Quelques propos1 extraits d’un entretien entre Norbert Roussies, acteur, et Michel Poupin

Entretien entre Norbert Roussies
Michel Poupin

Le style oral a été conservé

Texte

Note de bas de page 2 :

NR : Norbert Roussies. MP : Michel Poupin. (…) passage inutile à la compréhension. (???) passage inaudible. [aide à la compréhension].

Légende2

(De g. à d.) Mimi Ferret (actrice), Norbert Roussies et Théophile Garreau

(De g. à d.) Mimi Ferret (actrice), Norbert Roussies et Théophile Garreau

(…)

MP : Donc, toi, tu n’as pas joué ? Jamais ?

NR : Si, j’ai joué avec lui, avec Guy [Ollivier] justement, donc… après l’armée, quoi. En rentrant de l’armée.

MP : Tu te souviens de ce que tu as joué ?

NR : Non !... Je me suis marié le 13 septembre 59… J’ai fait partie de la 56 2b et je suis rentré au mois de mai 58, de l’armée.

MP : Donc tu as joué en octobre 58…

NR : Oui, voilà, l’hiver 58-59, quoi.

MP : Et tu ne te souviens pas de ce que tu as joué…

NR : Alors, là non, pas du tout. Je sais que j’ai joué avec Guy. D’ailleurs, Guy animait bien. J’ai chanté avec lui, mais je ne me souviens plus de ce que j’ai chanté avec lui.

MP : Tu as chanté avec lui pendant les changements de décors ?

NR : Oui ! Mais je ne me souviens pas quoi, ah non !

MP : [Consultation de la liste des pièces jouées…] En 58, tu as peut-être joué Les flibustiers ou La main leste

NR : Je ne me souviens plus…

MP : …ou alors La femme aux yeux fermés en octobre 58

NR : Ah non, j’ai pas joué là…

MP : … Et puis en décembre 58, Gosse de Paname

NR : Ça peut-être, oui…

MP : … Et Veillée macabre… Tu sais pas ? C’est pas grave, hein ! Et puis en février 59, Le prix du sang, et en novembre 59, Le maître des Forges

NR : Je dois pas avoir joué dans ces pièces-là. J’ai joué dans des pièces, euh… comment dirais-je, des pièces gaies, des pièces…

MP : … comiques ?

NR : Comiques, avec Guy. Des intermèdes ou des trucs comme ça. J’ai jamais joué dans de grandes pièces.

MP : Tu as joué combien de temps ?

NR : Pas longtemps. Oh, j’ai joué un hiver…

MP : Parce que après, tu es parti ?

NR : Non, je suis pas parti, mais ça m’intéressait pas.

MP : Alors tu as été spectateur ?

NR : Ah oui ! Oui !

MP : Est-ce que tu te souviens du prix ?

NR : Ah, non !

MP : Personne n’est capable de me dire le prix que ça coûtait !

NR : De plus, comme j’étais dans l’intermède, avec Guy, je pense que je ne payais pas. Par contre, le prix, alors là, je te dirais pas… Je travaillais… J’aidais peut-être aussi pour les décors ou autres…

MP : Ah, tu as aidé… Constant ?

NR : Constant, oui.

MP : Et qu’est-ce que tu faisait pour l’aider ?

NR : Ah, je me souviens plus ! C’est loin…

MP : Il y avait une machine – qui m’intrigue – qui servait à baisser ou augmenter l’intensité lumineuse, une drôle de machine qui donnait sur l’extérieur avec des roues qui plongeaient… Tu te rappelles de ça ?

NR : Oui !

MP : Tu peux me la décrire ?

NR : Ah non ! Je me souviens de cet engin, quelque part… Qui c’est qui avait installé ça, c’est Constant, non ? Je me souviens, mais je peux pas le décrire… Y avait une roue…

MP : Une roue… mais à l’intérieur ou à l’extérieur, la roue ?

NR : Ah ! Bonne question !

MP : Parce que ça devait être mécanique…

NR : Oui, oui, c’était mécanique, oui.

MP : C’est Gérard Bonneau qui m’en a parlé le premier, mais toutes les descriptions sont un peu…

NR : … vagues !

MP : Or ça a l’air d’être du bricolage…

Note de bas de page 3 :

Renaudin, fille de Constant Fillon : Cf. l’entretien avec Monique Renaudin.

