Les témoignages directs (interview, etc.) et les archives permettent de poser quelques jalons biographiques concernant la personnalité et le parcours (typique à bien des égards) de Simon Jeanjean. Ces informations lacunaires offrent un minimum de repères mais attendent d'être complétées. La biographie excède évidemment et inclut la période de la guerre et de la correspondance. Nous nous en tiendrons ici à cette personnalité centrale et ferons cesser la chronologie à la date de son décès. On y déchiffrera un parcours typique, depuis un catholicisme patriotique droitier vers un engagement social de plus en plus infléchi à gauche.
Sommaire
Texte intégral
Simon Jeanjean enfant (second à partir de la gauche)
1. Chronologie
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Célestin Simon Pierre Jeanjean naît le 30 janvier 1886 à Ambérieu-en-Bugey (Ain) de Lucien Jeanjean et de Marie née Rousseau, décédée le même jour en couches. La résidence de la famille est à Metz en Lorraine. Il semble que leur présence à Ambérieu-en-Bugey soit liée à la profession du père, dans les chemins de fer, qui l'amène à se déplacer fréquemment (telle est du moins la 'légende familiale' retracée dans l'interview. En fait Lucien Jeanjean s'était fixé à Ambérieu où il se remaria très rapidement et eut un autre fils, Édouard, demi-frère de Simon).
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Il est élevé à Metz par ses tantes Lucie, Célestine et Pauline Jeanjean, beaucoup plus, semble-t-il, que par son père, à qui il sera peu attaché (il se plaint dans ses cartes du peu d'empressement de son père à l'aider financièrement). Adresse à Metz : 30 rue Vincent Rue (cf. carte n° 482).
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En 1904, afin d'échapper à la conscription dans les rangs allemands, Simon 'Jean' et ses tantes viennent s'installer à Paris, dans le 20e arrondissement où vivra la famille, d'abord ensemble, puis dans deux logements distincts, et à plusieurs adresses successives, le confort s'améliorant.
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Employé dans les bureaux de Julien Levinger [?] de mars à août 1904 (document n° 2001), puis comme comptable à la 'Fabrique de supports de carcasses d'abat-jour & d'écrans – Spécialité pour confiseurs et cartonnages riches' chez A. Landeau (n° 2002) de septembre à novembre 1904, enfin chez L. Tourniéroux & Cie, 'Représentants-Dépositaires de Fabriques Françaises et Etrangères' [notamment des Becs Visseaux] depuis le mois d'août 1905 jusqu'au 4 octobre 1907 (n° 2003), d'abord comme 'magasinier-expéditionnaire' (n° 2004).
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Il effectue son service militaire de 1907 à 1909, au 45ème Régiment d'Infanterie à Laon, 5ème Compagnie, comme l'indiquent quelques cartes de cette période dans l'album, ainsi que le livret avec photo de son régiment dans les archives et son livret militaire.
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A son retour du régiment il est recruté définitivement par l'entreprise Tourniéroux, assurant la diffusion des Becs Visseaux à Paris. Pour en savoir plus sur les Becs Visseaux.
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SJ épouse Blanche Vattebault le 13 avril 1912. Leur adresse est Villa Faucheur, rue des Envierges dans le 20ème arrondissement. Ils déménageront plusieurs fois mais ne quitteront pas ce quartier. Les tantes habitent à proximité, rue de Ménilmontant. Elles sont couturières, Blanche aussi à l'occasion, mais elle travaille comme secrétaire dactylo.
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Naissance de Denise le 20 janvier 1913.
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Mobilisé en août 1914, SJ sera blessé une première fois, à la jambe, le 7 septembre 1914, puis ensuite mais les précisions font défaut. Les suites de ses blessures aggravent ses problèmes de santé toujours préoccupants et qui s'ajoutent à une très mauvaise vue. On sait qu'un camarade devait souvent le guider pour se déplacer la nuit notamment dans les tranchées (cf. interview, chap. 5). La correspondance permet de suivre ses allées et venues entre front, hôpitaux, dépôts d'éclopés, et de permission en permission toujours attendues (voir le sommaire de la partie 'correspondance') : Sedan, blessure – première hospitalisation à Nice – convalescence à Saint-Nazaire – nouvelle blessure (?) - hospitalisé à La Bourboule – retour à Saint-Nazaire en 1915 – Verdun au front en juillet 1915 – Contrexéville etc. Il serait intéressant de combler les lacunes de cet itinéraire.
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Naissance de Madeleine le 18 juillet 1917 : l' "héritier" souhaité (cf. cartes 398-409, 411, etc.) est donc une héritière. Simon Jeanjean est alors à Abbeville, encore en convalescence. Il sera enfin réformé le 1er septembre 1917. Vivra la liesse de l'armistice en Lorraine (son pays d'origine) puis en Alsace avant d'être envoyé en Rhénanie où il sert dans le train jusqu'à sa démobilisation.
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Retour dans ses foyers le 19 mars 1919.
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Naissance de Geneviève le 2 mars 1920.
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Déménagement au 140 rue de Ménilmontant en 1924, grand ensemble d'Habitations à Bon Marché. Promiscuité mal vécue dont témoignent quelques courriers ulcérés écrits en accord avec d'autres locataires à la société de gérance (cf. archives, documents n° 2206 à 2211).
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Naissance de Monique le 14 février 1924.
