L’inspecteur pédagogique Allogho Beka Leon : histoire d’une vie vouée à l'éducation des jeunes gabonais Pedagogic inspector Allogho Beka Leon: history of a life committed to the education of gabonese youth
L’école se veut comme un lieu de socialisation, de modélisation de l’individu en vue d’optimiser son intégration sociale et professionnelle. Dans cette perspective, l’enseignant en tant que pédagogue, éducateur et père participe de cette dynamique, étant celui qui y veille afin de lui transmettre les clés utiles pour y parvenir. C’est ce que Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka a su incarner pendant 39 ans et 6 mois pour nombre d’élèves qu’il devait former, en leur transmettant la connaissance, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être, indispensables pour eux en tant qu’êtres politiques. Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka faisait partie de cette catégorie d’enseignants dévoués, investis, préoccupés par le devenir de leurs apprenants. C’est pour cela qu’il ne se lassait jamais d’expliquer, de simplifier, de rendre pratiques et accessibles ses enseignements pour que tous les profils d’élèves puissent se les approprier. Il se dévouait également à les éduquer aux valeurs africaines, à leur inculquer des normes de conduite, des préceptes qui en fassent des hommes outillés, des acteurs du développement de leur société, de leur pays, le Gabon. Le présent travail est un hommage sur la vie, le parcours professionnel de Léon Allogho Beka un Inspecteur Pédagogique considéré comme un modèle d’intégrité, d’humilité, d’altruisme, de générosité, d’empathie qui a consacré sa vie à la formation de la jeunesse gabonaise.
La escuela se entiende como ese lugar de socialización, de modelización del individuo con miras a optimizar su integración social y profesional. En esta perspectiva, el docente como pedagogo, educador y padre participa de esta dinámica, siendo el que vigila a los docentes a fin de transmitirles las claves útiles para realizarlo. Es lo que Don Léon Allogho Beka supo personificar durante 39 años y 6 meses para muchos de los docentes que tenía que formar, transmitiéndoles el conocimiento, el saber, el saber hacer y el saber ser, indispensables para su integración como seres políticos. Don Léon Allogho Beka, formaba parte de esta categoría de docentes dedicados, comprometidos, preocupados por el porvenir de sus aprendices. Es por eso que no se desanimaba en explicar, simplificar, hacer prácticos y asequibles sus enseñanzas para que todos sus alumnos pudieran apropiárselas. Se dedicaba también a educarlos en los valores africanos, a inculcarles normas de conducta, preceptos que les convirtieran en hombres capacitados, actores del desarrollo de su sociedad, de su país, Gabón. El presente trabajo es un homenaje sobre la vida, el transcurso profesional de Don Léon Allogho Beka, un Inspector Pedagógico considerado como un modelo de integridad, de humildad, de altruismo, de generosidad, de empatía, que dedicó su vida para la formación de la juventud gabonesa.
A escola é entendida como aquele local de socialização, de modelagem do indivíduo com vistas a otimizar sua inserção social e profissional. Nessa perspectiva, o professor como pedagogo, educador e pai participa dessa dinâmica, sendo aquele que vigia para transmitir as chaves úteis para realizá-la. Foi o que Dom Léon Allogho Beka soube personificar durante 39 anos e 6 meses para muitos dos professores que teve de formar, transmitindo-lhes os saberes, saberes, saberes e saber ser, essenciais para a sua integração como seres políticos. O Sr. Léon Allogho Beka, fez parte desta categoria de professores dedicados e comprometidos, preocupados com o futuro de seus aprendizes. Por isso, não desanimava em explicar, simplificar, tornar seus ensinamentos práticos e acessíveis para que todos os perfis de seus alunos pudessem se apropriar deles. Ele também se dedicou a educá-los nos valores africanos, a incutir neles normas de conduta, preceitos que os tornassem homens capazes, atores no desenvolvimento de sua sociedade, de seu país, o Gabão. Este trabalho é uma homenagem à vida, ao percurso profissional de Don Léon Allogho Beka, Inspetor Pedagógico considerado como modelo de integridade, humildade, altruísmo, generosidade, empatia, que dedicou sua vida à formação do Juventude do Gabão.
The school is understood as that place of socialization, of modeling of the individual with a view to optimizing their social and professional integration. In this perspective, the teacher as a pedagogue, educator and parent participates in this dynamic, being the one who watches over the teachers in order to transmit them the useful keys to carry it out. This is what Don Léon Allogho Beka was able to do for 39 years and 6 months for many of the teachers he had to train, transmitting to them the knowledge, know-how, know-how and know-how, essential for their integration as political beings. Mr. Léon Allogho Beka, was part of this category of dedicated, committed teachers, concerned about the future of their apprentices. That is why he was not discouraged in explaining, simplifying, making his teachings practical and accessible so that all his students could appropriate them. He also dedicated himself to educating them in African values, to instilling in them norms of conduct, precepts that would make them capable men, actors in the development of their society, of their country, Gabon. This work is a tribute about the life, the professional course of Don Léon Allogho Beka, a Pedagogical Inspector considered as a model of integrity, humility, altruism, generosity, empathy, who dedicated his life to the formation of the Gabonese youth.
Introduction
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Dans le cadre de l'administration de son empire colonial en Afrique Noire Francophone, la France constitua deux blocs suivant la configuration géographique desdits territoires. Pour l'Afrique de l’Ouest ; l'Afrique Occidentale Française (l’A.O. F) avec pour capitale la ville de Dakar aujourd'hui capitale politique du Sénégal. Pour l'Afrique centrale ; l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F) avec pour capitale Brazzaville, aujourd'hui capitale politique de la République Populaire du Congo.
Le Gabon est un pays de l'Afrique Centrale qui accède à l’indépendance le 17 août 1960. Cette indépendance s'obtient au terme de 121 ans de colonisation française (18391960). En somme, celle-ci fut caractérisée par une administration déconcentrée, corollaire d'une volonté manifeste de la Métropole d'imposer aux colonies une administration centralisée depuis Paris et dont des représentants locaux en assurait la stricte application. De ce fait, toute l'organisation politicoadministrative et socioéconomique des territoires qui constitueront l'Afrique Equatoriale Française (l’A.E.F) et l'Afrique Occidentale Française (l’A.O.F)1, sera conçue et orientée en vue des intérêts exclusifs de la France.
Dans cette même perspective, l'éducation dans les colonies sera l'œuvre des éducateurs laïcs et sécularisés occidentaux. Ceux-ci s'attèleront à transmettre aux apprenants africains desdites colonies les rudiments, les savoirs, les préceptes de l'école européenne et les valeurs de l'héritage culturel gréco-romain, par elle véhiculée, au détriment des savoirs endogènes, intrinsèques des peuples enseignés, civilisés, endoctrinés.