NR : A Constant Fillon… parce qu’il était fort pour ça… Mais Monique3 t’en dira plus pour ça !

MP : Non, parce que ça ne se passait pas à la maison. Et hier Yves Jourdain m’a dit qu’il travaillait sur place. Monique ne savait pas bien.

NR : Ça me surprend pas trop. C’est lui qui était dans son milieu, puis qui s’installait dans la salle.

Note de bas de page 4 :

Artisan menuisier, dont l’atelier était assez proche de la salle de théâtre.

MP : Elle a cru que c’était chez Marcel Bonneau4, mais j’ai l’impression que non…

NR : Non, je pense pas… Mais lui le père Marcel Bonneau, il s’impliquait pas trop au niveau du théâtre.

MP : Si, au niveau des billets, du placement des gens, de la caisse. Ça ne se voyait pas, mais c’est lui qui gérait la caisse, les entrées et tout ça. C’est ce que m’a dit Gérard.

Mais alors en tant que gamin ? Tu es né en quelle année ?

NR : En 36.

MP : Tu te souviens de l’année où tu as vu une première pièce ?

NR : Ah non…

Note de bas de page 5 :

Ferret, sa belle-sœur : cf. l’entretien.

MP : On sait, parce que Cécile5 a un papier nous prouvant qu’il y a eu une pièce en 49. Donc tu avais 13 ans.

NR : Ben tu sais, je me souviens avoir été au théâtre, mais tu sais… je me souviens plus du tout.

MP : Mais toi, tu sais que tu y es allé !

NR : Ah oui, oui. Mais c’est très vague. Je me souviens plus trop.

MP : Oui, parce que… Les Oberlé, ça te dit rien ?

NR : Non !

MP : Jean Rémondeau m’a parlé des Oberlé… Il est de ton âge ?

NR : Oui, de mon âge (…).

Note de bas de page 6 :

Diminutif de Marie-Hélène [Ferret].

MP : Mais Mimi6 [sa future épouse] était beaucoup impliquée.

NR : Ben oui, avec ses sœurs… Ah ça, c’est ma sœur Germaine [cf. photos d’Anne Papin, née Gaignet]…

MP : Germaine, elle a joué au théâtre, elle ?

NR : Je pense qu’elle a joué… (…).

MP : Mimi tourne la tête, là ; c’est une mariée dans Marie-Jeanne. Ça te dit rien la pièce Marie-Jeanne ?

NR : Ah oui, elle jouait dedans, c’est vrai. Oui, oui, oui… (…)

MP : Et Mimi, elle faisait quoi ? Une mariée, mais laquelle ?

NR : Je me souviens plus. Ah non, non, non… [suite de l’examen des photos d’Anne Papin]

MP : Donc, elle était très active, Mimi ?

NR : Ah oui, beaucoup… Ça, c’est une Coupe de la Joie ? (…) Ah oui, c’est vrai que les filles dansaient. Oui, oui, y avait des ballets… Y avait de beaux ballets même, en plus [suite de l’examen des photos d’Anne Papin].

MP : Tu ne te souviens pas des rôles de Mimi ? Ou de ta sœur Germaine ?

NR : Non, non.

MP : Elle a joué Germaine, ou pas ?

NR : Elle doit pas avoir joué parce qu’elle est partie assez jeune… Mon frère Rémy était de 37 et Germaine de 39. Elle a fait une formation d’aide familiale. Et après, elle est partie sur la Mothe-Achard (en formation). Et après, elle s’est mariée à la Mothe-Achard (…)

MP : Toi, tu as bossé à la SNCF, c’est ça ?

NR : Alors, moi, j’ai… donc mon père est décédé en 56, et donc quand je suis rentré de l’armée, je suis entré à la SNCF. J’ai un cousin Poirier - tu l’as connu ? - qui m’a fait entrer à la SNCF, oui. J’avais le choix entre… entre euh… entrer à la garde républicaine, c’est-à-dire la gendarmerie, et à la SNCF. Alors, à l’époque, il y avait la guerre d’Algérie, mon choix a été vite fait.

MP : Mais tu y es allé toi, en Algérie ?

Note de bas de page 7 :

Départ à l’armée en novembre 1956.