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En juin 1930 SJ quitte la société Tourniéroux en qualité de Directeur (n° 2004). Entre à la SBV (2006) probablement suite au départ en retraite de Léonard Tourniéroux.
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Denise entre dans les ordres (sœurs de St Vincent de Paul) le 2 février 1936.
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Déménagement de la famille Jeanjean au 21 rue de la Chine : été 1936.
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Décès de la tante Pauline : 1942. Faits de Résistance : CNR, hébergements clandestins.
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Monique entre à l'agence Cook : septembre 1944. Geneviève y entrera en 1950.
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Décès de Madeleine : 19 novembre 1950.
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Simon Jeanjean prend sa retraite en septembre 1954.
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Décès de Blanche : 13 août 1962.
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Décès de Simon Jeanjean : 4 novembre 1964.
Suite et fin de la chronologie concernant les autres membres de la famille :
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Décès de Denise : 6 mars 1993.
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Décès de Monique : 13 octobre 2011.
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Décès de Geneviève, dernière représentante de la famille : 27 avril 2014.
2. Engagements et appartenances
Les archives devraient permettre de retracer l'évolution idéologique du personnage. Elles fournissent de nombreux éléments sur ses engagements religieux, syndicaux et politiques, ainsi que sur ses lectures que nous connaissons d'après la correspondance d'une part (la lecture, notamment des journaux, le suivi des abonnements sont des thèmes constants), et d'après les documents conservés et retrouvés dans ses archives d'autre part. Voici, pêle-mêle, l'énumération de quelques éléments significatifs présentés en ordre chronologique (première approche) :
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Abonnement à la Libre parole (91, 128, 1002). Ces abonnements sont ceux de la période de la guerre, relevés à travers la correspondance ; d'autres, durant les périodes suivantes (l'Aurore, etc.) ne sont pas relevés ici.
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Catholique fervent et très pratiquant (plus que sa femme au dire de ses filles). Participe régulièrement aux réunion (et aux activités ?) du Cercle St Rémy de Ménimontant. Cette association est évoquée et photographiée dans les archives. Évoquée dans la correspondance sous les mots 'le cercle' ou 'boulevard de Ménilmontant' (302, 417, 633). Lors de son passage à St-Nazaire en 1915 il fréquente de même le Cercle catholique du lieu (14, 134).
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Proche ensuite du mouvement Le Sillon de Marc Sangnier, dont les archives conservent une carte d'invitation personnelle, datée de 1946 (2218).
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Mouvement scout : ses filles sont guides de France et seront guides aînées (il est question de la 'croix scoute' et du scoutisme dans le courrier n° 2216-2217).
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la pratique permanente, dans la famille, du chant choral et de l'expression à travers des chansons. Nombreux exemples dans les archives, à travers plusieurs générations, de recueils de chants, soit manuscrits, soit sous forme de partitions imprimées : carnets de chants patriotiques, politiques, etc., tenus par son père puis par lui-même, jusqu'au chant de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) qui reste l'hymne de Geneviève Jeanjean en 2010 : 'Debout, classe ouvriè-ère, Un espoir vient de se lever, Debout, classe ouvriè-ère, Nous venons pour te sauver! '. Hymne rigolard, au second degré, mais qu'elle n'a pas oublié ;
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les vacances, les camps, les congés payés. Les albums de famille en gardent de nombreuses traces - y compris de cures médicales notamment pour Madeleine (cf. cartes n° 109 et 110) et Geneviève. Les deux sœurs survivantes ont conservé une liste, année après année, de tous leurs lieux de vacances estivales.
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Syndicat des employés (à préciser d'après les photos et les archives).
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CFTC Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) : trésorier de l'union locale du 20e arrondissement (2228).
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Parti Démocrate Populaire (PDP) : Simon Jeanjean est trésorier de la section locale du 20ème arrondissement de 1928 à 1940. Participe, à ce titre, aux congrès d'Arras, de St Étienne, de Limoges.
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Mouvement Républicain Populaire (MRP) : président de la section locale du 20ème arrondissement de 1944 à 1948.
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Participation aux instances municipales après la libération de Paris (arch. Jeanjean ; point à préciser)
3. Lacunes : recherches à poursuivre
Il manque de nombreux éléments. Des mises à jour interviendront progressivement et seront annoncées. Merci d'avance de toute aide, notamment sur les points suivants :
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Itinéraire de guerre de Simon Jeanjean (archives militaires, Château de Vincennes).
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Généalogie (cf. Interview, chapitre 12).
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Seconde guerre mondiale ; libération de Paris et suites.
4. Appendice : où Simon Jeanjean revient sur ses antécédents
On aura pu noter quelques aspects 'légendaires' de la biographie de Simon Jeanjean, enfant sans mère élevé par ses trois tantes (couturières penchées sur son berceau comme des fées marraines). Sa femme, Blanche, semblablement n'avait jamais connu son propre père, mort avant sa naissance. Et ils eurent quatre filles, ce qui n'est pas sans rappeler d'autres histoires. Lui-même entendit raconter dans ses jeunes années, une belle histoire d'orpheline anglaise recueillie par ses ancêtres, à Metz, et qui suivit en tant que cantinière son soldat de mari dans les campagnes de Napoléon. Se souvenant sur le tard de cette histoire, il l'a racontée et dictée par écrit. On pourra la lire en cliquant ici