Il existe très peu de sources sur l’éducation dans ce qui est actuellement le territoire du Gabon, avant la colonisation française, en 1880. La disparition ou l’amenuisement de certains clans, suite à la Traite Négrière au XVIIème puis à la fin du XIXème a affaibli la mémoire lignagère orale de la période précoloniale. C’est pourquoi les recherches anthropologiques font traditionnellement coïncider l’appellation de « système éducatif gabonais » avec la mise en place du système colonial, vers 1880. Ainsi, le Gabon à l'instar des autres colonies formant alors l’A.E.F, verra son système éducatif naître dans ce contexte colonial où l'école constituait un instrument d'assimilation intellectuelle et culturelle des colonisés, par les colonisateurs.
Soulignons, pour le relever, que dans ces prémices, l'école gabonaise sera d'abord aux mains des religieux protestants, puis catholiques, du fait que les protestants furent les premiers à y édifier lieux de culte et lieux de socialisation intellectuelle et morale. Ils seront suivis des missionnaires catholiques, arrivés peu après ces derniers. Avec le processus de décolonisation amorcée notamment en Asie et en Afrique, et au terme de tractations politico-économiques, finalement, l'ancienne colonie française vint à accéder à la souveraineté nationale et internationale. Il eut fallu dans ce contexte alors la doter du capital humain et intellectuel apte à favoriser son autonomie politique, économique et sociale et à hisser son développement. De cette réalité, naquit la nécessité pour le pays de former l'élite dont elle avait besoin :
Au Gabon, l’école comme institution a fait son apparition au moment de la colonisation française. Elle n’est donc pas le fruit d’une évolution nationale, mais le résultat d’une transplantation pure et simple du système éducatif français, en dépit du fait que diverses directives ont été consignées dans la loi fondamentale gabonaise et dans la loi 16/66 instituant l’école obligatoire en République Gabonaise. A l’origine, son but était de civiliser, franciser, créer une élite capable de gérer les affaires de la métropole et d’arriver à une assimilation culturelle. En effet, au départ, l’école avait pour mission première la formation des commis de l’État capables d’aider les administrateurs coloniaux. Pour apprendre à lire et à écrire, il fallait d’abord commencer par se détacher de sa langue maternelle, donc de sa culture. On se souvient encore du fameux « symbole » terrorisant les enfants dans nos écoles et aussi du regard accusateur de l’autre face au porteur d’un « bijou ethnique » ou de tout autre objet traditionnel. C’était l’époque où les finalités de l’éducation avaient pour seule orientation, non pas de former des hommes capables d’assurer le développement de la Nation, mais des hommes capables de combler des objectifs parfois mercantiles.
Or, l’école qui est un lieu de transmission des savoirs, du savoir-être et du savoir-faire et qui est le creuset de l’instruction pour l’enfant, assure aussi la continuité du processus de socialisation entamé au sein de la structure familiale. De ce fait, elle a pour rôle d’assurer le relais de la transmission des valeurs culturelles à travers les programmes, les méthodes, les stratégies utilisées par les enseignants dans les classes ; ainsi que par l’utilisation de toute technologie éducative concourant au renforcement des apprentissages (matériaux locaux, objets du terroir, etc.). Si la politique éducative d’un pays se détermine par ses caractéristiques particulières, à savoir : l’histoire, la géographie, la religion, la philosophie et la culture (Goupil et Luzignant, 1993), il est tout à fait compréhensible qu’à un moment donné, le Gabon ait pris la décision de sortir de la vision coloniale de l’école afin d’en proposer une autre proprement gabonaise. La mise en commun des structures politiques, économiques, administratives existantes, vise le développement optimal des capacités des individus, en priorisant leurs besoins, leurs attentes, avant ceux de la société qui pourtant, doit être pourvue en cadres, en spécialistes et en professionnels de tous genres. C’est, pensons-nous, dans cette optique que les finalités de l’éducation indiquant les lignes directrices des visées et actions pédagogiques d’un pays, trouvent leur raison d’exister.
Les finalités de l’éducation, nous le savons, sont généralement définies comme étant le désir du politique de voir se produire une transformation sociale (Okome Beka, Kiki Mvouaka, 2012 :209).
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Capitale (chef-lieu) de la province du Moyen Ogooué (troisième province du Gabon)
Au tout début des années 60, c'est donc pour concrétiser ce dessein noble, que de nombreux jeunes gabonais vont se former dans tous les corps de métiers afin de contribuer au décollage socioéconomique de la jeune nation gabonaise et à son affirmation dans le concert des nations souveraines. Ce sera ce même désir ardent d’œuvrer pour l’essor intellectuel et formatif de son pays en transmettant des connaissances théoriques et pratiques, des valeurs positives aux élèves gabonais que le jeune Léon Allogho Beka choisira après l’obtention de son Brevet d’Etudes du Premier Cycle et du Second Degré (BEPC) de devenir enseignant. Carrière à laquelle il dédiera 39 ans et 6 mois de sa vie ; donnant de sa personne, de son être pour la formation des jeunes générations. Enseignant, formateur, éducateur et pédagogue, il aura tout au long de sa longue vie professionnelle, franchi toutes les étapes de la carrière enseignante. A l’issue d’une formation de deux ans au Juvénat de Lambaréné2, il débute sa carrière comme instituteur adjoint des écoles. En 2005, après plusieurs retours en formation continue et renforcement de capacités à l’École Normale Supérieure de Libreville, il termine son parcours au plus haut sommet de sa carrière, avec le grade d'Inspecteur Pédagogique.
Dans les lignes qui suivent nous voulons découvrir la trajectoire professionnelle singulière de l'illustre personnalité. Mais, tout au long de cet hommage, nous ne manquerons pas de ressortir les points saillant de cette vie de dévotion et d’engagement.
I Formation humaine et intellectuelle
1-1 Naissance et parcours scolaire
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En langue fang mais la traduction littérale donnerait « Le Blanc des Écoles », titre que monsieur l’Inspecteur acquiert dans sa ville natale au début des années 80, lorsqu’il devient Chef de Secteur Catholique du Woleu-Ntem Sud. Le Woleu-Ntem est la neuvième et dernière province du Gabon. Cette appellation est liée au contexte colonial, car à l’époque, c’étaient les postes de responsabilité réservés exclusivement aux Français.
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C’est une appropriation identitaire fondamentale. Chez les Ekang, ce rituel doit marquer chaque prise de parole importante. Le Fang invoque ses ancêtres à chaque pas important de sa vie et monsieur l’inspecteur considère cet entretien avec nous comme un couronnement. Cet échange doit donc se dérouler sous la bienveillance de ses ancêtres.
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On les appelle également « fang » ou « pahouins ». Il s’agit d’un groupe ethnico linguistique de langue bantoue vivant au Gabon, au Cameroun, en Guinée Equatoriale, en République Populaire du Congo (CongoBrazzaville) et à São Tomé et Principe.