NR : J’ai eu de la chance, j’ai fait mon service militaire7 en Mauritanie. J’avais demandé l’AOF, avec Jean Rémondeau. On s’est retrouvé à Atar, puis après on s’est quitté, il a été muté dans un autre régiment.

MP : Et puis après il est resté en Afrique (…).

NR : Donc, je voulais rester en Mauritanie. Et puis déjà en Mauritanie ça commençait un peu à chauffer… (…) Et puis finalement, je suis pas resté. Jean Rémondeau, lui, il est pas resté, il est revenu en Vendée. Mais après il est reparti dans le cadre de la Coopération.

MP : Il est allé en Centrafrique.

NR : Il est allé en Centrafrique après, oui.

MP : Il est tout le temps resté là-bas…

NR : Il a pris sa retraite en France, quoi. (…). Avec Jojo [son frère Georges] ils aménagent leur maison du Gué.

MP : A la SNCF, tu as travaillé où ? Pas en Vendée ?

NR : A l’époque, ils supprimaient les gares (...) dont la gare de Fontaines. Mimi m’a remplacé à Fontaines (jusqu’en 68, année de fermeture de la gare de Fontaines) quand j’ai été nommé cadre permanent à Niort. J’ai fait Niort, j’ai fait Saint-Médard, Mauzé, Rochefort, Niort, puis la gare de Velluire.

MP : En fait, tu as quitté le Gué de Velluire, euh…

NR : Après l’armée. Je me suis marié…

MP : C’est pour ça que tu as joué que pendant une saison… Et avec les autres, quand t’étais jeune, tu allais voir des pièces ailleurs ?

Note de bas de page 8 :

Théophile Garreau né en 1930, sur la photo en p. 1.

Note de bas de page 9 :

Les Sables d’Olonne sont à 80 kilomètres environ.

NR : Oui. On allait surtout sur Chaillé-les-Marais. En vélo, pas à pied. [La vielle Licorne décapotable du père, décédé en 1956, a été vendue par la mère après les événements du canal de Suez]. Puis en rentrant [de l’armée]… c’était surtout Toto8 qui nous sortait, avec sa 4CV, puis après sa Frégate. Moi, je sortais beaucoup avec Toto. Euh… j’ai commencé à sortir un petit peu aussi avec André Roussies, il avait un scooter, mais c’était avant l’armée le scooter quand même. On allait aux Sables9, avec…

MP : Ah quand même !

NR : Oui, oui, on allait jusqu’aux Sables avec le scooter Vespa. Oh, ce n’est pas arrivé souvent. Je sortais beaucoup avec Toto, c’était le copain.

MP : Mais pas spécialement au théâtre…

NR : Non, non, non. On faisait les coupes de la joie, mais les théâtres… pas trop le théâtre. Pas trop.

MP : La génération de Guy Ollivier, de Denise Jourdain, tu vois, c’était le théâtre. Mais ça a vite évolué là aussi parce que Guy Ollivier, ils allaient jusqu’à Maillé à pied, je crois…

NR : Ah bon ? Je ne me souviens plus.

MP : 12 km… Ils y allaient en bande.

NR : J’ai jamais fait… Parce que mon père m’a acheté un vélo… papa m’a acheté un vélo, j’avais… 14 ans.

MP : Donc ça, ça t’a émancipé !

NR : Oui… ! Toto avait un vélo, aussi. Donc ça m’a permis de sortir, d’aller au cinéma, beaucoup au cinéma à Fontenay. Beaucoup, beaucoup… Quasiment tous les dimanches, hein !

MP : Mais… en vélo ?

NR : En vélo, oui. Beaucoup.

MP : Mais Toto, il avait ton âge ?

NR : Ah non, Toto avait 4 ou 5 ans de plus que moi.

MP : Et il y avait beaucoup de jeunes qui allaient au cinéma ?

Note de bas de page 10 :

École normale des maîtres laïcs de l’Enseignement catholique de Vendée, située à Montournais (haut bocage).

NR : Ahhh, pas beaucoup, hein ! Il devait y avoir André Roussies, Paul Roussies, lui non, parce qu’il était à la Tourtelière10, donc je sais pas s’il venait tous les dimanches d’ailleurs, je me souviens plus...

