Introduction : Notre société est de plus en plus sédentaire alors que les comportements sédentaires accroissent les risques de maladies chroniques et de séjour à l'hôpital. L'hospitalisation, elle-même, augmente aussi les temps sédentaires (notamment à cause de l'alitement forcé) ce qui contribuerait au déconditionnement et à la perte d'autonomie des personnes âgées. Or, les personnes âgées est la tranche de la population la plus hospitalisée dans les pays occidentaux. Ainsi, il est crucial de mieux comprendre les liens entre ces comportements et le déconditionnement physique en offrant des mesures objectives de ces derniers. Néanmoins, les mesures actuelles (capacités fonctionnelles, force de préhension etc.), bien qu'acceptables peuvent être influencées par l'état de santé ou de motivation mais aussi de compréhension du patient. De ce fait, il a été proposé à travers la littérature que l'architecture musculaire (i.e. angle de pennation) pourrait être une alternative objective et limitant les biais humains.
Objectifs : 1) Explorer les effets de l'hospitalisation chez les personnes âgées sur les prédicteurs objectifs (physiques, fonctionnels, et musculaires (architecture musculaire)) du déconditionnement. 2) Évaluer le lien entre l'évolution de ces prédicteurs traditionnels et l'architecture musculaire à travers une hospitalisation ; et 3) Évaluer le lien entre ces prédicteurs et les niveaux de sédentarité et d'activité physique à travers une hospitalisation.
Méthodologie : Étude pilote ayant recruté et suivi 34 patients âgés (âge :82,5±8,6 ans ; sexe (femme) : 52,9 % ; universitaire (38,2 %) ; veuf (32,3 %)) et hospitalisés à l'Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal (Soins Post Aigu, Unité de réadaptation intensive, Unité de courte durée). Les performances physiques (capacités fonctionnelles via le Short Physical Performance Battery, l'équilibre dynamique et paramètre de marche via le Timed Up and Go, force de préhension via le Jamar+, la puissance musculaire des membres inférieurs via le 30 sec assis-debout et la vitesse de marche via le 4-m marche usuel), le niveau de sédentarité et d'activité physique (accélérométrie tri-axial GT9X(actigraph)©) et l'architecture musculaire (ultrason – Clarius©) ont été évalués à l'admission et au cours du séjour hospitalier.
Résultats : L'architecture musculaire [angle de pennation (pre : 6,67±3,04 vs. post : 7,68±3,18) et l'épaisseur musculaire pre : 0,82±0,23 vs. post : 0,92±0,30)] tout comme les performances physiques [score total au SPPB (x/12 ; pre : 4,1±2,3 vs. post : 5,9±2,2), la vitesse de marche (m/sec ; pre : 0,41±0,14 vs. post : 0,56±0,19), la puissance musculaire relative (w/kgPC ; pre : 1,2±0,6 vs. post : 1,7±0,6) et le temps pour réaliser le TUG (sec ; pre : 34,6±11,2 vs. post : 23,8±8,5)] évoluent significativement (p<0.001) durant une hospitalisation. Durant l'hospitalisation, plus le temps sédentaire augmente plus la force de préhension (en relatif du poids corporel) se détériore (r =-0.41 ; p =0,015). Finalement, on observe que les changements de puissance musculaire durant l'hospitalisation corrèlent avec les changements d'épaisseur musculaire (r =0,39 ; p =0.025).
Conclusion : Bien qu'exploratoires, nos résultats suggèrent que l'architecture musculaire pourrait être un outil pour capter le déconditionnement à travers l'hospitalisation (longitudinal) et que la mobilisation à travers le soin pourrait permettre de réduire le déclin iatrogène chez les personnes âgées.