L'objectif ici est de mettre en exergue le parcours de notre illustre enseignant partant de sa naissance, dans le contexte colonial, jusqu'à son dernier poste d'affectation administrative. Cependant, comme point marquant de son enracinement et d’affirmation de son identité culturelle, monsieur l’Inspecteur, appelé affectueusement dans sa contrée « Ntangane be sicolo3 ». L’Inspecteur Léon Allogho Beka4 est Fang, donc de la lignée des Ekang5, en l'occurrence société culturelle patrilinéaire dont la filiation se fait par ascendance paternelle. De la tribu Odzip, il décline sa généalogie de la façon qui suit :
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L'absence de prénoms occidentaux obéit à une volonté, pour nous, de se conformer avec la réalité socioculturelle du peuple fangntumu qui ne les admettait pas par désir de pérennisation identitaire.
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Entretien, Oyem, le 20 août 2020.
MBA ASSOKO, ancêtre connu du lignage engendra MEMINE ME MBA, de ce dernier naquit MBA MEMINE, dont le descendant sera MEYE MBA ; lequel aura pour fils OTOGO MEYE, qui à son tour conçu OBA'A OTOGO, duquel naquit ZANG OBA'A. ZANG OBA'A engendra AFFANE ZANG, qui concevra EDOU AFFANE, duquel naîtra ASSOKO EDOU, père de MINKO MI ASSOKO, grand-père de AFFANE MINKO. AFANE MINKO, engendra BIBANG BI AFFANE, lequel conçu EDOU BIBANG, duquel naquit AFFANE EDOU, père de ONDO AFFANE, lui-même géniteur de NDONG ONDO. NDONG ONDO, engendra ALLOGHO NDONG, père de ZANG ALLOGHO, grand-père de MEYE ME ZANG. MEYE ME ZANG, concevra ALLOGHO MEYE, lequel engendra BEKA B'ALLOGHO6, duquel naîtra après un mariage consenti avec Martine OYE EDZANG, un fils en la personne de, ALLOGHO BEKA Léon. Du premier ancêtre masculin connu jusqu'à notre personnage central, on dénombre 23 générations7.
Après cette perspective ethnico-anthropologique du personnage, nous continuons notre démarche biographique en déclinant la trajectoire de vie proprement dite de ce dernier.
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Il conviendrait de préciser que nous sommes en plein contexte colonial et, de ce fait, la configuration territoriale actuelle du Gabon n'est pas encore actée. Ainsi, en tant que territoire français, toute la colonie gabonaise était organisée en une province. D'où le Woleu-Ntem province aujourd'hui, mais autrefois un département de la province « gabonaise ».
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Minkong est un centre agricole laissé par les colons français. Il se dédiait à la production du café et du cacao. École agricole pratique qui a formé les jeunes gabonais dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Elle n’existe plus aujourd’hui, mais le nom du centre reste très célèbre et constitue l’identité de toute cette contrée.
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Du 17 au 18 février 1964, de jeunes militaires gabonais revendiquant l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail décident de se faire entendre du pouvoir politique du président Léon Mba et tentent un coup de force. Ainsi, devenus maîtres du pays en l'espace de quelques heures, ils déposent le président et son gouvernement. Suite à cela, ils vont se rapprocher de Jean-Hilaire Aubame, Paul- Marie Godjout et d'autres intellectuels, opposants d'alors, afin de confier la gouvernance du pays à des civils. Finalement, la mutinerie ne se convertira pas en un renversement du système puisque le président Léon Mba sera rétabli dans ses prérogatives, grâce à l’intervention des militaires français. Il s'ensuivra une « chasse aux sorcières », suivant le processus analogue aux États-Unis dans le contexte du Maccarthysme avec la traque des conspirateurs militaires et politiques qui avaient contribué à cette forfaiture.
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L'un des ordres d'enseignement confessionnel lié à l'État gabonais par contrat. On y dispense un enseignement classique incluant des préceptes moraux du Christianisme-Catholicisme.
En effet, l’Inspecteur Léon Allogho Beka est né dans un petit village nommé AbamOdzip, canton Woleu, Département du Woleu-Ntem, à 20 km d’Oyem8, le 11 avril 1945, de feu Beka B'Allogho Laurent et de feue Martine Oyé Edzang. Il fait ses études primaires à l'École Catholique de Mebane Endama une bourgade située à 27 Km d’Oyem par Minkong9, jusqu'en classe de CE1. Comme le voulait la logique de l’époque, il poursuit son parcours primaire à l'École Catholique d'Angone Nkodjè (5km d’Oyem) où il obtient son Certificat d'Etudes Primaires (CEP) en 1960. Comme il était de coutume, il opte pour la vie religieuse et entre en 6ème au Séminaire Saint Kisito d’Angone. Les événements politiques de 196410 l'obligent à interrompre cette formation sacerdotale. Il opte alors de rentrer au Juvénat Notre-Dame de Lourdes à Lambaréné (province du Moyen-Ogooué, Gabon centre) et, à la session juin de 1966, il obtient son BEPC. Nanti de ce diplôme et en bon croyant, il décide d’embrasser la carrière enseignante et envisage de devenir Educateur Chrétien pour le compte de l'Enseignement Privé Catholique11.
Par la suite, il est reçu au concours d'entrée à l'École Normale des Instituteurs de Saint François-Xavier, à Lambaréné en octobre 1966. Il en sort nanti en juin 1967 du diplôme du Certificat de Fin d'Etudes des Collèges Normaux (C.F. E.C.N), équivalent du Diplôme d'Instituteur Adjoint ou C. E.A.P (mention assez-bien). A partir de cette date, il exercera dans différentes écoles en qualité d'enseignant et de responsable administratif. Ainsi, en tant qu'instituteur frais émoulu, il recevra comme première poste d’affectation l'École Publique Catholique de Mebane Endama. Il restera à ce poste d’affectation l’année scolaire 1967-1968. L’année suivante, il sera affecté à l'École Publique Catholique de Saint-Louis de Port-Gentil, province de l'Ogooué-Maritime, il y restera jusqu' à la fin de l’année scolaire 1971.
De son expérience en tant d’enseignant du cycle primaire, il garde des souvenirs mémorables, quelques confidences livrées lors de notre entretien nous permettent de mieux cerner le personnage :
J’ai enfin eu le plaisir d’exercer ma passion pour l’enseignement et j’ai su rapidement m’imposer face à mes élèves et cela grâce à mon sens de la responsabilité, à ma rigueur, mais surtout grâce à la chance qui fut la mienne d’avoir comme Directeur d’école, mon oncle maternel, Monsieur JeanClair Allogho Obame. Ce dernier a d’ailleurs été d’un grand apport dans mes débuts dans ce beau et passionnant métier. D’autant plus qu’il venait de temps à autre à mon secours, notamment lorsque je ne me conformais pas à la contrainte temporaire avec ma fameuse activité, « Qui trouvesort » (Entretien avec Monsieur Allogho Beka, 29 août 2020).
Aussi, contrairement aux autres jeunes fonctionnaires qui passaient des moments difficiles dans leurs premiers postes d’affectation :
Je puis faire mes premiers pas dans l’enseignement sans trop de fracas. Cette expérience fut une aubaine pour moi d’autant plus que cet établissement se trouvait à 2 kilomètres de mon village d’origine. Je n’avais pas connu de difficultés particulières ni en termes de locomotion, ni de logement, et encore moins de restauration puisque j’étais entouré de ma famille et de toutes les autres personnes que j’aimais et qui pouvaient m’apporter l’affection tant recherchée par tout jeune fonctionnaire débutant loin de sa famille (Entretien avec Monsieur Allogho Beka, 29 août 2020).