NR : Il était interne, là-bas ?

NR : Oui, c’était une formation d’instituteur.

NR : Puis mon frère Rémy, lui, il était charcutier à Mareuil, donc il venait pas souvent, lui. Il venait une fois par mois… Et l’été, on allait à la mer en vélo, hein ! A la plage en vélo ! Avec Paul, Claude Ollivier, ? ? ? Rémondeau. A la Faute [sur mer] (…) Et les Coupes de la Joie évidemment, on était beaucoup aux Coupes de la Joie.

MP : Mais c’était une fois par an, ça ?

NR : Peut-être bien… Oui, c’était une fois par an. Et puis il y avait des kermesses, mais pas au Gué. Il y avait des kermesses à Vix, à Chaillé… On allait souvent à des fêtes à Chaillé. L’Ile d’Elle, aussi… Qu’est-ce qu’il y avait à l’Ile d’Elle ? … On avait des copains, quoi, on fréquentait beaucoup les jeunes de l’Ile d’Elle. Et puis l’Ile d’Elle, je pense que… si mes souvenirs sont exacts, il y avait la musique à l’Ile d’Elle… ils avaient une fanfare.

MP : Ça veut dire que tout ce petit monde avait un vélo ?

NR : Moi, de toute façon, je t’ai dit, j’ai eu un vélo dès l’âge de 14 ans. C’est vrai que j’ai travaillé, mais comme beaucoup de jeunes, j’ai travaillé énormément, j’aidais mon père quoi.

MP : Excuse-moi, mais qu’est-ce qu’il faisait ton père ?

NR : Il était pépiniériste. Il avait des plans de vigne sur la bute du Gué.

MP : Il était à son compte ?

NR : Oui, oui. Il faisait les marchés…

MP : C’est pour ça qu’il avait une voiture, alors ?

NR : Attends, au départ il faisait La Rochelle. Il avait une remorque derrière son vélo, une grande remorque. Il mettait la remorque au train, puis le vélo, pour aller à la Rochelle par exemple. A Luçon, il y allait en vélo. Et quand il y avait un gros marché à Luçon, en fin de saison, quoi, au mois de février-mars, pour emporter les plans de vigne, il avait un transporteur quelque part, qui amenait son cheval et son plateau. Et il allait à Luçon à cheval [de trait, au trot, sur 25 km]. Avec un plateau derrière. Il devait mettre 2 h 30. Une ou deux fois par an. C’était le gros coup, quoi, les livraisons, mais c’était dur (…). Mon père est décédé au mois de mai 56, moi je suis parti à l’armée en décembre. Et c’est le pépiniériste Mercier qui m’a acheté mes plans de vigne (…). Bon, puis après je suis rentré à la SNCF, quoi.

MP : Et ta mère, que faisait-elle ?

NR : Elle était couturière, à son compte. Elle travaillait pour les gens, quoi. Par contre, elle faisait beaucoup de piqûres, beaucoup de soins. Ah beaucoup, beaucoup, elle rendu énormément service.

MP : Comme infirmière ?

NR : Ah non. Pour rendre service, hein ! Elle était beaucoup demandée pour faire les piqûres. Il y avait pas d’infirmières qui faisaient les piqûres, à l’époque. Alors, elle en faisait beaucoup des piqûres, hein !

MP : Mais elle avait appris ?

NR : Comme ça. Tu sais, à l’époque… Si bien que les soins, c’était pareil… C’était le Docteur Marteil, à l’époque. Et donc il disait : « Madame Édith, est-ce que vous pourrez faire des piqûres ou des soins à tel ou tel ? ». Faut reconnaître que… y a bien des amis qui en ont bien profité un petit peu de ma mère…

MP : Parce qu’elle se faisait pas payer ?

NR : Ben non, pas du tout…

MP : Oui, mais elle était gentille !... Ça se voyait tout de suite… Et alors, tu as parlé des sorties des garçons, mais les filles ? Ta sœur, elle sortait comme ça ?

NR : Ben ma sœur, elle est partie assez jeune, quand même, à la Mothe-Achard.

