Bio-nettoyage – Établissements Médico-Sociaux (EMS) – COVID 19 : nous avons inventé l’eau tiède Bio-cleaning – Medical and Social Institutions – COVID 19: we have re-invented the wheel
Former régulièrement les personnels des établissements médico-sociaux en bio-nettoyage, afin qu'ils perçoivent au mieux les enjeux et l'importance de leur activité pour la sécurité des résidents.
Regularly train the staff of medical and social institutions for bio-cleaning, so that they become more clearly aware of the issues and the importance of their activity for the safety of residents.
Pour aborder le thème du bio-nettoyage et son importance dans la prévention de la transmission de germes comme le SARS-CO-2 lors de la contamination de certaines surfaces (toutes les zones contact, touchées et /ou manipulées par les mains), les travaux de I Ph Semmelweis précisent que devant toute situation épidémique avérée ou supposée, il convient :
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d’essayer de comprendre les faits et d'en faire une analyse précise ;
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de proposer ensuite les solutions correctrices, la mise en place de mesures spécifiques, de rappeler les principes de base, voire de repenser l'organisation des soins ;
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de vérifier enfin l'efficacité de ce qui a été mis en place.
Il est aisé de vérifier qu'avec la COVID 19 et le déroulement des faits dans les Établissements Médico-Sociaux (EMS), le retour aux fondamentaux était indispensable dans la prévention du SARS-CO-2.
- Note de bas de page 1 :
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Déjà au 1er siècle avant JC, un médecin hindou du nom de Charaka, souhaitait qu'un hôpital soit construit par un architecte compétent dans le domaine, vaste, bien aéré, avec du personnel ayant de bonnes manières, propre sur lui et dans ses vêtements. I. Ph Semmelweis quant à lui, en 1848 lors d'une étude sur la fièvre puerpérale responsable de la mortalité des futures mamans, établissait dans ses conclusions que la transmission de ces germes se faisait par les mains des étudiants en obstétrique. Il préconisait l’hygiène des mains, et en démontrait l'efficacité pour diminuer ces infections et la mortalité dans les maternités européennes.
Nous avons tous vu et entendu ces nombreuses personnalités qui préconisaient l'hygiène des mains, le nettoyage des surfaces contact (poignées de portes...), le port du masque, la distanciation physique (2 m) afin de prévenir la transmission de ce germe. Il suffit de reprendre l'histoire de la lutte contre les infections associées aux soins (infections nosocomiales), et les épidémies pour vérifier que ce que l'on appelle les précautions « standard » intègrent entre autres ces recommandations depuis bien longtemps1.
Concernant plus spécifiquement le personnel des EMS, responsable du bio-nettoyage, leur intervention ne devrait pas débuter sans une formation préalable prenant en compte :
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une tenue de travail propre et adaptée ;
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l’hygiène des mains (lavage simple avec eau + savon, ou désinfection avec une solution hydroalcoolique) ;
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le travail avec les gants, (les gants ne doivent jamais dispenser l'hygiène des mains) ;
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l’approche en microbiologie, pour connaître les germes à combattre, comment et avec quel produit ;
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l’approche sur les produits utilisés, leur efficacité, et leur limite (surtout en désinfection).
La COVID19 a remis sur le devant de la scène l'hygiène des locaux, aspect trop souvent sacrifié par manque de personnel et/ou surcharge de travail.
L'ensemble des différents acteurs a convenu très rapidement de son importance dans la prévention de la transmission du SARS-CO-2, au même titre que le port du masque et les autres gestes barrière. On découvre dans le même temps les lacunes, les erreurs commises par méconnaissance du sujet, et l’importance de la formation du personnel dédié à cette tâche. L'objectif essentiel de ces formations, ou la réactualisation régulière des connaissances, étant de faire en sorte que :
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les intervenants intègrent mieux les protocoles, les normes des produits, les techniques de nettoyage, et leur protection pour rentrer dans les chambres des résidents contaminés ou suspectés ;
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les acteurs comprennent mieux la logique de l'organisation à laquelle ils participent, d'en percevoir les contraintes, les justifications, les enjeux, et ainsi donner du sens à leur activité. (Ne pas leur apprendre à pousser un balai, mais leur faire comprendre pourquoi il faut le pousser en respectant une certaine technique) ;
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les discours soient vulgarisés afin de les adapter au contexte des EMS, et les rendre compréhensibles par l'ensemble des professionnels.
Cela permettrait ainsi de répondre aux différentes problématiques, notamment :
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Qu'est-ce que le SARS-CO-2 ?