Cette première photographie ci-après est l’unique trace physique, encore intacte, qui illustre son passage au Juvénat de Lambaréné. Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka garde jalousement ce précieux souvenir à la première page de son album photos :
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Lambaréné fut l’un des premiers centres de formation des formateurs du primaire pour l’Enseignement de Privé Catholique du Gabon. A ce titre, il recevait les jeunes futurs instituts de tout le pays. Ce centre était appelé Juvenat.
Photo n° 1 : Troisième rang du bas vers le haut, troisième à partir de la droite vers la gauche, le jeune Allogho Beka Léon, entouré de ses condisciples élèves instituteurs de Lambaréné12 (chef-lieu de la province du Moyen Ogooué, Gabon) et de ses encadreurs pédagogiques et doctrinaux (année scolaire1966-1967).
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka
1-2 Évolution de la carrière et prise de responsabilité
Après sa prise de fonction et le début de sa carrière pédagogique dans deux provinces du Gabon, le jeune enseignant se verra confier des responsabilités administratives. Il sera notamment nommé Directeur de l'École Publique Catholique de Engneng-Melène à Mitzic (province du Woleu- Ntem), à partir de la rentrée scolaire 1971-1972. Ensuite, à la rentrée 1972 il sera affecté comme Directeur de l'École Publique Catholique Mitzic-centre, puis de Directeur de l'École Publique Catholique d'Angone Nkodjè à partir de l’année scolaire 1974-1975. Au cours de l’année 1974, il est admis au Certificat d'Aptitude Professionnelle et obtient le grade d’Instituteur Principal. C’est ce qui l’anime à poursuivre et à la rentrée académique 1976-1977, il est admis au concours d'entrée à l'École Normale Supérieure de Libreville pour le grade de Conseiller Pédagogique. Il en sortira, en juin 1978, nanti du diplôme de Conseiller Pédagogique. Suite à ce stage, il regagne le terrain de l’enseignement et est promu Chef de Secteur Scolaire Catholique du Woleu-NtemSud, dont le siège se trouve à Oyem, sa province natale qu’il rejoint après 10 ans. Il occupe le poste de Chef de Secteur de 1978 à 1980. Ensuite, il sera nommé Directeur du Collège d'Enseignement Secondaire Catholique de Minvoul (extrême nord-est du Gabon).
Il faut reconnaitre qu’à cette rentrée, l’Etat venait de lancer le projet de construction de plusieurs établissements primaires et secondaires, afin de pourvoir le Gabon en nouvelles infrastructures scolaires, même dans les coins les plus reculés du pays. Alors quand il rejoint le collège de Minvoul, il trouve un énorme chantier sur lequel les travaux viennent à peine de commencer. Ainsi, monsieur le Conseiller Pédagogique Léon Allohgo Beka reçoit la mission d’accompagner l’État dans cette vaste ambition. Cette mission sera accomplie par la construction de l’établissement et la transformation de la Mission Catholique d'Alep au Collège d'Enseignement Secondaire Catholique de Minvoul Centre. L’inauguration de ce nouveau centre se fait à la rentrée scolaire de 1979-1980. Mais, la même année, il est affecté à la Direction Nationale de l'Enseignement Privé Catholique à Libreville, plus précisément au Bureau du Directeur National, en qualité de chargé du courrier. L’année scolaire suivante 1980-1981, il est de nouveau promu Chef de Secteur Scolaire de la Province de l'Ogooué-Ivindo et le siège se trouve dans le chef-lieu de province à Makokou. A la rentrée de 1981, il est nommé Chef de Secteur Scolaire Catholique du Woleu-NtemSud à Oyem. Il reste à ce poste jusqu'en 1989, lorsqu’il est à nouveau choisi pour mettre sur pied la Base Pédagogique Catholique de Mitzic dont il occupera bien évidement le poste de Chef de Secteur.
Au mois de mai 1990, il est admis à nouveau au concours d'entrée à l'École Normale Supérieure de Libreville. Cette fois, il vient pour suivre, pendant deux ans, une formation à la Section Elèves Inspecteurs. En novembre 1992, il obtient le diplôme de Certificat d'Aptitude d'Inspecteur Primaire. Il boucle, ainsi, le cycle de formation avec le grade le plus élevé de sa carrière : Inspecteur de l'Éducation Nationale.
Dans son album photo, il y a plusieurs témoignages. Pour illustrer ce long parcours d’encadreur pédagogique et de responsable administratif, nous avons sélectionné juste quelques photos :
Photo n° 2 : Allogho Beka Léon, entouré de deux institutrices au sortir d’une inspection pédagogique (1993).
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka.
Mais il faut retenir que le grade d’Inspecteur pédagogique ouvre une nouvelle page dans sa longue carrière. Ainsi, au terme de sa formation à l’ENS, il est affecté au Collège Catholique d'Angone, en qualité d'enseignant de français et d'histoiregéographie, chargé de cours dans les classes de 6ème et 5ème. En septembre 1994, il retournera dans le Woleu-Ntem où il est affecté comme Chef de Secteur Scolaire Catholique du Woleu-NtemNord à Bitam. Le 24 septembre 1996, il revient à Oyem, en qualité de Chef de Secteur Scolaire Catholique du Woleu-NtemCentre. C’est à ce poste qu’il termine sa carrière, en 2005.
Photos n° 3: Papa Allogho Beka Léon, Inspecteur de l’Education Nationale, Chef de Secteur Scolaire Catholique du Woleu-NtemCentre (Oyem). Décoré ici de la médaille de l’Officier dans l’Ordre de l’Education Nationale (1998).
Photo n°4 : Monsieur Allogho Beka, au cours d’un séminaire sur l’animation religieuse en milieu scolaire, à l’Institution Immaculée Conception de Libreville (mars 2002,).
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka
Photo n° 5 : Monsieur le Chef de Secteur Scolaire du Woleu-NtemCentre(Oyem), Léon Allogho Beka, apposant sa signature sur les décisions d’affectation des nouveaux enseignants de sa circonscription académique (septembre 2004).
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka.
Au terme d'une riche et longue carrière professionnelle dédiée à la formation des jeunes gabonais, Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka, fera valoir ses droits à la retraite le 19 juillet 2005, après 39 ans, 6 mois de sa vie dans l’Éducation Nationale, pour le compte de l’Enseignement Privé Catholique du Gabon.
Dans la vie civile, il est marié et patriarche d'une famille nombreuse constituée d’enfants, petits-enfants et arrièrespetitsenfants. Mais, en tant que vrai Bantou descendant des Ekang, il est très attaché à sa famille élargie, son clan et sa tribu.
II Une expérience riche et passionnante comme pédagogue et éducateur
Nous nous proposons à présent de mettre en exergue la riche et intense activité professionnelle de notre modèle de pédagogue, d'éducateur et de père.
