent comment extraire des exigences de design (design requirements) à partir des résultats obtenus.
La troisième partie se nomme « UX Design ». Ce chapitre au titre assez général semble regrouper les différents aspects du design UX qui n’ont su trouver leur place ailleurs dans l’ouvrage. Pour débuter, on définit le design au sein de l’UX. On fait par la suite la distinction entre une approche ascendante (bottom-up, pratiques et activités préexistantes) et descendante (top-down, nouvelles pratiques ou activités) en design. On aborde aussi l’idéation en design, la réalisation d’esquisses et la critique en design. Ce chapitre met ensuite l’accent sur l’importance d’une connaissance approfondie des modèles mentaux des utilisateurs afin de créer un produit ou un service utile et utilisable. Enfin, on traite de la conception UX selon une approche de design de services, où le designer ne se concentre pas sur un seul produit, mais sur un écosystème de service complet.
La quatrième partie, « Prototype Candidate Design » ne comporte qu’un seul chapitre, où les étapes relatives au prototypage sont énumérées et expliquées. Il est notamment question du degré de fidélité d’un prototype et de la création de maquettes filaires (wireframes).
La cinquième partie, « UX Evaluation », la plus longue (8 chapitres et près de 200 pages), aborde différentes méthodes d’évaluation de l’expérience utilisateurs. Les auteurs présentent à la fois des méthodes expertes et participatives. Ces méthodes sont insérées dans une démarche de recherche, de phase de préparation à la présentation des résultats.
Dans la sixième partie, « Connecting Agile UX with Agile Software Engineering », les auteurs proposent une marche à suivre visant à synchroniser une démarche agile en UX et en génie logiciel.
La septième partie et dernière partie, « UX Affordances, the Interaction Cycle, and UX Design Guidelines », aborde une variété de thèmes. Il est question en premier lieu de la notion d’affordances en UX. Les auteurs divisent ces affordances selon cinq catégories (cognitive, physique, sensorielles, fonctionnelle, et émotionnelle). Ensuite, ils proposent un modèle cyclique d’interaction (Interaction Cycle). Il s’agit principalement d’une adaptation du modèle de stages-of-actions de Norman (1986). Pour terminer, on propose une liste d’environ 80 conseils ou principes de design, organisée autour de leur Interaction Cycle, illustrée par des exemples probants et concrets.
Bien que l’ouvrage soit très complet dans son ensemble, nous regrettons le faible traitement de concepts relatifs à l’architecture d’information, composante fondamentale de l’expérience utilisateur. De plus, certaines parties de l’ouvrage comportent des longueurs, notamment les études de cas pratiques, qui sont décrites avec un degré de détails tellement précis que l’on perd aisément le fil. Malgré ces quelques faiblesses, cet ouvrage reste une référence incontournable, pour quiconque s’intéressant à la conception de produits ou de services numériques.