MP : Mais les autres, les copines…

NR : Ben, y avait donc tes deux sœurs…

MP : Je sais qu’elles ont eu des vélos blancs…

NR : D’ailleurs, avec Thérèse Papin, on allait souvent à Chaillé-les-Marais. Il y avait beaucoup de trucs à Chaillé-les-Marais, des fêtes, y avait pas que des Coupes de la joie… il y avait des soirées, des dimanches après-midi… à vélo. Organisés par la paroisse et la JAC. Beaucoup la JAC, beaucoup.

MP : Mais, vous voyagiez ensemble, parce que j’ai l’impression que c’était un peu surveillé, ça, hein ?

NR : Ah ben mon père… fallait pas que je parle aux filles, hein…

MP : Jusqu’à quel âge ?

NR : Ben malheureusement, malheureusement, c’est que mon père est décédé, voilà… bon ! Fallait pas que je parle… […] Il était dur, très dur…

Note de bas de page 11 :

Cf. l’entretien.

MP : Mais j’ai appris que mon grand-père Mathé, pareil euh… C’est Denise Jourdain qui me l’a dit, parce qu’ils ont été voisins un peu… Et Ginette11 aussi je crois me l’a dit, parce qu’elle était au Rocher à un moment [hameau où habitait initialement mon grand-père Mathé].

Note de bas de page 12 :

Curé du Gué de Velluire de 1918 à 1948.

NR : Ouais, ouais, c’était dur… Ah à l’époque, le père Gadé12, mais on va pas revenir sur la religion, mais c’est vrai qu’à l’époque, c’était épouvantable… je devrais pas dire épouvantable, mais quelque part…euh…

MP : C’était complètement excessif… (…)

NR : Et le père Poupin… mais il avait une certaine intelligence quand même, il savait faire la part du feu quelque part…

MP : Oui, il n’était pas brute…

NR : Non, pas du tout…

MP : Ma mère, peut-être plus.

NR : Peut-être, oui, peut-être

MP : Surtout avec ses filles… Mon père il était assez souple.

NR : Oui, il était calme, il était cool, oui, oui… (…)

MP : Donc, oui, c’était sévère, parce que… j’en entends souvent parler. Mais ça fait partie du contexte local… c’est une époque, hein !

Note de bas de page 13 :

Commune voisine de Fontaines.

NR : Tu sais, à Doix13, mon amie, elle est sortie de Doix. Mais à Doix, c’était pareil, hein ! Il y avait des paroisses, hein, ha, ha… (…).

MP : Donc les filles sortaient quand même moins que les garçons…

Note de bas de page 14 :

Cf. la photo de la vieille voiture décapotable avec cinq filles dedans.

NR : Beaucoup moins. Donc, pour finir, je continue… ce qui est malheureux, c’est que quand mon père est décédé… j’avais la Licorne14, eh ben maman à ce niveau-là était très large… Mes grands-parents Manceau à ce niveau-là étaient très larges, et dans la Licorne, il y a tes sœurs, Mimi, Solange [sa sœur]. Dans la Licorne, on allait à Chaillé-les-Marais ou à l’Ile d’Elle, on montait à 5 ou 6 dans la Licorne.

Dans la Licorne des années 20 de la maison Roussies – photo de 1956 : (de g. à d.) Marie-Ange Poupin, Solange Ferret, Marie-Odile Poupin, Gaby Ouvrart ( ?), Germaine Roussies. Devant : Pierre Poupin

Dans la Licorne des années 20 de la maison Roussies – photo de 1956 : (de g. à d.) Marie-Ange Poupin, Solange Ferret, Marie-Odile Poupin, Gaby Ouvrart ( ?), Germaine Roussies. Devant : Pierre Poupin

J’ai eu mon permis à 18 ans, quoi. Autrement, mon père aurait vécu, hein… C’est malheureux, c’est parce que mon père est décédé que j’ai pu emmener les filles... (…)

Note de bas de page 15 :

Cf. entretien avec Ginette Bocquet.

MP : Comme me disait Ginette15 ce matin, « Ah, on allait au théâtre, hein, mais on n’écoutait pas toujours ! ».

NR : Non, non (rires).

MP : Elle m’a dit : « Quand on est jeune, on chahute, on n’écoute pas toujours le théâtre ! ». Mimi Baudon (née Ollivier) m’a dit aussi qu’avec Dominique : « Ah des fois, on allait aux trois séances ! »… C’était une sortie, et je crois qu’ils ne regardaient pas trop la pièce non plus ! c’était dur, mais en même temps, c’était l’époque. Donc, on faisait pas la différence à l’époque ; personne supporterait ça aujourd’hui… Mais à l’époque, y avait rien d’autre.