2-1- Un pédagogue passionné et investi
Depuis sa tendre enfance, notre personnage nourrissait deux vœux quant à sa trajectoire professionnelle ; la vie sacerdotale comme Frère éducateur Chrétien Catholique ou l'enseignement. Nous nous rendons bien compte que, dans les deux cas de figure, il est question de don de soi, d'engagement et de profond attachement aux valeurs chrétiennes de l’Église catholique. Dans son parcours le dicton « l'enseignement est un sacerdoce » prend tout son sens.
Comme le concevait opportunément le sociologue Emile Durkheim :
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Émile Durkheim : L'évolution pédagogique en France, Paris, Puf, 3e édition, 2014.
L’éducation est l'action des générations adultes sur celles qui ne sont pas encore suffisamment mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et mentaux que réclame de lui la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné13.
C'est cette mission que monsieur l’Inspecteur s’est assignée. Il ne se lassait jamais d'expliquer, de revenir sur certains aspects du cours quand cela était utile, car il avait à cœur la réussite de ses élèves, le développement de son pays car on dit « il n'y a de richesse que d'hommes ». Le capital humain est le premier facteur de développement de toute nation, de tout pays, de tout continent. L’Inspecteur Léon Allogho Beka était un enseignant passionné, investi dans son travail. Il disait à qui voulait l'entendre qu'il ne se lasserait jamais d'enseigner parce que pour lui c'était sa raison d’être et sa raison de vivre. Son implication dans la réussite de ses élèves était telle qu’il en arrivait parfois à s’oublier lui-même et sa familiale. Aujourd'hui encore, nombre de ses anciens élèves se souviennent, avec émotion, de l'enseignant, de l'éducateur, ou du père qu'il fut pour eux.
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Le jeune maître Léon ALLOGHO BEKA a été surnommé dès le début de sa carrière chez lui à l’École Primaire de Mebane Endama « maître Frappant » pour sa rigueur et sa discipline. En effet, au Gabon post-indépendance, c’est-à-dire dans le courant des années 60 et 70, la punition était utilisée comme méthode d’assimilation des enseignements et des connaissances. Pour les gens de sa contrée, « maître Frappant » voulait dire celui qui fait tout pour que ses élèves s’en sortent ; le paradoxe de cette situation est que tout le monde lui témoignait respect et affection. Il était considéré comme l’exemple à suivre, le modèle de réussite qui voulait mettre fin à l’illettrisme et l’analphabétisme dans sa contrée. Il était celui qui devait conduire les enfants vers la réussite et les lendemains meilleurs. Il croyait en l’égalité des chances et l’école était le seul moyen pour y parvenir.
A ce propos Sandrine Obiang, une élève en classe de CM1 en 1978 se souvient encore du maître Léon Allogho Beka14 :
Maître Allogho Beka était un enseignant passionné, motivé, qui ne se laissait pas décourager par les circonstances, j'en veux pour preuve mon expérience personnelle. Ainsi ; lorsque j'achevai le cours élémentaire, j'éprouvais encore d'énormes difficultés pour m'approprier certaines règles grammaticales basiques de la langue française telles que l'accord des noms et adjectifs en genre et en nombre. Grâce à lui et à ses stratégies innovantes et pratiques, j'ai su finalement les assimiler.
Soulignons au passage que l'élève qui témoigne ici est aujourd'hui professeure de français. Ce témoignage est plus que révélateur de la passion dont faisait montre notre enseignant. Maître Allogho Beka est de la trempe de ces enseignants qui le sont devenus par vocation. Comme nous le disions, l'enseignement est un sacerdoce et un enseignant dévoué n'a qu’une seule raison d'exister : l'épanouissement intellectuel de ses apprenants. Maître Allogho Beka, comme enseignant ayant entamé sa carrière peu après les indépendances, était conscient de ce que la majorité de ses concitoyens découvraient la langue française ainsi que ses particularismes grammaticaux. Il savait que, pour beaucoup d'entre eux, le français était une langue de seconde acquisition, une langue exogène, qui ne se pratiquait qu'en situation de classe.
- Note de bas de page 15 :
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Langues bantous parlées au Gabon, principalement dans les provinces de l'Estuaire, de l'Ogooué-Maritime, du Moyen-Ogooué (pour les deux langues) et dans l'Ogooué-Ivindo et le Woleu-Ntem (uniquement pour le fang).
Il était conscient du fait que nombre de ses élèves avaient parfois du mal à le comprendre nettement lorsqu'il dispensait son cours uniquement en français. Pour y remédier, il n'hésitait pas à recourir à l'alternance codique entre la langue de Molière et les langues locales telles que le fang ou l'omyène15 pour que ses élèves le comprennent aisément. Deux de ses anciens élèves nous en livrent un témoignage saisissant. Il s'agit d’Antoine Rogombe et de Manuella Ekomie, qu'il avait eu comme élèves en classe de CE1, en 1970 et 1971, pendant qu'il était en poste dans la province de l'Ogooué-Maritime. Lesdits témoignages sont ici présentés suivant l'ordre d'énumération de leurs patronymes :
J'ai rencontré Maître Allogho Beka en classe de CE1. Il faut avouer que j'avais du mal avec la langue française car je ne la pratiquais qu'à l'école vivant avec mes grands-parents analphabètes et mes parents illettrés. Monsieur bien qu'étant de l'ethnie fang, s'efforçait de m'expliquer le cours en y intégrant des mots en langue omyène, qu'il était en train d'apprendre et cela dans l'intérêt de ses apprenants. Il m'a profondément marqué (Entretien avec Monsieur Antoine Rogombe, Libreville 20 août 2020).
Pour ma part, le maître Léon Allogho Beka, fait partie de ces enseignants qui ont marqué mon parcours scolaire. Il n'hésitait pas à m'expliquer le cours en langue fang. Parfois, il finissait d'expliquer le cours en français puis lorsqu'il constatait que nous ne parvenions toujours pas à le comprendre, il répétait les mêmes explications dans les différentes langues locales. De sorte que personne ne pouvait prétexter la barrière linguistique pour justifier le fait qu'il ne comprenait pas le cours car Maître faisait tout pour que tout le monde puisse assimiler son cours. En effet, Maître Léon fait partie des enseignants qu’aucun enfant ne peut oublier (Entretien avec Madame Manuella Ekomie, Libreville 21 août 2020).
Charles Nziengui, aujourd’hui enseignant en fin de carrière au département d’Histoire-Géographie à l’École Normale Supérieure de Libreville, nous confie qu’en Classe de CM2 au moment où il préparait son concours d’entrée en 6ème à Port-Gentil :
C’est grâce aux explications de monsieur Allogho que j’ai vaincu ma peur des mathématiques. Surtout au moment d’étudier les fractions, il avait une méthode très simple de nous expliquer la leçon. En classe, il amenait une mandarine ou une orange, il la fendait en tranche pour montrer ce que c’était une moitié, un quart, un tiers. Avec cette démonstration tout devenait simple. Et j’étais resté avec la conviction que si je l’avais eu comme enseignant tout le long de mon parcours primaire, j’aurais embrassé une série scientifique.
