Introduction : Les chutes et les accidents de la route sont les principales causes d'hospitalisation et de décès accidentels chez les aînés. La proprioception à la cheville et les ressources attentionnelles sont cruciales pour la stabilité posturale et la conduite automobile. Malheureusement, le vieillissement entraîne un déclin de la proprioception et des ressources attentionnelles, augmentant les risques de chutes et d'accidents chez les aînés. La reproduction d'un angle à la cheville suivant un déplacement passif (expérimentateur) ou actif (participant) sont deux approches communes pour évaluer la proprioception. Cependant, ces tâches comportent des défis différents pour le système sensorimoteur. La tâche passive dépend essentiellement du traitement des afférences proprioceptives. La tâche active dépend de l'intégration centrale des afférences proprioceptives et de la commande motrice (copie efférente) générés lors du déplacement actif. Nous savons que la demande attentionnelle du traitement des afférences proprioceptives augmente avec le vieillissement. Cependant, aucune étude n'a évalué la demande attentionnelle de l'intégration centrale des afférences proprioceptives et de la commande motrice dans le vieillissement. Cette question est importante, puisque toutes les actions motrices du quotidien, comme maintenir la stabilité posturale et conduire une automobile, nécessitent l'intégration précise de ces informations proprioceptives et motrices.
Objectif : Comparer la demande attentionnelle de l'intégration des informations proprioceptives et motrices à la cheville chez des jeunes adultes et des aînés.
Méthodologie : Des jeunes adultes (n =25, 18-29 ans) et des aînés (n =25, 65 ans et plus) inactifs participeront à cette étude (50 % ♂ et ♀). Deux paradigmes de tâche double impliquant une tâche de reproduction d'angle à la cheville en condition passive ou active et une tâche cognitive-attentionnelle de soustractions mathématiques (n-3) sont utilisés. Ces tâches sont effectuées séparément (simple) et simultanément (double). Les participants doivent reproduire deux cibles en flexion dorsale (20 % et 30 % de l'amplitude maximale de mouvement) sans vision, suivant un déplacement passif ou actif, avec ou sans tâche cognitive. Un système d'analyse de mouvement et un logiciel automatisé présentent les cibles proprioceptives et mesurent les angles à la cheville. Les erreurs de reproduction d'angle (absolues, constantes et variables) et de soustractions sont quantifiées et comparées à l'aide d'ANOVAs (2 groupes x 2 conditions cognitives x 2 conditions proprioceptives x 2 cibles).
Résultats : Les aînés (n =17) ont des erreurs absolues et variables de reproduction d'angle supérieures à celles des jeunes adultes (n =13), particulièrement en condition de tâche double (p<0.05). Le coût attentionnel de la tâche proprioceptive est supérieur pour les aînés en comparaison aux jeunes adultes, particulièrement dans la condition proprioceptive passive (p<0.05). Ces résultats préliminaires suggèrent que l'intégration de la commande motrice aux afférences proprioceptives permet d'enrichir les signaux proprioceptifs des aînés et ainsi libérer des ressources attentionnelles.
Perspectives : Cette recherche permettra de mieux : (a) comprendre l'interaction entre les désordres sensorimoteurs et cognitifs durant le processus de senescence, (b) prédire les risques de chutes et d'accidents et (c) orienter les programmes d'entrainement afin d'améliorer la proprioception et les ressources attentionnelles des aînés.