NR : Surtout qu’au Gué je pense que… y avait pas d’animation… au niveau des sorties… des fêtes, y en avait pas beaucoup hein, par rapport à Vix, par exemple, ou l’Ile d’Elle. Tu me diras, le village était moins important.

MP : Eh ben voilà, c’est que l’Ile d’Elle c’est 2 ou 3 fois plus gros, Vix aussi, et Chaillé encore plus.

NR : Remarque… de toute façon… au Gué, on était peut-être encore mieux loti qu’à la Taillée. Je pense qu’à l’époque, y avait pas grand chose.

MP : Je sais qu’il y avait des séances de cinéma, mais y en a eu aussi au port du Gué, dans le café, là-bas… 

Note de bas de page 16 :

Actuellement, le seul restaurant du Gué de Velluire, au bord de la Vendée.

NR : Oui, oui, là où il y a « Le Guétréen »16 actuellement.

MP : Chez Mme Bertin, je crois, ça n’a pas duré. A la Taillée, je crois que c’était tous les dimanches après-midi, mais, on n’y allait pas, nous,

NR : Ah non, non. On n’avait pas le droit (rires)… A l’époque, y avait pas de films porno ! (rires)

MP : Mais ça fait rien, c’était déjà du porno !

NR : Mais mon père, à Fontenay-le-Comte, j’sais pas, il me laissait partir. Il devait avoir confiance. Oui, il me laissait partir quand même, mon père.

MP : Mais tu partais pas tout seul.

NR : Ah non, non ! Avec Claude Ollivier, Rémondeau…

MP : Il faisait confiance au groupe.

NR : Ah ben oui, certainement.

MP : Donc c’est la génération qui a connu le vélo.

NR : Oui. Enfin, moi, personnellement.

MP : Mais vous alliez déjà en Vespa. Il fallait un permis ?

NR : En Vespa, il y avait qu’André [Roussies, cousin]. André était donc apprenti mécanicien au Poiré-sur-Velluire (…) Puis après, il a acheté le garage…

MP : Où Gaby Garreau a été apprenti… Eh donc Dédé, en tant que mécanicien, il s’est bricolé un Vespa ?

NR : Il avait un Vespa, bien sûr, en tant que mécanicien.

MP : Mais il fallait un permis, à l’époque ?

NR : Ah, je pense pas.

MP : Mais dis-moi, qui est-ce que tu me conseilles d’aller voir pour raconter des choses comme ça ? J’ai vu Ginette, Michel Girard…

NR : Alors, au Gué, Claude Ollivier, malheureusement c’est pas la peine…

MP : Je vais aller voir Paulette [Gaignet, née Ollivier]…

NR : Paul Garreau… Paul Gaignet (…)

MP : Toi, tu te souviens du père Puaud ?

NR : Oui.

MP : … avant Dédé Ferret, qui était metteur en scène, qui organisait… le curé était directement impliqué…

NR : Oui, je pense que le curé Puaud était impliqué pas mal… je pense, hein !

MP : Il est parti en 66, et je me demande si c’est pas à ce moment-là qu’André Ferret a commencé vraiment à prendre les choses en main.

NR : Oui, oui. A l’époque, j’allais au théâtre au Gué, même de Fontaines, quand y avait des théâtres au Gué. On a toujours eu des relations. Parce que tu penses que le dimanche, y avait pas de sorties ; avec Mimi, on n’allait pas au bal. Parce que là aussi, le bal, à l’époque, fallait surtout pas aller au bal… On n’allait pas au bal à l’époque, de toute façon, ça ne se faisait pas.

MP : Et y avait pas de bals au Gué.

NR : Non, y avait pas de bals au Gué. Y en avait à La Taillée, oui, oui… (…)

Note de bas de page 17 :

Il est arrivé au Gué en 1947 en tant que vicaire (le vicaire, généralement jeune, assiste le curé de la paroisse).

MP : … Je pense que le père Bonnin17 a dû être impliqué…

NR : Le curé Bonnin ?