Mais grande gêne a été de l’avoir comme l’élève inspecteur dans ma classe à l’ENS. Sa grande humilité le faisait s’asseoir devant moi comme un apprenant, alors qu’au fond de moi, je me disais : qu’est-ce que je vais pouvoir lui apprendre ? Je prenais tout le soin au moment de procéder à la remédiation. Mais lui-même m’avait dit un jour qu’il était très fier de moi, de l’enseignant que j’étais devenu. Je lui ai offert mon livre publié aux éditions Presses Universitaires du Gabon à l’issue de ma thèse dont le titre est : Introduction à l’histoire de l’éducation au Gabon (Entretien avec Charles Nziengui Doukaga, Ecole Normale Supérieur de Libreville, le 22 août 2020).
- Note de bas de page 16 :
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Confère l'approche « béhavioriste » de l'enseignement qui reposait sur l'idée selon laquelle l'enseignement devrait consister à guider l'apprenant quant à son apprentissage, quant à la manière appropriée pour ce dernier d’acquérir les connaissances en relation avec ses propres attentes d'enseignant.
Ces témoignages sont plus qu'édifiants sur l'engagement sans faille de notre illustre enseignant au service de ses élèves. Tandis que la philosophie éducative de l'époque privilégiait la méthode répétitive où l’apprenant se contentait de réciter ou de « recracher », tel un automate, tout le cours du maître16, notre pédagogue lui, veillait à ce que son acte d'enseignement soit toujours suivi d’un apport pratique de la part des élèves. Il les formait pour les rendre autonomes et susciter chez eux la capacité à raisonner. Tôt, il a compris l'intérêt de l’approche participative, en associant les apprenants à la concrétisation du cours ; il tenait à mettre l’élève au centre de son apprentissage. Aux cours du maître Allogho Beka, l’élève avait le droit de donner son avis, de se tromper car il affirmait « on apprend en se trompant et on s'améliore au contact des autres ».
2-2 Un Enseignant père et confident
L'engagement de notre enseignant allait parfois au-delà de la sphère purement pédagogique où il redoublait de créativité, d'inventivité, d'imagination pour le plein épanouissement intellectuel de ses élèves. Ainsi, il lui arrivait d'aider certains de ses apprenants qui avaient des difficultés pour s'acquitter des frais de scolarité, qui ne pouvaient s'offrir des manuels, qui n’avaient pas de quoi se nourrir décemment.
- Note de bas de page 17 :
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Le Gabon est situé en plein cœur de la forêt équatoriale. Donc c’est un pays à très forte pluviométrie. Les saisons de pluies encadrent l’année scolaire de septembre à novembre, pour la petite saison, et de mars à juin pour la grande saison.
- Note de bas de page 18 :
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Ce fut le cas par exemple, lorsqu’il partit de Port-gentil pour Egnemelen. Il faut rajouter qu’il allait d’abord seul prendre possession des lieux. Mais, une fois installé, il revenait avec sa famille, c’est-à-dire sa femme et ses enfants ainsi que sa petite sœur et sa nièce qu’il avait besoin d’encadrer.
Il était pour ses élèves un enseignant, un père, un confident, l'homme providentiel qui savait accorder à tous la même attention, le même intérêt. Il a souvent été affecté dans les villages, c’est-à-dire des bourgades très éloignées des centres urbains, enclavées et inaccessibles en saison des pluies17. Dans ces cas-là, par des routes presque inexistantes, il n’hésitait pas à prendre ses bagages sur la tête, parcourir à pied parfois jusqu’à plus de 30 kilomètres, entre temps de pluie et de soleil, pour atteindre son nouveau lieu d’affectation18. Il considérait tous ses élèves comme sa progéniture professionnelle et sentait le devoir de faire réussir. En classe, il les valorisait afin qu’ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes. Le maître Allogho Beka réprouvait l’invective car, estimait-il, elle dévalorise l'élève et le pousse à se renfermer, à s'isoler des autres et du savoir. Il fallait, bien au contraire, rester à l’écoute de chacun, lui montrer qu'il est important, que ce qu'il dit a du sens. Il suscitait l’estime de soi car il voulait que ses élèves grandissent comme des êtres confiants et responsables.
2-3-Père et patriarche accomplis
En plus de pédagogue et de père, l'enseignant est également un éducateur et, comme tel, il devrait pouvoir transmettre à ses élèves, les valeurs et les préceptes qui leur seront utiles pour leur insertion professionnelle et sociale. Aussi, l'instruction ou éducation formalisée ne saurait-elle se départir de la transmission des valeurs qui fondent le corps social, le milieu dans lequel évolue l'apprenant. Pour cela, l'enseignement, l'éducation qu'on donne à un enfant doit correspondre aux pratiques socioculturelles fixées par son environnement sociologique. Ce que le maître Léon Allogho Beka comprenait aisément, étant lui-même fortement ancré dans sa tradition.
En effet, il était le dépositaire d'une sagesse inestimable héritée de ses ancêtres et, en tant qu'éducateur, il était soucieux de transmettre ces mêmes valeurs positives que renferme la tradition gabonaise, fang en particulier, aux générations d'élèves qu'il formera plus de trois décennies durant.
Monsieur l’Inspecteur Allogho Beka ne se contentait pas de transmettre des savoirs occidentalisés ; dans ses classes, il éduquait également aux valeurs africaines et socioculturelles gabonaises. Il savait que l'éducation est le socle qui permet de construire la jeunesse d’un pays, afin d’en faire des citoyens de demain responsables aguerris intellectuellement et moralement. Au nombre des valeurs chères à son mode d’éducation s’inscrivent notamment la culture du goût de l'effort, la détermination, l'abnégation, la probité, le respect dû aux anciens, l'altruisme, la tolérance, la paix…
De cette abnégation, il a acquis le rôle de sage et les jeunes générations aiment s’abreuver à sa source. Son corps de garde est souvent transformé en un arbre à palabres pour régler certains conflits familiaux et conjugaux selon les règles et normes de la société traditionnelle Fang et gabonaise.