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Qu'est-ce que la Covid 19 ?
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Pourquoi des normes d’hygiène ?
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Comment et pourquoi les respecter ?
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Pourquoi respecter telle consigne de sécurité ? Son importance ?
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Qu'est-ce que ce produit, quelle salissure enlève-t-il, quel germe détruit-il ?
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pourquoi respecter ce temps de contact du produit sur telle surface ?
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Pourquoi respecter certains principes de base en bio-nettoyage (la marche en avant ; le sens hygiénique du nettoyage) ?
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Pourquoi porter une tenue spécifique pour rentrer dans les chambres des résidents en isolement ?
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Pourquoi respecter des consignes strictes lors de l'habillage, et du déshabillage dans ces chambres ?
De même, donner aux différents acteurs les connaissances théoriques de base en microbiologie, en chimie des produits, permettrait à chacun de s'approprier des connaissances, du vocabulaire spécifique, professionnel, afin qu'il puisse s'exprimer avec précision sur et pendant son activité.
La COVID 19 a mis en exergue ces oublis, ces lacunes concernant les principes de base indispensables en matière d’hygiène et de bio-nettoyage. Rien de bien nouveau sur ces principes. Les recommandations sur le bio-nettoyage en EMS sont les mêmes qu'avant la COVID 19. Les produits présentant la fameuse norme « EN 14476 » agissant sur les virus enveloppés comme le coronavirus, existent et sont utilisés depuis longtemps.
Ce qui a profondément modifié cette action de bio-nettoyage, en plus du retour aux fondamentaux, est l’intégration de la protection de l'intervenant avec la formation sur l'habillage, le déshabillage dans ces chambres, et la gestion de tous ces déchets. Ces contraintes pour la sécurité de chacun ont également fait évoluer l'organisation du travail par l'anticipation des différentes tâches nécessaires afin d'éviter les entrées/sorties des chambres.
Les EMS sont avant tout des lieux de vie, bien qu'ils soient confrontés de plus en plus à des soins lourds mis en avant pendant cette période de la covid 19. Afin de répondre à leur besoin dans le domaine du bio-nettoyage, les EMS ne peuvent s'appuyer que sur les différents guides des recommandations des CPIAS (Centre d'appuis pour la Prévention des Infections Associées aux Soins).
Il appartient donc à chaque établissement de trouver dans la formation et les publications des sociétés savantes les outils incontournables pour limiter le risque infectieux pour les résidents et le personnel, tout en gardant en perspective que ceux sont des lieux de vie, et une notion importante de bon sens.
Cette période qui impose l’utilisation de produits désinfectants efficaces sur le SARS-CO-2 ne devrait pas faire oublier ce bon sens, ni des notions de développement durable. Face à la COVID 19 et à cette obligation de désinfection avec des produits « normés EN 14476 », il faudrait probablement être plus vigilant sur tous ces produits plus ou moins polluants, plus ou moins efficaces, ayant pour certains de multiples fonctions comme ceux qui lavent et désinfectent lors de la même opération.
Loin de moi l’idée de dire qu'ils sont inefficaces et/ou dangereux, mais il me paraît simplement utile de rappeler que ce sont de piètres nettoyants et de puissants désinfectants. Les surfaces sur lesquelles leur utilisation est constante voire abusive ne sont pas correctement nettoyées ; elles s'encrassent et deviennent alors plus à risque - une expression souvent utilisée en hygiène précise qu'il vaut toujours mieux qu'une surface soit bien nettoyée que mal désinfectée.
Il pourrait être également intéressant de se rapprocher, et de travailler de concert avec des laboratoires et des fournisseurs de produits d'entretien dans le but de simplifier le bio-nettoyage, tout en conservant une efficacité désinfectante et en y associant un intérêt pour la protection de l'environnement.
La multitude de produits à la disposition des établissements ne facilite pas leur tâche. Une approche abordant plus spécifiquement la compréhension des germes et de leur multiplication sur les surfaces pourrait permettre une meilleure efficacité du bio-nettoyage en évitant l'utilisation de produits nocifs voire dangereux pour l'humain et l'environnement. Ainsi, la recherche et le maintien de l'efficacité, tout en conservant du bon sens et en intégrant la protection de l’environnement, pourraient peut-être commencer par « faire le ménage » dans cette multitude de produits.
Toutefois, ainsi que l’énonçait Pasteur en 1848, « Au lieu de s'ingénier à tuer les bactéries dans une plaie, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas les introduire » (Hygis, 1998 :7, 8, 9).