MP : Il me semble que c’est lui qui a lancé le théâtre.

NR : Ça pourrait se faire. Parce qu’en plus, le curé Bonnin, il voulait lancer une clique. J’ai encore mon clairon chez moi, ça a duré combien… un hiver, quoi.

MP : Mais il a essayé ! Il vous a réuni pour ça ?

NR : Ah mais, on avait acheté les instruments. J’ai encore mon clairon chez moi. Il voulait faire une fanfare.

MP : Ça s’appelait clique à l’époque ?

NR : Je pense, hein !

MP : Guy Ollivier en a parlé un peu en étant moins clair… Je crois que c’est le curé Bonnin qui a lancé le théâtre.

NR : Ah peut-être. Il avait pas mal d’idées. C’est un prêtre qui à l’époque, par rapport à…

MP : … J’ai vu hier au cimetière que le père Gadé est mort en 47 (et non en 48). Le père Bonnin a dû venir en 47. Et peut-être que la première pièce de théâtre était en 48 ou 49. 49 au moins c’est sûr car Cécile a la preuve [le programme de la pièce Le vicaire].

Donc lui, au départ, c’était un vicaire. Il était tout seul ou il y en avait un autre ?

NR : Ah non, il était tout seul.

MP : Je sais pas qui m’a parlé du vicaire Bonnin… J’ai vu passer ça…

NR : Peut-être quand il a été nommé au Gué de Velluire… il devait être vicaire à l’époque.

MP : … Avant que le père Gadé meurt ?

NR : Parce que le père Gadé est allé jusqu’au bout, hein ! Parce que, je me souviens, je lui mettais ses chaussures au père Gadé. On habitait, tu sais, la rue du grand verger, là. J’allais à l’époque à la messe le matin, c’était dur hein ! On se levait de bonne heure, hein !

MP : A 6 heures, la messe, hein ! Tu as été enfant de cœur aussi ?

NR : Jusqu’à 16 ans. Fallait servir aux Vêpres…

MP : Ça vous empêchait pas de sortir ?

NR : Beh, à l’époque, je sortais pas beaucoup.

MP : Donc peut-être qu’il y a un petit chevauchement Bonnin-Gadé. Parce que Gadé a passé près de 30 ans au Gué. Bonnin était assez jeune, alors ?

NR : Oui, oui…

MP : Et Raballand, ça te dit quelque chose ?

NR : Raballand, oui. Il est venu après le père Bonnin, lui, non ?

MP : 51-56. Le père Bonnin n’est pas resté longtemps, lui. Et après, il y a le père Puaud. Michel Girard m’a dit que Raballand, ça ne l’intéressait pas le théâtre.

NR : Non. Puaud, lui était très énergique. Il était organisateur. Il aimait bien fréquenter les ouailles, il fréquentait bien ses paroissiens.

MP : C’est lui qui devait choisir les pièces.

NR : Ça, je sais pas. (…)

MP : Donc tu te souviens qu’il y a eu du théâtre dans l’aile de droite de la cure ? Mais il y avait très peu de monde ?

NR : Ah bien sûr, c’était pas grand.

MP : C’était quand, ça ?

NR : J’étais gamin, hein ! C’était pendant la guerre, non ?

MP : Donc c’était en même temps que la Galipeauderie.

NR : Certainement. Par contre, la différence, c’est que la Galipeauderie, je veux pas dire que c’était laïc…

MP : C’était pas catho, c’était pas laïc, c’était pour faire des cadeaux aux prisonniers.

NR : Ça, je m’en souviens pas de ça. Je me souviens avoir été au théâtre au moins une fois à la Galipeauderie. Mais c’est tout.

MP : Mais, quand tu t’es marié… y a pas eu le mariage à…

NR : … A la Galipeauderie, oui. Le repas. D’ailleurs, Cécile puis Geneviève sont allés à la Galipeauderie aussi, hein ! A l’époque, ça se faisait dans les fermes. On mettait des draps…

MP : Ça veut dire que vous vidiez toute la grange ?

NR : Oui, y avait le foin dans le fond, mais on mettait des draps… tu cachais tout avec des draps.

MP : Donc, ça faisait une grande salle (…) Elle a été démolie depuis car elle s’écroulait et devenait dangereuse.