2-3-1 Un fervent chrétien
Dans sa longue vie, il y a également un aspect qu’il convient de relever. En effet, Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka est un fervent catholique et, en tant que tel, il a su régler toute sa vie sociale suivant les préceptes du dogme catholique romain. C’est cette foi qui l’a incité à devenir Éducateur Chrétien, afin de transmettre aux plus jeunes toute la sagesse des Ecritures Saintes. Il est l’un des responsables de la Cathédrale Saint Charles Lwanga d’Oyem où il brille par une assiduité sans commune mesure, lors de toutes les manifestations religieuses qui y sont organisées (ordinations sacerdotales, administration des sacrements, processions de tous ordres). Il fait partie des « Grands de l’Eglise » et, à ce titre, il est membre du « Comité de sages » qui organise la discipline et l’ordre dans la marche de sa paroisse. Il est une sorte de guide spirituel, chargé de conseiller les jeunes lors de la préparation des mariages chrétiens. C’est pourquoi en cas de conflits conjugaux, les couples en difficultés viennent toujours chez Papa Léon trouver une solution à leur problème. Il assiste aux messes matinales de 6h ; il est le catéchiste de la communauté chrétienne de Derrière l’Hôpital son quartier à Oyem. Il guide les enfants et les accompagne dans la préparation aux différents sacrements. Les photographies ci-après nous présentent Papa Léon, dans le cadre de son engagement religieux :
Photos n° 6 et 7 : le chrétien Léon Allogho Beka, très investi dans les activités de sa congrégation. Ici au cours des processions pendant le Dimanche des Rameaux (éditions 2014 (photo n° 6) et 2016 (photo n° 7)
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka
- Note de bas de page 19 :
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Ministère de L’Education Nationale/Service Juridique et de Documentation : Loi d’orientation 16/66, portant sur l’organisation générale de l’Enseignement dans la République du Gabon, Libreville, 9 Août 1966.
En effet, comme le requiert opportunément la loi organique de l'éducation gabonaise de 196619, la mission de l'enseignant est de : « former et éduquer l'élite qui représente le futur d'une nation ». En même temps « l'école est le lieu où se posent les bases de l’identité personnelle ». Il revient donc à l'éducateur de donner à l’apprenant les clés utiles pour son épanouissement social et professionnel. Monsieur l’Inspecteur Allogho Beka, a également travaillé pour que ses élèves deviennent des modèles en tous points et ne se lassait jamais de leur prodiguer des conseils. Aux jeunes filles, il était devenu une sorte de conseiller matrimonial ; il les éduquait aux valeurs africaines et les préparait à leur futur rôle d’épouse et mère. Les préceptes qu'il transmettait aux jeunes hommes s’orientaient dans la perspective d’en faire des chefs de famille, des époux aimants et respectés par leurs enfants et épouses. A tous, il recommandait de briller par le professionnalisme, l’intégrité, la préservation de l’intérêt général et non égoïste quand ils auront à occuper des postes de responsabilité. Tout cela, dans l’optique d’en faire des acteurs du développement de leur pays, afin qu’ils promeuvent la méritocratie plutôt que le clanisme, l’esprit partisan, le népotisme, le favoritisme, qui empêchent tout progrès dans un État.
Ses cours constituaient d’intenses moments de socialisation des apprenants, qui deviendraient ainsi de bons citoyens, de bons leaders et dirigeants. Preuve s’il en fallait, nombre des élèves ayant rencontré Monsieur l’Inspecteur Allogho Beka durant leur formation scolaire sont aujourd'hui des cadres d'entreprises, des responsables administratifs, des médecins, des juristes, etc. Bref, des personnes épanouies professionnellement. Ils ont su s'approprier les conseils, les exhortations de leur enseignant et les appliquer dans leur vie privée et professionnelle.
Arlette Moussavou, élève en classe de CM2 en 1973 à l’École Publique Catholique de Mitzic-Centre dans la province du Woleu-Ntem en est la parfaite illustration car, aujourd'hui, c’est une mère de famille accomplie et épanouie tant sur le plan professionnel, familial, qu'affectif. Toute sa vie d’adulte jusqu’à la sexagénaire qu’elle est aujourd’hui, elle continue d’encenser pour la bonne formation qu’elle a reçu et les valeurs que le maître Léon Allogho Beka a sues inculquer à tous ses élèves.
Rodrigue Engonga, autre élève de l’illustre enseignant évoque en quoi la rencontre avec ce dernier impacta positivement sa vie :
J’étais encore en 3ème à l’époque (1993) et j’avais Monsieur comme professeur d’histoire-géographie. Je n’arrivais pas à me concentrer dans mes études car orphelin de père et de mère, je devais faire l’impossible pour me nourrir et prendre soin de moi et de mes cadets. La vie me semblait exécrable, injuste à telle enseigne que je décidai de mettre un terme à ma vie, en préconisant un suicide. N’eut été l’appui matériel et le soutien moral de Monsieur, j’aurais sombré et ne se serais pas devenu l’homme que je suis aujourd’hui (Entretien avec monsieur Rodrigue Engonga, Directeur des Ressources Humaines à La Poste d’Oyem, Quartier Akoakam, le 17 août 2020)
- Note de bas de page 20 :
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« Papa Léon » en langue fang. « Tata », « Tare » ou « Tsira » sont des appellations affectueuses qui s’utilisent généralement pour les hommes adultes et ceux du troisième âge qui se distinguent par leur sagesse et respectabilité.
Pendant ce récit, monsieur Rodrigue Engonga qui ne pouvait cacher son émotion laissa une larme glisser sur sa joue droite. A vrai dire, lors de notre enquête, nous avons pu recueillir plusieurs autres témoignages empreints d’émotion, de respect et de considération pour le vieil Inspecteur à la retraite. Certains n’hésitaient pas à nous demander s’il lui était arrivé malheur, car par tradition chez nous, ce genre d’hommage ne se rend qu’à des cérémonies funéraires. Mais, ces récits témoignent bien le sens de l’engagement et de toute une vie de dévotion. Même à l’église, il est devenu un père et, aujourd’hui dans son entourage vieux et jeunes l’appellent affectueusement « Tata Léon20 ».
Dans la sphère familiale, il est un sage, un patriarche. Papa Léon, confient des proches de Derrière l’Hôpital, son quartier à Oyem :
- Note de bas de page 21 :
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Emile Meye Beka est son cousin germain (fils d’une de ses tantes, petite sœur de son père), il a travaillé toute sa vie à Libreville. Quand il prend sa retraite, il décide de retourner à Oyem (ville natale) et Papa Léon lui cède une parcelle de terre dans son terrain. Emile va construire sa maison où il vit aujourd’hui avec toute sa famille.
Est un homme sage, vrai, intègre, un véritable chef de famille qui sait exprimer amour, reconnaissance quand il le faut et réprimander, sermonner, ramener à l’ordre lorsqu’il juge cela nécessaire. Comme avec ses élèves, en famille, il sait écouter, conseiller, exhorter quand surgissent des différends entre ses proches et tente toujours d’éviter les tensions en plaidant pour la conciliation entre les parties en froid. C’est un homme d’une droiture rare, singulière qui évite toute situation compromettante et amorale aujourd’hui (Entretien avec monsieur Emile Meye Beka21, son cousin germain et voisin immédiat, Quartier Derrière L’hôpital, Oyem le 17 août 2020)
Il a su transmettre à ses proches des valeurs telles que la préservation de l’intégrité familiale, la communication et le dialogue comme modes de prévention et de règlement des situations conflictuelles, l’altruisme, l’humilité, la bienveillance et le respect à l’égard des autres, qu’ils soient grands ou petits.
En effet, Papa Léon est un homme d’une culture traditionnelle indéniable ; par son expérience et sa longue vie, il est écouté et sollicité par tous. Ainsi, comme l’affirmait Amadou Hampate Ba « En Afrique, lorsqu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Les jeunes générations gagneraient à incarner la sagesse et la clairvoyance de Papa Léon, en termes de connaissances traditionnelles et du monde moderne et de ses implications parfois perverses.
Les photographies qui viennent illustrent fort à propos, le père et patriarche engagé qu’est Papa Léon pour les siens :
Photos n° 8 - 15, montrant Papa Léon très investi dans la vie familiale. On peut l’apercevoir ici (photos 8 et 9) comme orateur principal lors du mariage de son fils ainé M. Alex Beka Allogho le 02 décembre 2016.
Photos n° 10 : comme témoin du mariage civil de M. Alex Beka Allogho à la mairie du troisième arrondissement.
De gauche à droite Eveline Allogho Beka (mère du marié), M. Alex Beka Allogho (le marié), M. le maire, la mariée, M. Léon Allogho Beka (père du marié) et quelques-uns de ses petits-enfants.
Photos n° 11, prise à la sortie du mariage civil de M. Alex Beka Allogho à la mairie du troisième arrondissement ; M. l’inspecteur accompagné de ses sœurs cadettes. De droite à gauche Mme Marie Geneviève Oye Beka (première cadette), Mme Paulette Nyingone Beka (deuxième cadette, devant avec les tresses), Mme Véronique Solange Okome Beka (benjamine en chapeau rose) et M. l’inspecteur lui-même.
Photo n°12 : Papa Léon, au sortir de la soutenance du mémoire de Master de l’un de ses fils aînés, Obiang Ndong Wilfried Wenceslas à l’Université OMAR BONGO de Libreville, en Littératures et Cultures Africaines Contemporaines, du Département Des Littératures Africaines (juillet 2014). De la gauche vers la droite, nous avons deux membres du Jury, puis l’impétrant, au milieu et ses deux parents (la mère, et le père). Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka.
Photos n° 13, 14 et 15 montrant Papa Léon très investi dans la vie familiale. On peut l’apercevoir ici au mariage coutumier de son troisième fils en février 2020, en pleine joute oratoire en qualité d’orateur, côté homme (photo n° 13) ; à côté de ce dernier, le marié, qu’il présente à l’auguste assemblée (photo n° 14), avec sa bru à qui il prodigue quelques conseils pour pérenniser sa présence au sein de la famille Beka Allogho (photo n° 15).
Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka
En guise de conclusion
En définitive, Papa Léon aura consacré 39 années et 6 mois de sa vie à former les jeunes gabonais en qualité de pédagogue, éducateur et père en vue d’en faire des hommes épanouis dans leur vie sociale et professionnelle. Des hommes qui, partout où ils passeront, feront la fierté de l’école gabonaise et de Monsieur l’Inspecteur Léon Allogho Beka, un enseignant passionné, chevronné et investi, au service de ses élèves. Dans le domaine familial, il est ce patriarche écouté et respecté par tous. Il sert de trait d’union entre les jeunes générations et celle des ancêtres pour la pérennisation et la préservation des valeurs ancestrales africaines, gabonaises et fang par-dessus tout. Tout en prônant la double culture, il défend l’enracinement aux valeurs traditionnelles et l’authenticité africaine car, selon lui, c’est la voie qui permettrait la sauvegarde de l’identité culturelle gabonaise et africaine face au danger de l’assimilation de la culture pro-occidentale.
Au terme de sa carrière d’enseignant, Monsieur l’Inspecteur Allogho Beka Léon avoue avoir le sentiment du devoir accompli, d’une part parce qu’il a exercé le métier qu’il a aimé, et d’autre part, parce qu’il sait qu’il a transmis, de génération en génération, de véritables valeurs qui permettent à tout individu de mieux s’insérer dans la société.
Les dernières photographies de ce témoignage donnent un aperçu réel de notre illustre enseignant. Elle nous le présente dans son état actuel : un septuagénaire épanoui dans sa nouvelle vie de retraité, profitant allégrement de sa retraite, bénéficiant de l’affection des siens dans un petit coin du Gabon qui le laisse vivre en grande harmonie avec la nature. Tout au autour de sa concession, il a planté des arbres fruitiers comme les avocatiers, cocotiers, manguiers, atangatiers, palmiers à l’huile, bananiers et autres. Il y a d’un côté un verger dans lequel, on peut récolter des ananas, du manioc ou de la patate douce et d’un autre sur le bas-côté du ruisseau qui borde ses terres il y a un champ de cannes à sucre, tout ceci pour garantir la subsistance alimentaire de sa petite famille.
Comme pour se ressourcer, tous les matins il se baigne dans les eaux tranquilles d’Edzimidzimi, rivière qui longe le quartier Derrière L’Hôpital et qui fait le bonheur des riverains pour leurs différents usages domestiques. La concession du patriarche Ntangane be Sicolo, monsieur l’Inspecteur est située en amont, ce qui lui donne la possibilité de faire quelques plongeons de grand bonheur tous les matins avant d’aller à sa messe de 6 heures à l’église Saint Charles Lwanga. Ce contact avec la nature est devenu comme un rituel qu’il pratique pour maintenir sa bonne forme. Quelques dernières illustrations de cette vie paisible dans sa petite concession au quartier Derrière l’Hôpital à Oyem :
Photos n° 16, 17, 18 Le Vieux Papa Léon, Monsieur l’Inspecteur dans sa concession de Derrière l’Hôpital (le 9 septembre 2020).
La première (photo n° 16) nous présente cet enseignant de carrière retraité qui, en dépit du fait qu’il ne soit plus en exercice ne néglige pas pour autant de continuer de nourrir son esprit et de s’ouvrir à la culture, à l’actualité. Les seconde et troisième (photos n° 17 et 18) soulignent cet homme sage et serein qui a accepté son rôle de patriarche familial et qui l’assume pleinement. Source : Archives personnelles de L. Allogho Beka.
- Note de bas de page 22 :
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Cinq de ses enfants sont devenus enseignants (3 au cycle primaire et 2 au cycle secondaire). Par ailleurs, ce n’est pas le fruit d’un hasard si l’auteure de ce témoignage, qui s’est abreuvée dans cet univers depuis sa tendre enfance, a fini, elle aussi, par choisir simplement le métier d’enseignant. Elle est professeure au département d’espagnol à l’École Normale Supérieure de Libreville. Depuis le 14 février 2020, elle est la Directrice de l’Ecole Doctorale de Libreville.
L'œuvre de l’Inspecteur Pédagogique Léon Allogho Beka aura prospéré tant il a suscité des vocations22. Aujourd'hui, aussi bien dans la famille que parmi les jeunes générations des apprenants, nombreux sont celles et ceux qui ont embrassé la carrière enseignante juste parce qu’il a su leur montrer la voie. Il était attentionné, patient, dévoué, investi, bienveillant et appliqué. Il donnait de sa personne, de son temps, sans jamais se plaindre. Il savait écouter, conseiller, exhorter, féliciter car pour lui comme le prêtre pour ses fidèles, il était dévoué pour ses élèves. Aujourd’hui, au sein de sa famille, il est une véritable pierre précieuse dont personne ne veut se séparer.